La notion de revenu global suscite des interrogations. Elle intègre le salaire de base, mais également l'ensemble des avantages et prestations sociaux. L'augmentation des salaires serait dangereuse pour la compétitivité des entreprises. Concernant la Charte de l'emploi, la CGEM propose un pacte qui propose des mesures nouvelles, et ce avec de vrais contrats de travail. Jamal Belahrach, président de la Commission emploi, nous éclaire sur la position du patronat concernant le SMIG. - Finances News Hebdo : Est-ce que le relèvement du SMIG est à l'ordre du jour des discussions que va mener la CGEM avec les syndicats et le gouvernement ? - Jamal Belahrach : A l'heure actuelle, il n'y a aucun agenda fixé, en terme de date, ni de points à aborder. - F. N. H. : Quelle est la position du patronat à ce sujet ? - J. B. : Elle est simple et claire. Il faut mettre en débat la notion de revenu global qui intègre le salaire de base, mais également l'ensemble des avantages et prestations sociaux dont pourrait bénéficier le salarié. Par conséquent, cela pose la question du modèle social que nous voulons mettre en place dans notre pays. Dans la situation actuelle de notre pays qui fait partie d'une économie mondiale, toucher à la compétitivité à travers une augmentation directe du salaire serait dangereux pour nos entreprises et, par conséquent, pour nos emplois futurs. Ce que demandent les syndicats, c'est un pouvoir d'achat décent pour les gens et là on est totalement d'accord. C'est pourquoi c'est un débat qu'il faut lancer aujourd'hui sur le modèle social. - F. N. H. : Est-ce que vous défendez l'idée d'un SMIG régional ou bien sectoriel ? - J. B. : Je suis pour des revenus décents qui permettent de vivre dans des conditions honorables. La vie au Maroc est devenue chère dans toutes les régions. A l'heure où l'on va vers une régionalisation pour limiter les écarts, il ne serait pas pertinent d'en créer à travers les salaires. Il faut développer les conventions collectives et, encore une fois, définir un modèle social adapté à l'évolution de notre pays. - F. N. H. : Les syndicats prônent un SMIG à 3.500 DH pour assurer un pouvoir d'achat correct aux salariés à bas revenu ; ce réajustement ne risque-t-il pas de pénaliser la compétitivité des entreprises marocaines ? - J. B. : Les syndicats ont pour rôle que les salariés aient des conditions de travail décentes. Le pourvoir d'achat fait partie de leurs revendications, et ce dans tous les pays du monde. Au Maroc, j'insiste sur le pouvoir d'achat, ils ont raison de poser le problème mais la solution n'est pas l'augmentation directe du salaire, sinon c'est la compétitivité de nos entreprises que l'on met en danger. Je rappelle à cet égard que c'est dans l'informel qu'il y a un travail à faire pour que les salariés soient payés au Smig actuel, et que ces entreprises payent leurs impôts afin de limiter la pression sur toutes les entreprises qui s'en acquitent. - F. N. H. : Est-ce qu'il est envisagé des propositions concernant le SMIG pour la Charte nationale de l'emploi ? - J. B. : Non, mais nous proposons un pacte qui suggère des mesures nouvelles, et ce avec de vrais contrats de travail. - F. N. H. : Quelles sont les mesures préconisées par la CGEM pour lutter contre le sous-emploi et l'emploi informel ? - J. B. : L'ensemble des adhérents de la CGEM ne sont pas dans cette configuration. Je pense qu'il appartient à l'Etat et aux institutions qui suivent cette partie du pan économique de notre pays, d'imaginer des solutions nouvelles. Dans la dernière Loi de Finances nous avons proposé de réduire l'IS pour encourager ces entreprises à entrer dans le formel. Mais, c'est un combat de longue haleine.