Hamid Lebbar possède un palmarès assez incroyable pour un homme à peine âgé de 56 ans.
Déniché à 12 ans par son professeur d'éducation physique Ain Nass, le garçon fit étalage de toute l'étendue de son talent au sein de l'école de volley-ball d'El Jadida, sous la houlette de feu Driss Hanbali. A 14 ans il gagna sa place dans l'équipe sénior du JOC (1ère division) et côtoya les grandes vedettes doukkalis de l'époque: Keddioui, Belôkda, Sedri, Ain Nass, Vincent… Au milieu des années 70 le JOC est décapité notamment par l'abandon « forcé » de plusieurs joueurs.
La déclaration d'un forfait général semblait inéluctable. Mais le Président de la fédération à l'époque Mr Boujellaba contacta Hamid Lebbar, entre-temps devenu fonctionnaire à la Banque du Maroc, pour l'encourager à prendre la présidence de l'équipe, proposition qu'il accepta. Il engagea alors une équipe junior au Championnat du Maroc et remporta la même année le titre, avec les Haissouf, Hallaoui, Khaoua… A 22 ans, Hamid Lebbar est au sommet de sa gloire. Il est tour à tour, joueur, entraineur, président et arbitre fédéral : « J'organisais chaque été, à la plage d'El Jadida, des tournois de volley-ball regroupant des équipes de plusieurs villes du Maroc, Casablanca, Marrakech... C'est là que je « dénichais » les joueurs capables d'alimenter le JOC».
En 1982, l'équipe réalise son ascension parmi l'élite. La situation financière n'est pas reluisante. Hamid Lebbar a du mal à joindre les deux bouts. Le JOC passe sous la coupole du DHJ et changea d'appellation. Il finit par se classer 4ème au championnat national. Les fans du volley-ball à El Jadida croyaient tenir en cette équipe, leur dream-team. Les joueurs étaient jeunes et très prometteurs. Malheureusement, c'était mal connaître les démons du volley-ball. Les problèmes d'argent refont, une nouvelle fois, surface et avec les rituels problèmes entre hommes, comme à chaque fois que les caisses sont vides. Et pour aboutissement final un néo-DHJ déclarant forfait général l'année d'après. En1986, un entraineur japonais de volley-ball, en l'occurrence Isawa, est envoyé à El Jadida dans le cadre de la coopération maroco-japonaise. M.Lebbar prend son courage à deux mains et sollicita toutes les forces vives de la ville pour lui venir en aide. Il finit par engager l'équipe en 2ème division. Et comme ces belles fleurs, qui ne demandent que le minimum vital pour éclore, le DHJ réalisa la montée en 1987. Depuis, l'équipe vit une succession de succès et de forfaits généraux. Les raisons en sont multiples, mais ne diffèrent en rien de celles que vivent la majorité des autres équipes du Royaume. En fin de compte ce Yo-yo prit terme en 2005. Hamid décida de se consacrer à l'arbitrage et Noureddine Lebbar, son frère cadet, prit sa succession à la tête du DHJ. Actuellement, le club évolue en 1ère division et s'y bat de toutes ses forces pour réaliser son maintien.
Et c'est cet homme, que certains n'hésitent nullement à qualifier de père spirituel du volley-ball à El Jadida, qui nous ouvre son cœur pour nous parler de son sport favori.
-Que pensez-vous du volley-ball marocain ?
Notre volley-ball est malade mais pas mourant. Son diagnostic est connu de tous, mais ce sont les remèdes que l'on tarde à lui administrer. Cependant les choses évoluent et, j'en reste convaincu, la situation finira par s'améliorer très prochainement.
- Mais de quoi souffre t-il d'après vous ?
Le volley-ball est un sport collectif dans sa pratique et dans sa gestion. Mais souvent au sein de nos clubs, au lieu d'un staff dirigeant, on se trouve en face d'une seule personne y faisant la pluie et le beau temps. Et quand cette dernière décide de claquer la porte, personne n'est là pour prendre la relève. Alors du coup, une équipe qui dominait où tout simplement animait le championnat disparaît ; d'où c'est tout le travail fourni jusqu'alors qui se trouve, en un laps de temps, enterré à jamais. Ceci n'est plus acceptable. Prenez le cas d'une ville comme Marrakech, qui ne dispose plus d'équipe de volley-ball, est incompréhensible. Le volet financier représente, de son côté, le talon d'Achille de ce sport. L'année dernière la Fédération Royale Marocaine a tourné avec un budget de 290 millions de centimes. C'est une mascarade. Ce n'est guère avec de telles sommes que l'on fera progresser le volley-ball dans notre Pays. J'ai dit que ce sport est collectif, mais c'est est aussi un sport universitaire, donc d'élite et de gens cultivés. Or ce manque de fonds, oblige certaines équipes à se jeter dans les bras d'opportunistes plus au moins aisés. Des magouilleurs qui n'ont pour seul et unique but que de les utiliser comme un tremplin, afin d'atteindre certains de leurs multiples objectifs.
-Et quelle est cette « potion magique » capable de remettre le volley-ball sur pieds ?
Ce sport est universitaire. La première chose à faire sera de remettre en activité l'ASS (Association Sportive Scolaire) dans les collèges et lycées. Ces lieux sont une pépinière presqu'intarissable de jeunes talents.
Jadis, ces compétitions interclasses, inter- établissements ou inter-régions, aguerrissaient le jeune sportif, le formaient, mais surtout lui faisaient aimer le sport pratiqué. Et c'est en partie cet amour du sport auquel il s'adonnait, qui nous faisait tous jouer pour trois fois rien. Aujourd'hui, l'ASS a disparu parce qu'il y a un sureffectif dans les établissements. Et les élèves qui se consacraient le mercredi et le vendredi après-midi à la pratique de leurs sports favoris, vont plutôt aux cours pour rattraper les retards de la semaine. Il faudra donc bâtir suffisamment de classes afin de combler ce retard extra-sportif, mais qui continue à handicaper les sports collectifs dans notre pays. Ceci dit, il faudra que chacun se mettre une bonne fois pour toutes dans la tête, qu'aujourd'hui, plus personne n'est capable de gérer un club avec de la bonne volonté et de…l'eau fraiche. Les clubs ont besoins d'argent, de sponsors ...
Le prochain bureau fédéral doit se focaliser sur ce point, afin de trouver les fonds nécessaires.
Néanmoins, je dois vous dire que les choses bougent actuellement dans le bon sens et c'est pour cela que je reste optimiste.
Dernière minute : l'Assemblée Générale annoncée pour le 07 avril, vient d'être reportée à une date indéterminée. Une réunion qui devait voir le passage du témoin entre le comité provisoire et le nouveau bureau fédéral. Trois prétendants à la présidence : - Touriya Aârab (responsable de la section féminine, sous l'ancien bureau), - Abderazzak El Allam (ex-joueur international) et - Noureddine Ben Abdenbi (ex-président de Fédération Royale Marocaine de Basket-ball).