Ecrit par L.B. | Entreprise marocaine spécialisée dans l'exploitation de terminaux et quais portuaires, Marsa Maroc s'apprête à opérer un nouveau virage en adoptant une nouvelle stratégie. Une stratégie passée au crible par Mehdi Chakir, analyste senior au sein de CFG Marchés, lors du deuxième webinaire du cycle « Saison de publication des résultats : Bilan et opportunités d'investissement » organisé par la Bourse de Casablanca et l'Association Professionnelle des Sociétés de Bourse (APSB). Sous le thème « Marsa Maroc vers une internationalisation de l'activité avec Tanger Med II », cette rencontre a été l'occasion de passer en revue les réalisations mais également les perspectives de développement de Marsa Maroc. « Une nouvelle stratégie que nous pouvons qualifier d'internationalisation de l'activité de Marsa Maroc avec Tanger Med II. Et pour cause, l'activité de Tanger Med II qui a démarré en début d'année est une activité qui rejoint certes l'activité historique de Marsa Maroc mais qui va donner accès au groupe à des flux mondiaux », précise Mehdi Chakir. En effet, Marsa Maroc se lance dans une nouvelle activité à savoir le transbordement qui va ramener la capacité du Port de Tanger Med à 9 millions de conteneurs ce qui lui permettra de se positionner en tant que premier port au niveau méditerranéen. Perspectives de croissance en 2021 de Marsa Maroc Quant aux perspectives, CFG prévoit pour la partie gateway en 2021 une baisse supplémentaire des volumes traités par le groupe suite à 3 éléments. Premièrement une baisse du trafic du vrac solide due à la normalisation du trafic des céréales ainsi que la baisse du trafic du charbon après la mise en service du nouveau port de Safi. Deuxièmement une baisse du trafic conventionnel due aux produits sidérurgiques qui connaissent, selon Mehdi Chakir, une baisse de la demande au niveau mondial d'une part et d'autre part à la mise en place par le Maroc des barrières non tarifaires pour protéger l'industrie sidérurgique ce qui se traduit par une baisse des importations. Troisième élément est une hausse du trafic des vracs liquides qui devrait compenser, légèrement, la baisse du trafic des vrac solide. Une hausse qui devrait être tirée essentiellement par un effet de base favorable, du à la non-récurrence du confinement qui a fait baisser la consommation et les importations des hydrocarbures en 2020, précise l'analyste. Sur le segment conteneur, CFG préconise une stabilité, voire une légère hausse, due à 2 éléments. « Il s'agit d'une part des perturbations que connaissent toutes les chaines logistiques mondiales avec la crise du Covid-19, qui se maintiennent en 2021 et qui devraient se dissiper progressivement à partir de fin T3 début T4 2021 contenu de l'avancement des campagnes de vaccination à travers le monde. Et d'autre part, à la baisse de la consommation au Maroc conséquence de la baisse du pouvoir d'achat et de la baisse de certaines importations compte tenu de la hausse des droits de douanes sur certains produits », a tenu à souligner Mehdi Chakir. Ainsi CFG table sur une baisse du trafic global traité par Marsa Maroc de près de 3% en 2021, avant de connaitre une reprise à partir de 2022 tirée par une reprise du trafics des conteneurs, l'un des segments les plus rémunérateurs traités par Marsa Maroc, mais aussi par une re-normalisation du trafic des vracs solides et liquides. Quant à la partie transbordement, qui traite essentiellement des flux mondiaux régis par les échanges mondiaux, elle devrait faciliter l'atteinte d'un taux d'utilisation assez important grâce à la reprise des échanges mondiaux et avantages concurrentiels du port Tanger Med. « Le management de Marsa Maroc a annoncé la semaine dernière pouvoir atteindre un taux d'utilisation de 60% dès la première année ce qui permettrait de traiter 900.000 conteneurs dès la première année », a souligné l'analyste de CFG. Et d'ajouter « que compte tenu de ces éléments la rentabilité du groupe devrait connaitre, à court terme, une légère dégradation (taux de marge) qui devrait être impactée par le lancement de Tanger Med II et par conséquent une dilution de la marge globale générée par la partie gateway et se traduirait par une baisse des résultats ». Mehdi Chakib rassure en affirmant qu'en ajustant les résultats de l'année dernière avec le don au fonds Covid de près de 300 millions de DH, cette dilution ne se ferait pas sentir. Marsa Maroc enregistrera à ce moment une hausse mécanique de son résultat avec un RNPG qui passera de 292 MDH en 2020 à environ 464 MDH en 2021. Cela dit, CFG estime un cours cible à 235 DH soit un cours très proche du niveau auquel traite la valeur actuellement. L'analyste a précisé que l'estimation de CFG ne tient pas compte le potentiel upside du groupe notamment avec l'ouverture de nouvelles installations telles que Nador West Med, le nouveau port de Safi (partie non dédiée à la centrale thermique) ainsi que le nouveau port de Dakhla. Par contre, CFG tient en compte du potentiel downside qui est la résultante de ces ouvertures. « L'ouverture de Nador West Med impactera négativement les volumes traités par le port actuel de Nador. Ce qui est aussi le cas pour le port de Safi et Dakhla », a-t-il précisé. Cela dit, certains estiment que la valeur de Marsa Maroc est trop chère. Ce qui n'est pas de l'avis de l'analyste qui a affirmé que la valeur de Marsa Maroc est bien valorisée par le marché. « La hausse du P/E est due à la baisse du résultat qui est, en réalité, une baisse ajustée par le don au Fonds Covid. Mais techniquement le résultat net va augmenter cette année. Ce qui engendrait une baisse du P/E », précise Mehdi Chakir. Quant à la cherté de la valeur qui est de 35x, l'analyse précise que les perspectives de croissance de Marsa Maroc sont importantes et justifient amplement ces niveaux de valorisation. « Aujourd'hui rares sont les sociétés qui présentent à la Bourse de Casablanca des perspectives de croissance assez importante. Nous tablons sur un RNPG qui devrait croitre de près de 10% sur les 5 prochaines années et qui en même temps devrait grader un certain niveau de rendement, plus haut que le marché », précise-t-il.