* Dans un marché caractérisé par un déséquilibre structurel entre l'offre et la demande, les taux poursuivent leur trend baissier. * Le risque d'une hausse des taux est peu probable étant donné la surliquidité structurelle et un Trésor qui affiche une bonne santé financière. Les taux sur le marché obligataire ont connu une baisse hors pair ces derniers temps. En observant de près la courbe des taux, l'on remarque un aplatissement manifeste, notamment sur les maturités longues. Ce sont elles, en effet, qui ont le plus subi l'effet de la baisse. C'est ainsi qu'entre 2001 et fin novembre 2006 les taux de la maturité 10 ans, à titre indicatif, sont passés de 6,79% à 3,60%, soit une chute de plus de 3 points. Les taux de 15 ans sont, quant à eux, passés de 7,15% à 3,79%, tandis que les taux de la maturité 20 ans ont connu une baisse de 3,75 points passant de 7,70% à 3,95% ! Depuis 10 ans, les taux baissent continuellement, à tel point que les analystes et opérateurs du marché sont aujourd'hui convaincus que les dits taux ne sont plus susceptibles de remonter. Ils pensent que le risque de voir les taux d'intérêt remonter est vraiment très faible. D'où vient cette certitude ? Et comment peut-on expliquer cette baisse vertigineuse des taux sur le marché ? Pour expliquer cette tendance baissière, il faut observer de près le comportement du Trésor, principal animateur du marché, et l'évolution de la liquidité du système bancaire. Depuis le lancement des privatisations, et surtout depuis l'encaissement du chèque de la première licence GSM d'un montant de 11 milliards de DH accordée à Méditel en 1999, le marché est souvent en situation de surliquidité, maintenue par l'amélioration des avoirs extérieurs nets du pays, eux-mêmes alimentés par les transferts des Marocains résidant à l'étranger et des recettes de voyages en constante progression. Le Trésor, manifestement en bonne santé, ne fait que rarement appel au marché pour financer ses besoins et privilégie désormais le recours aux recettes ordinaires qui, d'ailleurs, ont connu ces derniers temps une réelle rationalisation. L'absence du Trésor sur le marché obligataire trouve donc son origine dans son aisance. Les recettes extraordinaires auxquelles s'ajoutent celles liées à la privatisation (Somathes et 20% de la Régie des Tabacs) encaissées au cours de ce dernier trimestre de l'année 2006, ont permis au Trésor de faire face à ses engagements et ont accentué, de fait, l'aplatissement de la courbe des taux. Cet état de fait semble perdurer et même s'accentuer. La preuve en est le montant des levées du Trésor durant les neufs premiers mois de l'année en cours : 28 milliards de DH contre 53 milliards en 2005. Et seuls 11% de la demande des investisseurs ont été satisfaits sur la même période. Cela dénote un réel déséquilibre structurel entre l'offre et la demande des titres de créances. Conséquence directe : une baisse des taux. «Celle-ci a eu un effet d'aplatissement poussant le profil de la courbe à des bas historiques jamais atteints auparavant», nous disent les analystes du marché, avant de poursuivre qu'«un éventuel durcissement monétaire de la part de la Banque centrale, suite à l'apparition des risques inflationnistes, pourrait inverser la tendance sur les taux des maturités courtes, et peut même impacter le reste de la courbe».