■ Le repli des perspectives de débouchés risque de maintenir en déficit les soldes extérieurs. ■ La crise de la dette contamine l'économie réelle (et réciproquement) ■ Les défaillances des entreprises en hausse, poussées par une dégradation des dettes souveraines. Au cours des dernières semaines, les débats se sont succédé sur les perspectives de l'économie mondiale avec pour toile de fond leur impact sur notre économie. Et pour cause : une conjoncture internationale qui laisse à désirer à cause des zones d'ombre qui continuent à subsister. Ajoutons à cela notre dépendance de l'Europe qui risque de nous coûter les yeux de la tête. Pour Euler Hermes, la croissance mondiale va osciller autour de 2,7% en 2012, contre 3% en 2011 et 4,3% en 2010. Dans ce sillage, la première puissance mondiale, les Etats-Unis, aurait une croissance inférieure à 2% en 2012 contre 1,7% en 2011 mais à condition qu'il n'y ait pas de nouvelles mesures d'austérité et que la consommation reste résiliente. La zone Euro à son tour aurait un taux de croissance entre 0 et 0,5% en 2012, contre 1,6% en 2011. Mais encore faut-il qu'il n'y ait pas de récession sur l'année et pas de risque de sortie de la zone Euro d'un pays membre. La Grèce pourrait en être celui-là. La récession mondiale est évitée de justesse, mais cela n'empêche pas de dire que certains pays, principalement européens, enregistrent un à plusieurs trimestres de contraction ou de croissance nulle sur 2012. «Les conséquences de cet environnement économique ont un impact sur l'évolution du risque pays», explique J. Cristophe... Il existe en effet quatre catégories de risque pays : faible, modéré, significatif et élevé. Un risque qui dépend fortement de la stabilisation du système politique et de la résilience de l'économie d'un pays à un impact financier. Sur le plan mondial, 16 pays sur 134 ont vu leurs notes dégradées. Or, il est toujours utile de rappeler qu'une dégradation de la note souveraine impacte fortement le coût de financement d'un Etat et donc la hausse des taux d'intérêt. De cette manière, l'Etat en question se trouve dans un cercle vicieux parce qu'il est obligé de s'endetter à un coût très important. Ce qui, par ricochet, réduit sa capacité d'endettement. L'autre point important auquel s'attelle Euler Hermes est la défaillance des entreprises. Depuis quatre ans, les risques auxquels sont confrontées les unités de production à travers le monde sont assez significatifs et n'ont pas tendance à baisser. «Ceci se traduit par une défaillance significative des entreprises à travers le monde», conclut J. Cristophe. Aussi, les perspectives dégradées dans la zone Euro ont un impact sur le risque de défaillance des entreprises et sur les valeurs boursières qui baissent à cause de l'incertitude mondiale. Zone Euro : un épicentre de crise aux multiples facettes La révision des perspectives de la zone Euro à la baisse impacterait le monde entier à cause de sa dominance. En effet, les chiffres relatifs aux liens commerciaux de l'Europe avec le reste du monde mettent en évidence la dépendance commerciale via la zone Euro (voir tableau). Une dépendance également financière avec les liens bancaires entre pays avancés. Cette imbrication commerciale et financière avec une zone Euro comme point névralgique entraîne des effets domino importants. L'autre écueil est la crise de la dette. La détérioration des finances publiques en Europe, couplée à celle de la dette privée, alimente le manque de confiance dans les milieux des affaires qui se traduit par une baisse des carnets de commandes. «Tout ceci risque de conduire à une politique d'austérité», annonce T. Benzakour d'E. Hermes. Globalement, les gouvernements des principaux pays de l'OCDE tentent de respecter leurs engagements en terme d'assainissement des finances publiques et affaiblissent leurs demandes domestiques. Tout ceci n'est pas sans incidence sur notre économie dont l'Europe est son principal partenaire. Pour ce qui est du Maroc, Euler Hermes estime la croissance marocaine aux alentours de 3,5% toutes choses égales par ailleurs. Un taux qui demeure insuffisant pour résorber le chômage. Ce taux est la résultante d'une croissance extrêmement faible en Europe, d'une campagne agricole bonne mais pas exceptionnelle. Ajoutons à cela le fait que la demande intérieure ne puisse prendre le relais pour une quatrième année consécutive à cause de la morosité du contexte. Aussi, il est important de savoir que les crédits à l'économie n'ont progressé que de 6% contre 20%. Face à un commerce extérieur en manque de débouchés et de compétitivité, le gouvernement marocain est appelé à faire des choix et à déployer des efforts sur tout ce qui est fiscalité ; coût du travail, environnement des affaires…. ■