* Avec linitiative Tamwil, cest la première fois que la société civile participe avec le gouvernement et les banques marocaines à apporter des solutions de financement aux artisans et commerçants. q Les micro-crédits octroyés par les associations de micro-crédit pourront atteindre 50.000 DH par prêt à lhorizon 2009. * Au-delà de 50.000 DH, les banques, décidées à jouer un rôle citoyen, prennent le relais avec une grande souplesse dans les garanties. * Lexpérience du micro-crédit au Maroc a été une réussite totale, même sur le plan international puisque le Maroc a obtenu le premier prix mondial du micro-crédit. Finances News Hebdo : Lors de la journée dInitiatives lancée au bénéfice des artisans et commerçants, deux conventions de financement ont été signées entre les banques et les associations de micro-crédit, dun côté, et le gouvernement, de lautre. Sachant quil existe déjà des produits de micro-financement destinés à cette cible, quelle est la valeur ajoutée de ces conventions ? Noureddine Ayouch : Cest quelque chose de tout à fait nouveau : on fait appel aux associations de micro-crédit pour participer, dabord à loctroi de crédits aux artisans et aux commerçants et, aussi, assurer ces cibles à travers la sécurité maladie. Ceci est très important parce que cest la première fois que la société civile participe avec le gouvernement pour essayer dapporter des solutions aux problèmes que rencontrent certaines couches de la population. F. N. H. : Quels sont les apports de ces conventions? N. A. : Les crédits qui seront consentis cette année aux artisans et aux commerçants se chiffrent à 20.000 DH et à 30.000 DH pour lannée prochaine. Ils atteindront 50.000 DH en 2009. Les crédits inférieurs à 50.000 DH seront octroyés par les associations de micro-crédit qui touchent une large frange de la population qui ne prétend pas aux crédits bancaires parce quelle na pas les garanties nécessaires pour ce faire. Les crédits supérieurs à 50.000 DH vont être octroyés par les banques nationales signataires de la convention avec le gouvernement. F. N. H. : Quest-ce qui justifie ce revirement de tendance de la part des banques, en général frileuses lorsquil sagit de prêter aux personnes nayant pas de garanties suffisantes ? N. A. : Les banques marocaines sinscrivent parfaitement dans ce programme gouvernemental et approuvent la politique du gouvernement marocain qui veut aller vers les couches de la population qui navaient pas accès aux crédits bancaires, et qui aujourdhui, grâce aux réformes qui ont été apportées par le Premier ministre et le gouvernement, vont avoir accès aux services bancaires et aux associations de micro-crédit. Donc, les banques, qui étaient frileuses à lépoque, ne le sont plus maintenant parce quelles veulent également jouer un rôle citoyen dans ce pays. Savez-vous que les banques commencent à donner des crédits très importants à taux corrects à toutes les associations de micro-crédit performantes ? Les banques marocaines ont compris que pour lutter contre le chômage, la pauvreté, pour préparer de futurs clients solvables, il faut quelles favorisent le micro-crédit au Maroc. Parce que le micro-crédit accorde des crédits à des personnes nayant pas de garanties et qui ne peuvent pas accéder aux services bancaires. Nous les formons, nous leur donnons un crédit qui peut aller jusquà 50.000 DH. Par la suite, quand elles fondent leurs entreprises et deviennent plus solvables, alors là, elles font appel au crédit bancaire. Cest dans ce sens que le gouvernement marocain a pris cette initiative avec les banques marocaines. F. N. H. : La réussite de lexpérience des associations de micro-crédit et la rigueur dont ont fait preuve les populations cibles en remboursant leurs prêts, ny sont-elles pas pour quelque chose ? N. A. : Vous avez tout à fait raison. Lexpérience du micro-crédit au Maroc est tellement réussie que même sur le plan international, le Maroc a obtenu le premier prix mondial de micro-crédit, et les banques ont compris que les associations de micro-crédits, du moins certaines dentre elles, sont solvables et atteignent des résultats reconnus sur les plans national et international. Donc, elles ont commencé à travailler avec les associations de micro-crédit et, ensemble, nous travaillons sur beaucoup