Quelle sera la prochaine banque à lancer un avertissement sur ses résultats à la suite de la liquidation d'un important hedge fund américain ? » s'interrogent les investisseurs. Nomura et Credit Suisse ont en effet lancé un profit warning à la suite d'un défaut sur les appels de marge d'un fonds spéculatif, identifié par la presse américaine comme étant Archegos Capital Management. L'action de la banque japonaise a dévissé de plus de 16% ce matin tandis que sa concurrent helvétique chute de plus de 13% à 10,82 francs suisses. Ces avertissements ont provoqué un vague de défiance vis-à-vis du secteur bancaire. En France, BNP Paribas et Société Générale, les établissements les plus exposés aux activités de marché, perdent respectivement 2,26% à 50,50 euros et 2,23% à 21,745 euros. Crédit Agricole résiste mieux : – 0,86% à 12,13 euros. Archegos Capital Management étant incapable de répondre aux appels de marge des prime broker, ces derniers ont liquidité ses positions pour récupérer leur argent. Dans le cadre des services offerts aux hedge funds, les prime broker exécutent ses transactions et lui prêtent du cash et des titres. Selon le Wall Street Journal, des positions sur des actions représentant près de 30 milliards de dollars auraient été liquidées. Bloomberg évoque plus de 20 milliards de dollars, vendredi. Archegos Capital Management avait acheté avec un très important effet de levier des valeurs comme le groupe Internet chinois Baidu où le groupe de médias américains, Viacom. A la suite de la liquidation de ses positions, ces titres ont connu d'importants trous d'air. Viacom a ainsi clôturé en retrait de 27%. » Certaines banques étaient tellement inquiètes de leurs pertes potentielles que, plutôt que de vendre de manière organisée, elles ont choisi de vendre le plus rapidement possible « , souligne le Wall Street Journal. Ces liquidations forcées vont coûter cher à Nomura et à Credit Suisse, qui dans leur communication du jour évoquent des pertes liées à un client américain, sans citer de nom. La banque japonaise a évalué sa perte potentielle à 2 milliards de dollars au prix de marché au 26 mars. » Cette estimation est susceptible d'être modifiée en fonction du dénouement des transactions et des fluctuations des prix du marché » a-t-elle précisé. Pour sa part, Credit Suisse explique faire partie des banques clôturant les positions d'un hedge fund américain. » Bien qu'il soit prématuré à l'heure actuelle de quantifier l'ampleur exacte de la perte résultant de cette sortie, elle pourrait être très importante et matérielle pour nos résultats du premier trimestre » a précisé la banque suisse. Cette dernière voit écorner encore un peu plus sa réputation, ces pertes intervenant après le scandale de ces dernières années de la faillite du spécialiste de l'affacturage inversé, Greensill Capital. La banque suisse a été contrainte de clôturer des fonds représentant 10 milliards de dollars, liés à des programmes de financement de la chaîne d'approvisionnement de Greensill Capital. (Avec Capital.fr)