Ecrit par S. Es-Siari | Ce jeudi 10 juin, l'AMMC a dévoilé son plan stratégique 2021-2023. Un plan qui selon sa présidente Nezha Hayat s'imprègne du nouveau contexte dans lequel évolue l'économie marocaine. C'est un secret de polichinelle de dire que le marché des capitaux au Maroc est sous-exploité pour une foultitude de raisons pour ne citer que l'ignorance par bon nombre d'entreprises des mécanismes mis en place par l'Autorité de contrôle. Et pourtant le taux d'investissement au Maroc est l'un des plus élevés de la région. D'où l'importance que le marché des capitaux puisse contribuer davantage au financement des entreprises. « Ce deuxième plan stratégique de l'AMMC s'inscrit dans un contexte particulier marqué par la relance économique. Aussi, il a été pensé pour s'adapter aux différentes mutations que risque de connaître notre économie », souligne d'emblée Nezha Hayat, présidente de l'AMMC. Outre le plan triennal, l'AMMC publie des actions annuelles pour rendre son action plus lisible pour les différentes parties prenantes, d'évaluer régulièrement les progrès accomplis ... Ce plan stratégique repose sur une vision claire à savoir un marché des capitaux au service du financement de la relance économique. Pour ce faire, le plan stratégique repose sur 4 piliers stratégiques comprenant chacun des leviers dont le suivi sera assuré par l'Autorité. Le 1er pilier est de faciliter le recours au financement par le marché des capitaux dans la mesure où les entreprises sont un acteur essentiel pour le rebond durable de l'économie. La réalisation de ce premier pilier passe par 3 leviers. Ces leviers permettent d'améliorer l'attractivité du marché des capitaux, de renforcer le dispositif existant (les textes d'application de la nouvelle loi sur la Bourse qui a mis en place entre autres un marché alternatif dédié aux PME avec des conditions allégées publiées fin 2019) avec des mesures d'incitation et d'accompagnement adaptés. Il s'agira également d'être à l'écoute des PME et de porteurs de projets et de vulgariser les instruments mis à leur disposition tout en les accompagnant pour les levées de fonds. A ce titre, un effort sera consacré au renforcement des financements alternatifs tels que les OPCC, les fonds de titrisation… L'autre volet concerne le marché de la dette privée qui permettra aussi de mobiliser des levées de fonds importantes. Celles-ci ont permis de lever, ces deux dernières années, 230 Mds de DH avec un taux de progression de 25% par rapport aux 3 précédentes années. Le second levier de ce premier pilier concerne la contribution au développement réglementaire, soit un cadre législatif moderne, flexible et évolutif. Le 3e levier est relatif à la poursuite de l'engagement de l'AMMC en faveur de l'éducation financière et l'étendre à un public beaucoup plus large. Le deuxième pilier est de promouvoir une régulation adaptée à l'innovation. Autrement dit, il faut continuer à encourager le développement de produits innovants et durables. Par exemple pour la Fintech, une feuille de route sera élaborée en vue de favoriser les innovations tout en tenant compte des enjeux de sécurité et ce dans une démarche collaborative avec l'écosystème. Ce 2e pilier passe également par l'opérationnalisation du marché à terme permettant de mettre à la disposition des investisseurs des instruments de gestion de risques appropriés et de contribuer à la liquidité du marché. L'autre levier concerne le renforcement des relations avec les régulateurs internationaux. Une importance démontrée par la pandémie liée à la Covid-19. Le 3e pilier est de renforcer la protection de l'épargne en consolidant la nouvelle approche de supervision. Il est prévu à ce titre un élargissement du périmètre de contrôle. Dans le cadre de l'opérationnalisation de la loi sur le financement collaboratif, l'AMMC aura à superviser les plateformes crowdfunding qui lèvent des fonds sous forme de capital ou d'émissions d'obligations. Ajoutons à cela le dispositif de communication financière et de gouvernance des émetteurs ayant connu des avancées significatives. L'amélioration de ces deux dispositifs sera renforcée par des mesures ciblées en fonction des différentes catégories d'émetteurs. En matière de lutte contre le blanchiment de capitaux, l'accent a été mis sur la sensibilisation et l'accompagnement des intervenants sur ce nouveau type de risques. La protection de l'épargne passe par l'intensification du contrôle et l'amélioration de son efficience. Le 4e et dernier pilier est d'accélérer la modernisation de l'AMMC et l'inscrire dans un processus de transformation digitale. Cela passe essentiellement passe par la valorisation du capital humain.