Le prix finalement retenu valorise l'ensemble de Suez à environ 13 milliards d'euros. Veolia et Suez ont annoncé, lundi 12 avril, que leurs conseils d'administration respectifs avaient conclu dimanche soir un accord de principe sur les termes et les conditions du rapprochement des deux groupes. Ils se sont notamment mis d'accord sur un prix d'achat de 20,50 euros par action Suez, contre 18 euros que Veolia proposait initialement et jugés insuffisants par son rival, qui exigeait 22,50 euros par titre. Le prix finalement retenu valorise l'ensemble de Suez à environ 13 milliards d'euros. Cet accord permettrait la constitution d'un « nouveau Suez », qui pèsera 6,9 milliards d'euros de chiffre d'affaires (contre 17 milliards en 2020) et devrait constituer un « ensemble cohérent sur le plan industriel et social », est-il précisé dans un communiqué. Les deux groupes proposent que le nouvel ensemble, issu de cet accord, soit détenu par un groupe d'actionnaires composé des partenaires financiers des deux groupes et des salariés. « Le temps du rapprochement commence » L'accord de principe prévoit également la résiliation des accords avec Cleanaway conformément à leurs termes concernant la cession des actifs en Australie ainsi que la désactivation de la fondation néerlandaise. « Cet accord est bénéfique pour tout le monde : il garantit la pérennité de Suez en France de manière à préserver la concurrence et il garantit l'emploi. Toutes les parties prenantes des deux groupes sortent donc gagnantes. Le temps de l'affrontement est terminé, le temps du rapprochement commence », a fait savoir Antoine Frérot, président-directeur général (PDG) de Veolia. Quant au patron de Suez, Bertrand Camus, il a estimé que « cet accord de principe donne toutes ses chances à l'obtention d'une solution globale qui offrirait les garanties sociales indispensables pour l'ensemble des salariés et des perspectives ». « Je voudrais remercier toutes les équipes de Suez pour leur formidable mobilisation (...) », a-t-il ajouté. Des accords définitifs d'ici au 14 mai Le périmètre du nouveau Suez intégrera les activités actuelles de Suez dans l'eau municipale et le déchet solide en France, ainsi que d'autres activités de l'entreprise « notamment dans l'eau » et dans plusieurs zones géographiques, dont l'Italie, l'Afrique, l'Inde, la Chine et l'Australie. Les deux fleurons français s'affrontaient depuis l'année dernière, notamment depuis l'acquisition par Veolia en octobre de 29,9 % de Suez auprès d'Engie avant de lancer une offre publique d'achat (OPA) sur le reste des actions. Depuis sept mois, ils ont multiplié recours en justice, invectives par voie de presse, coups de pression et de semonce. L'affaire avait aussi pris un tournant politique, le ministre de l'économie, Bruno Le Maire, intervenant à plusieurs reprises, et encore à la fin de mars, pour estimer qu'un accord restait « possible » entre les deux rivaux. B. Le Maire a d'ailleurs salué, lundi, un « accord à l'amiable » qui « préserve la concurrence au service des clients entre deux grandes entreprises industrielles nationales (...). Il garantit leur bon développement sur les marchés nationaux et internationaux. Il préserve l'emploi », s'est-il félicité dans une réaction transmise à l'Agence France-Presse. « Sentiment de trahison » pour la CGT Le secrétaire CGT du comité d'entreprise européen de Suez, Franck Reinhold von Essen, a en revanche fait part lundi d'un « réel sentiment de trahison de la part du conseil d'administration, qui semble s'être couché face à la pression de Veolia, alors que les moyens de négocier autre chose existaient. » « De prime abord, le périmètre ne nous satisfait pas, car on parle de 6,9 milliards qui constitueraient le nouveau Suez, ce qui ne fait pas la taille critique qui permettrait de garantir la pérennité des emplois par le développement de l'entreprise », a-t-il ajouté. « Nous n'avons pas été associés à ce préaccord, ce qui est frustrant », a-t-il conclu, ajoutant espérer faire bouger les choses d'ici à la conclusion des accords définitifs, avant le 14 mai. Les titres Suez et Veolia se sont envolés à l'annonce des entreprises. A 9 h 38, ils prenaient respectivement 7,32 %, à 19,79 euros et 6,60 %, à 24,06 euros (Médias français).