Durant trois journées consécutives, Azemmour et El Jadida ont vécu des moments inoubliables célébrant dans la joie et l'allégresse Chants Soufis, musique et chant spirituel ,Samaâ soufi et Amdah Nabaouia, chant religieux des Saâyda d'Egypte, art populaire algérien et musique et chants religieux. Ces soirées du patrimoine dédiées à l'art du malhoune, ont été l'occasion pour le public Azemmouri et jdidi de redécouvrir un large pan de l'héritage musical et culturel marocain, car c'est un art dépositaire d'une importante part de la mémoire et de l'identité marocaine. Un rendez-vous qui se veut un véritable pont vers une nouvelle scène artistique où les jeunes générations partagent avec le grand public le désir de préservation d'un patrimoine culturel et artistique ancestral. Organisé à l'initiative de la province d'El Jadida, cette édition a connu la participation de quelques 150 artistes et troupes venus d'Algérie, d'Egypte, de France et du Maroc. Séduit par la qualité et la prestation des artistes et groupes invités, 70.000 spectateurs avaient fait le déplacement autour des sites du festival (Place Braha Moulniss d'Azemmour et le Parc Mohamed V à El Jadida), partageant de la sorte, d'excellents moments avec ces invités. Trois jours durant (du 26 au 28 juillet), ces artistes et groupes se sont donnés la réplique sur les deux scènes du festival, à la joie du public jdidi et azemmouri, de même que de nombreux curieux des villes environnantes venus applaudir des artistes au mieux de leur forme. Et manifestement heureux de participer à ce grand rendez-vous. Il faut dire que les promoteurs de cette manifestation culturelle à visée internationale avaient concocté un programme plutôt riche et diversifié. Accompagnés par les célèbres musiciens marocains de l'art du Malhoune, les têtes d'affiches marocaines de ce rendez-vous ont merveilleusement animée les villes d'Azemmour et d'El Jadida. Comme ils savent le faire, Abdelmajid Rahimi, Abdelkrim Essadiki, Othman Sassi, Abdelhak Bouayoune, Mohamed Njioui, Mohamed Soussi, Hayat Boukhriss, Majda Al Yahyaoui, l'ensemble Abou Chouâib du Madih et Samaâ, Taifa Issaouia d'Azemmour… ont égayé de la plus belle manière le public qui les attendait avec enthousiasme.
Public qui a aussi salué la belle prestation d'autres artistes également invités à cet événement. A l'instar de Cheikh Yassine Touhami (Egypte), Abdelkader Chaaou (Algérie) et l'ensemble Moultaqa Assalam (France-Toulouse) qui ont respectivement présenté des chants de l'art soufi egyptien… et étalé la richesse de l'art populaire algérien. Il convient de noter qu'une conférence scientifique a été organisée en marge de cette rencontre à la capitainerie d'Azemmour. Chercheurs et spécialistes, à l'instar d'Abdelmajid (Dar Al Hadit Al Hassania), Abdelkrim Echebak (faculté de Rabat), Mounir Al Bakkari (faculté polydisciplinaire de Safi)… s'y étaient retrouvés pour débattre des thèmes : «Art du Malhoune et son ouverture sur tous les arts humains, abstraction faite sur les différences géographiques et culturelles.» Les intervenants se sont focalisés sur : - L'art du Samaâ et sa relation avec le Malhoune. - La mise en valeur des univers musicaux rythmiques et spirituels liés. - Le Samaâ Soufi ainsi que l'art du Malhoune. - Les débuts de l'art du Malhoune, du Madih et du Samaâ Soufi, ainsi que les liens qu'ils tissent au niveau poétique et musical. - De même que sur « L'art du Malhoune et du Samaâ Soufi, les débuts et les convergences. » Un hommage fut rendu au Cheikh des chateurs, Yassine Touhami ; au Cheikh du Malhoune, Abdelkarim Sadiki ; à Abdelkader Errissani, ainsi qu'à la troupe Moultaqa Assalam.
Mais au-delà de cette 3ème Rencontre Internationale, ce rendez-vous vient une nouvelle fois à point nommé pour sauver avant tout cette couleur musicale de l'oubli et maintenir en vie une tradition ancestrale. Car c'est un art de création populaire et qui avait tendance à se perdre en dépit de son rayonnement d'antan et de sa notoriété bien au delà des frontières du Royaume. Selon Abdelilah Jennane, directeur du festival : «Azemmour, fief du malhoune, et El Jadida ont besoin de retrouver leur authenticité. Et c'est à travers les festivals de la musique universelle ou traditionnelle tels que “Jawhara” et “Malhouniyat –Azemmour et El Jadida ” que l'on pourra perpétuer la tradition artistique savante et populaire de notre pays». Quant au gouverneur M. Mouâd Jamiî, il a précisé que : « Les traits culturels et civilisationnels qui ont marqué la naissance et le rayonnement de l'art du malhoune au Maroc sont à l'origine du réseau de relations riches et diverses que cet art a su entretenir avec plusieurs arts et genres musicaux ; tel la poésie populaire ou « Zajel », les Mouachahates, l'Aita, et les rythmes variés de musique traditionnelle Andalouse. A cela s'ajoute indéniablement les différentes vagues de la colonisation que la ville a connue à travers son histoire, sans oublier la dynamique économique et commerciale qui s'explique par l'attractivité de la ville en raison des atouts que lui confère sa position stratégique. Entre Azemmour et El Jadida, faut-il le répéter, il existe une sorte de lien stratégique que l'histoire a renforcé contribuant à la construction très avancée de leur personnalité culturelle très ouverte aux civilisations arabe, berbère, portugaise, andalouse et africaine. Il va de soi que l'art du Malhoune a été et demeure un aspect heurtement riche, enraciné dans la civilisation et la culture de la région. Ce qui légitime le grand intérêt que nous lui portons à travers cette manifestation stratégique et culturelle d'envergure en vue de le hisser au rang d'art noble qu'il mérite. C'est certainement dans cet esprit, que cette troisième édition de la rencontre internationale du Malhoune est venue mettre en valeur la richesse et la vivacité du patrimoine de la région assurant son capital d'attractivité. » Au fil du temps et des éditions, Malhounyat a fini par atteindre un degré de maturité qui le rend incontournable dans notre paysage culturel national et aussi un vecteur de dialogue et de rapprochement entre les peuples. Au final et grâce à cette 3ème Rencontre Internationale, à cette nouvelle touche et cette approche nouvelle adoptée par les organisateurs, le défi de faire renaître et de maintenir le rayonnement d'une musique arabe authentique et pure, est entrain d'être gagné.