Au moment où le logement social commence à se développer, les promoteurs immobiliers passent à la caisse. Les exonérations fiscales en matière de logement social sont nécessaires tant que le déficit dun million et demi de logements nest pas comblé. Finances News Hebdo : Dans le projet de Loi de Finances 2008, le législateur a mis fin à lexonération de la TVA dont bénéficiaient les promoteurs immobiliers dans la réalisation des programmes sociaux. Quelles seront, daprès vous, les conséquences dune telle mesure ? Rachid Lazrak : Effectivement, daprès les premières informations concernant les mesures fiscales que contiendrait le projet de Loi de Finances pour lannée budgétaire 2008, il semblerait que les promoteurs immobiliers ne vont plus bénéficier des exonérations fiscales prévues par les articles 6 et 31 du CGI pour la réalisation des logements sociaux. Ce serait une mesure grave de cette Loi de Finances 2008 car. au moment où les promoteurs immobiliers sattendaient à une réduction du nombre de logements exigé de 2.500 à 1.000 et même moins, selon les régions, et une augmentation de la valeur de 200.000 à 300.000 DH par unité de logement, cest lensemble des exonérations qui pourrait être supprimé. F. N. H. : Ne pensez-vous pas que cette imposition est en contradiction avec lInitiative de Développement Humain lancée par le Souverain ? R. L. : Lune des conséquences importantes serait, à mon avis, un renchérissement du prix du logement économique, à un moment où lon constate une flambée du prix des terrains et surtout leur raréfaction. Ces deux phénomènes, en plus de la suppression des avantages fiscaux ne peut quengendrer une augmentation du prix des logements économiques. La suppression des avantages fiscaux, accordés aux promoteurs immobiliers pour la réalisation des logements économiques nest pas en phase avec lINDH et est surtout en contradiction avec lobjectif du nouveau gouvernement déradiquer les bidonvilles à lhorizon 2012. F. N. H. : A quelle logique obéit notre système fiscal qui décide dimposer un secteur au moment de son expansion ? R. L. : En prenant en considération cette mesure concernant lhabitation économique, il me semble que le système fiscal marocain continue dobéir à une logique comptable de limpôt. En effet, au moment où dans dautres pays cest le gouvernement qui plaide pour le maintien des exonérations fiscales susceptibles de contribuer au développement des secteurs vitaux en matière économique et social, chez nous, lobjectif que semble vouloir atteindre le gouvernement est la suppression des exonérations fiscales, même lorsque ces exonérations sont nécessaires pour développer tel ou tel secteur. F. N. H. : Quelle est votre appréciation sur les mesures fiscales contenues dans le Budget 2008 ? R. L. : A mon avis, et je ne fais que répéter ce que jai toujours dit : lobjectif ne doit pas être la suppression systématique des exonérations fiscales mais leur déploiement dun secteur, où ces exonérations ont atteint leur objectif, vers un secteur qui a besoin de ces exonérations pour se développer. Ainsi, je continue à dire que les exonérations fiscales en matière de logement économique sont nécessaires tant que le déficit dun million et demi de logements nest pas comblé.