Comme la majorité des Moussems au Maroc, Sidi Abdelaziz Ben Yffou est un rendez-vous qui se tient chaque été, pour ne pas dire, après chaque moisson. Il faut dire que le phénomène du maraboutisme au Maroc a fait couler beaucoup d‘encre. Et la période coloniale a été l'âge d'or d'études et d'analyses à son sujet.
Force est de constater que chaque région au Maroc possède son « Saint ». Mais la particularité de Ben Yffou (dit aussi Hmer Trab en référence à la couleur du sol dans la région), selon les dires des chorfas et selon la tradition populaire, c'est l'effet qu'il est supposé avoir sur les malades mentaux. A longueur d'année, on constate l'arrivée, des quatre coins du Maroc, de gens atteints de maladies mentales en quête de la baraka de Sidi Abdelaziz Ben Yffou et d'une guérison possible. Croyance ? Réalité ? Toujours est-il que cette année, le moussem sera célébré le 31 août, à peine quelques jours après le mois du ramadan. Un riche programme est au menu dont la fantasia et bien entendu les veillées religieuses. Ce moussem auquel participent activement les populations doukkalies et abdies, notamment celles de Tnine El Gharbia, Oualidia, Ouled Ghanem, Sebt Saiss et Ouled Amrane, se tient généralement à la même période grâce aux bonnes volontés des chorfas boufiyines, mais aussi à celles des autorités et des élus qui contribuent au désenclavement de ce petit village où un grand Alem, originaire de Oued Eddahab, a choisi de s'y installé il y a plus de 195 années. Il convient aussi de rappeler, qu'il y a une trentaine d'années, une princesse des Emirats Arabes Unis qui avait visité Sidi Ben Yffou avait fait un don de 5 millions de dirhams à la population de cette région. Un don qui a servi, entre autres, à la construction d'une mosquée et aussi d'une école. Le sanctuaire du marabout est fréquenté par une population qui émane de toutes les provinces du Royaume. Des visiteurs qui sont généralement émerveillés par le bon accueil qui leur est réservé par ces tribus guerrières, tout comme ils sont fascinés par l'habilité de vaillants cavaliers avec, à leur tête, le grand Allam Si Abdessalam El Hachimi, dit Diwani. Le spectacle de « tbourida » offert par ces cavaliers arborant l'habit traditionnel et chevauchant de superbes montures richement harnachées reste le clou de ce moussem. Une Tbaourida qui a été l'un des sujets de prédilection des peintres orientalistes dont Eugène Delacroix. N'hésitez pas à y faire un saut après le ramadan. Se sera aussi bien une magnifique évasion et un beau dépaysement, qu'une manière de faire durer et perdurer une tradition ancestrale.