dobjectifs. De même que le gouvernement a entrepris dimportants projets tels que Moukawalati pour inciter les jeunes diplômés à créer leurs petites entreprises ou sinsérer dans le monde du travail. Le gouvernement va encore plus loin en sadressant à des gens qui nont pas de diplômes et qui étaient des laissés-pour-compte, oubliés par le développement. Il veut maintenant les intégrer dans le processus de développement. Je crois quil faut saluer cette initiative qui est une première au niveau du Maroc, et peut-être même sur le plan international, car nous avons, le gouvernement marocain, les banques, les sociétés dassurance et en même temps les associations, travaillé la main dans la main pour éradiquer la pauvreté, encourager les gens à acquérir des habitations correctes, via le Fogarim, et également aider cette population à sassurer. F. N. H. : Cela reviendra-t-il à dire que les associations de micro-crédit peuvent disposer auprès des banques dautant dargent quelles en auront besoin pour assurer le financement aux couches défavorisées ? N. A. : Il est vrai que les besoins en financement sont énormes. Avant, on ne trouvait pas ces financements. Au Maroc, il y avait le Fonds Hassan II qui octroyait 100.000 DH de subventions, récemment 200.000 DH pour le développement du micro-crédit au Maroc dans le cadre de lINDH. Et bien avant, il y avait surtout les banques étrangères et les organismes internationaux qui assuraient le financement; mais il faut reconnaître que depuis quatre ou cinq ans, les banques marocaines commencent à manifester une attention particulière au micro-crédit et accordent des crédits très importants à taux préférentiels aux associations sérieuses. Nous, à Zakoura, travaillons avec plusieurs banques qui nous accordent des montants très importants. Ce qui est nouveau, cest que pour la première fois, des banques filiales de banques internationales sintéressent beaucoup aux associations de micro-crédit et veulent nous encourager parce que nous sommes devenus des clients solvables audités et faisons lobjet de rating. Ceci prouve que le micro-crédit a acquis ses lettres de noblesse parce que SM le Roi et le gouvernement nous encouragent. De même que les banques marocaines, dont je tiens à saluer le courage et en même temps la générosité parce que certaines dentre elles ont accordé des crédits à taux zéro quand nous nous sommes lancés à Zakoura (la Société Générale Marocaine de Banques, la BCM devenue Attijariwafa bank, la BMCE, la Banque Populaire, le Crédit du Maroc, le CIH). Toutes ces banques nous ont accordé des crédits importants à taux zéro. F. N. H. : Comment se fera la distribution de ces produits pour sassurer que leur cible pourra en profiter ? N. A. : Les associations de micro-crédit touchent près dun million de citoyens. Si ces personnes sont assurées, ce sont leurs familles aussi qui seront assurées, soit plusieurs millions de personnes. Ceci ne peut pas se faire du jour au lendemain, il faudrait peut-être cinq ans parce quil faut travailler à moyen terme, mais il faut sy mettre tout de suite. Les personnes qui sont dans le milieu rural, dans des communes éloignées ou des régions reculées vont pouvoir avoir accès au crédit à travers les antennes des associations de micro-crédit, mais aussi via les réseaux de certaines banques comme la Banque Populaire, Attijariwafa bank et le Crédit Agricole. F. N. H. : Lors de la présentation des résultats 2005 de la Fondation Zakoura, vous avez annoncé lambition doctroyer 500.000 prêts solidaires en 2006. Où en êtes-vous de votre objectif ? N. A. : Nous allons les atteindre cette année car nous avons fait une progression spectaculaire et nous ne sommes pas les seuls. Je salue également les performances dAl Amana, de la Fondation Banques Populaires et de la Fondep. Ces quatre associations ont une clientèle très importante de pauvres et à elles seules atteignent plus de 90 % de la cible que nous visons en faisant un travail remarquable. Il y a également des associations moyennes et petites qui sont réparties sur le Maroc et font un excellent travail aussi. Au Maroc, il y a près de douze associations de micro-crédit et, ensemble, ces associations méritent, à mon sens, dêtre soutenues. Toutes ces associations travaillent au sein de la Fédération.