La structure des exportations marocaines au cours de la dernière décennie continue de diverger de la demande mondiale. Les récents plans de développement sectoriels se sont traduits par une base productive plus large de l'économie domestique. Au cours de la dernière décennie, les échanges dans le monde ont augmenté de 8% et évolué de 10% dans les pays émergents. Au Maroc, la progression des exportations marocaines s'est limitée à 7% soulignant un manque de dynamisme. A noter que la part de marché du Maroc dans le monde a diminué tendanciellement depuis 1995. A l'exception d'une année 2009 marquée par la crise, la part des exportations dans le PIB demeure stagnante évoluant entre 17 et 21%. A titre comparatif, les pays émergents enregistrent un ratio compris entre 29 et 35%. Les récents plans de développement sectoriels se sont traduits par une base productive plus large de l'économie domestique. Reste que la croissance des exportations marocaines s'est essentiellement basée sur des produits à faible valeur ajoutée. D'après les analystes de l'ODE, la structure des exportations marocaines diverge de la demande mondiale : en témoigne l'indice de diversification qui s'élève à 0,694. Les produits phosphatés et le textile ne représentent respectivement que 1% et 3% de l'offre mondiale. En revanche, dans la catégorie des biens chimiques, représentée principalement par les produits médicinaux et pharmaceutiques (3,5%), les produits chimiques organiques (2,3%) et les matières plastiques (2,3%), le Maroc est quasi inexistant. De même, les biens d'équipement (machines et matériel de transport et appareils électriques), ainsi que les biens de consommation (télécommunications et matériel informatique et bureautique) regorgent d'opportunités au niveau international, tout en encourageant la R&D, source d'innovation et de compétitivité. D'où l'intérêt de faire converger l'offre exportable marocaine vers les produits dynamiques du commerce international. Les analystes de l'ODE répartissent les 24 principaux produits exportés en quatre groupes, conformément à l'évolution tendancielle sur la décennie. Les produits moteurs évoluent à un rythme nettement supérieur à celui des exportations totales du pays. Même s'ils ont affiché un taux de croissance annuel moyen (TCAM) de plus de 18%, ces produits, au nombre de 10, ne représentent que 25,6% des exportations totales du Maroc. Ils sont, d'une part, répartis entre les produits pour lesquels le Royaume dispose d'un avantage comparatif naturel (engrais, légumes...) et, d'autre part, les biens pour lesquels il a a su développer un avantage comparatif (automobile, fils et câbles...). Les produits performants enregistrent des croissances légèrement supérieures à celles des exportations totales. Ce groupe, dont le TCAM s'est établi à 9%, est dominé par les produits phosphatés et agroalimentaires. Les produits sous-performants enregistrent une évolution stagnante, 1,5%. Représentant près de 20% du total des exportations, ces biens sont essentiellement concentrés sur le textile, secteur en difficulté, et plus paradoxalement sur les composants électroniques, produit présenté comme relais de croissance potentiel de l'économie. Le manque de compétitivité, en raison d'une offre humaine insuffisante et d'un climat des affaires perfectibles, y est patent. Les produits déclinants accusent un repli de 3,2%. Les articles de bonneterie souffrent toujours de la concurrence sur les marchés étrangers, tandis que les crustacés sont pénalisés par une matière première en déclin. A travers son analyse, l'ODE met en évidence que le Maroc n'est performant que dans les biens primaires, les produits de base transformés (agroalimentaire) et les biens manufacturés à faible valeur (habillement, bonneterie et chaussure), tandis que les désavantages comparatifs se concentrent dans les secteurs plus intensifs en capital et en technologie (produits pharmaceutiques, peintures et plastiques, matériel de télécommunications et informatique, matériel de transport...) ou dans certaines branches agroalimentaires (lait, fromage, céréales, viandes...). Toutefois, le bilan n'est pas si morose puisque le Royaume a su lancer deux industries à valeur ajoutée et dont le comportement est plus que positif. L'industrie automobile et la production de câblage représentent ainsi un premier succès sur le chemin de la compétitivité. «Afin d'installer durablement une offre exportable compétitive, le Royaume a basé son modèle économique sur la diversification et le développement d'une nouvelle configuration de secteurs à forte valeur ajoutée - automobile, électrique, électronique, aéronautique, offshoring, pharmacie, énergies renouvelables, métallurgie ou chimie», annonce A. Maazouz, ministre du Commerce extérieur. Selon le ministre, ce n'est pas un hasard si notre balance commerciale s'est redressée au cours de l'année 2010 et si la cartographie des exportations connaît d'importants changements. Mais cela ne doit pas occulter l'effet des phosphates et de ses dérivés qui ont affiché une hausse de 60% par rapport à 2009.