La transparence dans les systèmes de gouvernement dentreprise est de plus en plus pointée du doigt. Une table ronde, ayant pour thème le « rôle de lentreprise dans la promotion de la transparence », a été organisée par lAssociation Marocaine de lutte contre la corruption Transparency Maroc. En présence dune pléiade de représentants des associations professionnelles, le débat sur la corruption a été entamé avec la nécessaire ratification du Maroc de la convention des Nations-Unies contre la corruption, adoptée le 31 octobre 2003. En effet, la ratification dune telle convention ainsi que le nécessaire travail dadaptation peuvent aider amplement dans la lutte contre ce fléau. Selon Azzeddine Akesbi, Secrétaire général de Transparency Maroc, « la bonne gouvernance pourrait faire gagner 1% du PIB national ». Les enquêtes dintégrité, récemment effectuées par Transparency Maroc, de même que la multitude des affaires révélées par la presse, montrent quau Maroc la corruption touche tous les secteurs. « La dégradation du classement du Maroc de la 52ème place à la 77ème, estime A. Akesbi, est une chose préoccupante. Ceci nécessite la mobilisation de tous les acteurs ». Daprès une enquête réalisée sur un échantillon de 94.000 ménages et 400 entreprises, les résultats ont été alarmants. 94% des chefs dentreprise reconnaissent que le blocage de notre économie est dû en grande partie à la corruption. Les pays occidentaux pointés du doigt Kamal Mesbahi, universitaire et membre de Transparency Maroc, a culpabilisé les pays occidentaux pour la consolidation de ce phénomène. « Après le choc pétrolier, les pays occidentaux, avait-il lancé, ont encouragé activement la corruption pour garantir leurs intérêts ». Lannée dernière, plus de 1.000 milliards de dollars ont servi de pots-de-vin dans le monde. Laspect international de la corruption ne doit pas cependant nous faire perdre de vue lessentiel, à savoir que larsenal juridique répressif nest pas la baguette magique qui pourrait neutraliser ce fléau et en atténuer les effets ». « En Afrique, les chiffres rapportés par lOUA parlent deux-mêmes. La corruption réussit à détourner annuellement plus de 150 milliards de dollars des caisses publiques vers « des poches privées », martèle-t-il. Ceci diminue sérieusement la cadence dans le continent le plus marginalisé du globe. B. Rachdi, le représentant de lAPEBI, a déclaré quant à lui que « la mission dune association professionnelle ne se limite plus à la défense de ses membres les plus influents. Par le passé elle jouait cette mission. Aujourdhui lAssociation professionnelle a la vocation dêtre un moteur de croissance et de transparence de lentreprise ». Il faut remarquer que la connaissance des mécanismes de la corruption est essentielle. La corruption, étant longtemps considérée comme un moyen destiné à « huiler » les rouages inaccessibles, peut être combattue par la culture de la responsabilité qui pourrait savérer une forte alternative dans le domaine. Corrompus malgré le serment Labus de fonction, lenrichissement illicite, le trafic dinfluence sont autant de délits commis par des agents publics assermentés et qui aspiraient confiance. La corruption judiciaire fait perdre aussi la confiance aux investisseurs. LOCDE, qui exerce actuellement de fortes pressions pour instaurer les mécanismes de transparence des entreprises, insiste sur la nécessaire prise en compte des pouvoirs publics des nouvelles données de la culture dentreprise. M. Soual, représentant la CGEM lors de cette conférence, a insisté sur le fait que « les exemples récents nincitent pas à loptimisme. Cinq principes, émanant de lOCDE, sont en train dêtre généralisés actuellement ». il faudrait donc absolument « délimiter le pouvoir au sein de lentreprise et influencer lespace discrétionnaire des attributions qui lui sont reconnues ». La notion de gouvernement dentreprise paraît donc être lun des piliers du programme « théorique » proposé par Transparency Maroc. La limitation du nombre excessif des intervenants et la « reconnaissance » des assemblées générales dactionnaires limiteraient les chances dun abus de pouvoir et donc dune corruption « attendue ». La convention de New York, que le Maroc na pas encore ratifiée, impose, de son côté, lobligation de pénaliser les actes de corruption. Elle incite aussi les autorités nationales à développer les institutions chargées de prévenir et poursuivre de tels actes. La lutte contre limpunité et lexigence de rendre des comptes figurent aussi parmi les axes prioritaires de la convention internationale de 2003. Ceci serait en mesure de marginaliser ce fléau et lui faire perdre sa place centrale quil joue dans le blocage actuel du système économique national.