Le 29 octobre, c'est la Journée mondiale de l'accident vasculaire cérébral (AVC). Cette pathologie grave et redoutable touche 1 personne toutes les 5 secondes dans le monde selon l'OMS et la World Stroke Organisation. C'est pourquoi l'OMS n'hésite pas à parler de Pandémie et table sur une augmentation progressive de l'incidence des AVC dans le monde passant de 16 millions de cas en 2005 à près de 23 millions en 2030[1]. Au Maroc, l'AVC est responsable de plusieurs milliers d'hospitalisations, chaque année. Son incidence estimée serait de 300/100.000 habitants. L'Intelligence Artificielle (IA) peut potentiellement améliorer la détection des lésions, réduire les risques, voire améliorer la qualité de vie des patients ayant subi un AVC. Heureusement, il existe déjà des mesures technologiques simples, qui nous permettent d'anticiper, traiter, et même éviter les conséquences de cette affection dramatique, handicapante et mortelle. Les meilleures prédictions conduisent à de meilleurs soins... Dans un article publié en octobre 2020 intitulé « Incorporing Artificial Intelligence into Stroke Care and Research »,[2] les auteurs ont souligné un ensemble de facteurs qui font de l'IA une avancée majeure dans le domaine de la prise en charge diagnostique et thérapeutique des AVC. Celle-ci a la capacité de prédire l'avènement d'un AVC, à partir des données cliniques et biologique du patient, de dépister précocement un nombre important de personnes à risque d'AVC et surtout fournir un immense soutien aux médecins urgentistes, dans l'analyse et l'interprétation des images radiologiques. Par exemple, si un radiologue a une centaine de radios à interpréter, l'algorithme de l'IA serait capable de les classer par ordre de gravité, afin de prendre en charge rapidement les cas les plus urgents. Dans la même veine, il a été démontré que l'IA permettrait aux neurologues de diagnostiquer rapidement un AVC ischémique et fournit aux médecins une grande capacité à détecter et hiérarchiser même les petites lésions qui peuvent passer inaperçues dans les salles d'urgence. Bien que l'IA ne remplacera jamais l'esprit humain et sa transversalité, et surtout sa capacité à détecter les nuances et à identifier les risques cachés, elle peut être un allié inestimable pour atténuer le risque d'AVC. Ceci est particulièrement important, car plus tôt un AVC est détecté, meilleur est le pronostic pour le patient. L'IA et le traitement de l'AVC Grâce au progrès technologique, un accident vasculaire cérébral ischémique aigu, peut être traité en retirant le caillot sanguin obstruant le vaisseau du cerveau à l'aide de dispositifs de thrombectomie mécaniques, ces derniers étant avancés depuis l'aine (artère fémorale) et remontés jusqu'au cerveau le long d'un rail appelé guide. Pour améliorer le pronostic du patient, le caillot doit être retiré le plus rapidement possible. Aujourd'hui, sans connaître les caractéristiques du caillot, les médecins ne peuvent le retirer du premier coup que dans un cas sur trois. Grâce à l'IA, un guide connecté couplant des micro-capteurs d'impédance avec des algorithmes d'apprentissage machine, serait capables d'identifier instantanément les tissus biologiques avec une fiabilité prédictive inégalée et fournir aux médecins en temps réel des informations critiques sur le caillot. Ces dernières années, les algorithmes de l'Intelligence artificielle (l'apprentissage automatique et l'apprentissage en profondeur) ont fait des percées importantes dans les soins de santé, permettant une grande amélioration dans la prise en charge diagnostique et thérapeutiques des maladies graves handicapantes et coûteuses. Cependant, des travaux supplémentaires sont nécessaires pour performer le processus de décision de l'IA et améliorer l'acuité de ses algorithmes. À l'avenir, la recherche et l'application de l'IA dans l'AVC devraient suivre le rythme de la demande clinique croissante. Des recherches plus rigoureuses sont nécessaires pour évaluer l'applicabilité clinique des systèmes d'IA et pour explorer leur impact sur la qualité des services médicaux, l'amélioration de l'accès aux soins, la prévention des AVC, la survie et la qualité de vie des patients. Par Dr GHANIMI Rajae Médecin spécialiste en médecine du travail Présidente fondatrice de l'association Hippocrate DS Ecrivaine et chercheuse, auteur de plusieurs articles sur la transformation digitale en santé [1] https://www.societe-francaise-neurovasculaire.fr/journee-mondiale-avc [2] https://www.ahajournals.org/doi/full/10.1161/STROKEAHA.120.031295