■ La grève sectorielle concerne les collectivités locales, la santé ainsi que les techniciens de la fonction publique. ■ L'appel aux grèves lancé par les syndicats relevant de l'UMT ne cherche pas à mettre la pression sur le nouveau gouvernement. ■ L'UMT maintient son engagement de laisser le temps au nouveau gouvernement pour mettre en œuvre son programme, tout en restant vigilant. À peine un mois après sa nomination, le gouvernement d'Abdelilah Benkirane est face aux premiers défis. Il faut dire qu'avant même qu'il puisse agir et mettre en œuvre son programme, voilà que la tension est montée d'un cran dans les rues du fait de la pression exercée par les diplômés chômeurs qui multiplient depuis plusieurs jours, dans différentes villes du Royaume, les actions et les manifestations en vue de leur intégration directe dans la fonction publique. A cela s'ajoute, le Mouvement du 20 février, qui reste toujours actif dans différentes villes et les actes d'immolation ou tentatives d'immolation par le feu des manifestants. Cerise sur le gâteau, l'UMT se joint à la partie. En effet, plusieurs syndicats sectoriels relevant de l'UMT ont appelé, tout au long du mois de février, leurs adhérents à observer des grèves nationales. Pour rappel, le Secrétaire général du Parti Justice et Développement (PJD) et chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, a mené des consultations avec les directions de l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et l'Union marocaine du travail (UMT) au mois de décembre lors de l'élaboration du programme gouvernemental. À ce moment-là, l'UMT avait déclaré, par le biais de son secrétaire général, Miloudi Moukharik, que les syndicats allaient donner au nouveau gouvernement un délai de grâce, comme à l'accoutumée, le temps qu'il puisse prendre connaissance des dossiers et mettre ainsi le programme en application. Dès lors, est-ce que l'UMT déroge à la tradition avec l'appel aux grèves sectorielles ? Contacté par nos soins, Miloudi Moukharik a répondu : «Nous maintenons l'engagement que nous avons formulé lors de la constitution du gouvernement qui est de donner le temps à cette nouvelle équipe de préparer ces dossiers. Les grèves programmées pour le mois de février sont des grèves sectorielles : les collectivités locales, la santé, les techniciens de la fonction publique; Donc ce n'est pas l'organisation syndicale en tant qu'organisation qui a lancé ces grèves. Ces grèves ne doivent pas être interprétées au-delà de leur contexte sectoriel». Ceci dit, le secrétaire général de l'UMT rappelle qu'en cas de violation des droits des salariés, aussi bien dans le privé que dans le public, et à chaque fois qu'il y aura un déficit en matière de dialogue social avec les partenaires sociaux, une situation de crise sera générée, ce qui déclencherait des arrêts de travail. Ces grèves ont comme motif de revendication l'amélioration de la situation des conditions de travail et de vie des salariés. Dans le cas des collectivités locales, le Conseil national de la Fédération nationale des ouvriers et fonctionnaires des collectivités locales, relevant de l'UMT, a appelé l'ensemble des travailleurs à observer six jours de grève au cours de ce mois de février soit les 1er, 2, 9,10, 28 et 29 du mois courant. Ce syndicat dénonce l'absence des progrès relatifs aux revendications des ouvriers et fonctionnaires des collectivités locales. «Depuis 4, ans et malgré l'engagement des anciens gouvernements, les ouvriers et fonctionnaires des collectivités locales continuent de revendiquer un statut particulier aux collectivités, avec un régime indemnitaire particulier, ainsi qu'une grille de salaires adaptée au travail honorable qu'ils rendent aux collectivités locales sans pour autant avoir gain de cause. Leur situation est régie par le statut de la fonction publique qui est archaïque et qui date de1956», précise Miloudi Moukharik. Les professionnels de la santé ont également organisé une grève de deux jours les 1er et 2 février 2012. Les syndicalistes de la santé appellent le gouvernement à améliorer leurs conditions sociales et à garantir les libertés syndicales. Cependant, cette grève était programmée depuis bien longtemps, avant les dernières élections législatives et donc avant la constitution du nouveau gouvernement. Elle intervient en ce moment, pour respecter le calendrier des grèves des professionnels de la santé. Est-ce que ces mouvements visent à mettre la pression sur l'équipe de Abdelilah Benkirane qui vient à peine de démarrer ? «Nous ne comptons pas mettre la pression sur le gouvernement à travers cette grève sectorielle. Nous avons d'autres moyens de pression lorsque le gouvernement aura mis les choses en place et aura pris des décisions antipopulaires et anticlasse ouvrières», conclut le secrétaire général de l'UMT. ■