Contexte délicat ou pas, les banques retombent toujours sur leurs pieds. Deux grandes tendances se confirment à la lecture des résultats trimestriels des banques au Maroc : l'Afrique pèse de plus en plus dans les comptes d'exploitation et les marges sur commission progressent à un rythme soutenu.
Dans un contexte de taux bas qui dure depuis maintenant plusieurs dizaines de mois, mettant sous pression la marge d'intermédiation, et en attendant une confirmation d'une reprise sur la durée du crédit, les banques marocaines vont chercher la croissance là où elle se trouve : en Afrique, pour celles qui y sont implantées, mais aussi au niveau des commissions. Il est remarquable de constater en effet, à la lumière des indicateurs d'activités relatifs au troisième trimestre 2017, que les revenus issus des commissions accélèrent leur croissance. A fin septembre 2017, 4 banques sur les 5 ayant communiqué sur leurs réalisations affichent une hausse à deux chiffres de leur marge sur commission. En comptes consolidés, BMCE Bank of Africa et Attijariwafa bank affichent une progression respectivement de 13% et de 7% de leur marge sur commission. En social, la marge sur commission de la Banque Centrale Populaire (BCP) progresse sur la même période de 17%. Le constat est le même pour le Crédit du Maroc et CIH Bank, dont les commissions s'apprécient respectivement de 10,1% et 11%. «Rien de plus normal, nous explique un analyste. Pour contrer la baisse des taux qui impacte négativement la marge d'intermédiation nette, princi- pale source de revenu pour le PNB, les banques agissent sur les commissions». Comment ? «Soit en faisant plus de volumes, soit en augmentant légèrement leurs commissions», répond notre interlocuteur. Le foisonnement de nouveaux produits et services bancaires (monétique, digital, etc.) alimente également cette hausse.
L'Afrique booste les revenus
Outre les commissions, les activités africaines des banques marocaines constituent également un solide relais de croissance. C'est le cas en particulier pour BMCE BoA, qui n'a peut-être jamais aussi bien porté son nom de Bank of Africa. Le poids de l'international et en particulier celui des activités panafricaines pèse de plus en plus lourd dans le résultat net consolidé du groupe. Ainsi, à fin septembre 2017, et selon les chiffres trimestriels que vient de publier la banque, près de 45% des bénéfices ont été réalisés hors du Maroc, dont une grande partie sur le continent africain où le groupe est présent dans une vingtaine de pays, à travers ses filiales Bank of Africa Group, Banque de développement du Mali (BDM) et La Congolaise de banque. La performance est d'autant plus significative que le périmètre de consolidation est demeuré inchangé cette année. Au rythme où vont les choses, la banque de Othman Benjelloun devrait bientôt réaliser plus de la moitié de ses bénéfices consolidés à l'international. Les deux autres banques marocaines à vocation panafricaine, à savoir Attijariwafa bank (AWB) et la Banque Centrale Populaire (BCP), ne sont pas en reste. La banque de détail à l'international (BDI) du groupe Attijariwafa bank, qui regroupe son réseau de banques africaines, affiche une dynamique soutenue. A fin septembre 2017, son RNPG a cru de 47,7% (14,1% à péri- mètre constant). Rappelons que le changement de périmètre concerne essentiellement Attijari Egypt, filiale intégrée au périmètre en mai 2017. A fin juin 2017, les filiales africaines d'AWB représentent déjà plus du quart du RNPG du groupe (26%). Avec Attijari Egypt, qui enregistre d'ailleurs en 2017 une très nette croissance de ses indicateurs, cette part est susceptible de grimper encore plus dans les années à venir. Au niveau de la BCP, la Banque internationale, qui chapeaute ses filiales dans 13 pays d'Afrique, notamment à travers Banque Atlantique dont le réseau couvre 10 pays du continent, enregistre une hausse à deux chiffres de son PNB. A fin septembre, le PNB de la Banque à l'international a ainsi progressé de 13% selon les chiffres publiés par la banque. La part du PNB consolidé issue des filiales africaines est de 13,5% à fin juin 2017. La banque n'a pas communiqué sur les bénéfices issus de ses filiales africaines. Toujours est-il que cette part est amenée à progresser. En effet, les opportunités sont toujours à l'étude pour étendre la présence continentale de la Banque au cheval, notamment en Afrique centrale et anglophone, comme l'a souligné Kamal Mokdad, à la tête des activités internationales du groupe, récemment lors d'un point-presse. ■