Les relations Maroc-Inde sont anciennes, mais la Coopération économique a pris un nouveau tournant. C'était d'ailleurs le thème d'une rencontre au sein de l'Institut marocain des relations internationales en présence de Kheya Bhattacharya, ambassadrice de l'Inde à Rabat. Invitée de l'Institut marocain des relations internationales, Kheya Bhattacharya, ambassadrice de l'Inde à Rabat, a rappelé le trend ascendant qui marque les relations bilatérales entre le Maroc et l'Inde. Des relations qui se sont particulièrement intensifiées suite aux visites effectuées en Inde par le Roi Mohammed VI, en février 2001 et en octobre 2015. Balisant ainsi le terrain pour les opérateurs des deux pays d'explorer mutuellement les possibilités de coopération. Aussi, plusieurs accords de coopération ont été paraphés entre les deux pays, dans l'objectif d'ériger un partenariat Sud-sud gagnant entre le Maroc et la cinquième puissance économique du monde. La participation du Roi Mohammed VI au 3ème Sommet Inde-Afrique, donnera le tempo pour une coopération tripartite vers l'Afrique, quelques mois après le retour du Royaume au sein de l'Union africaine. La rencontre de l'IMRI étant placée sous le thème « Les relations de l'Inde avec l'Afrique suite au retour du Maroc à l'Union africaine : Opportunités économiques pour une coopération tripartite », il était d'abord important de faire une radiographie de la relation bilatérale entre les deux pays. Il faut dire qu'il était temps d'ailleurs de voir ces deux pays renforcer leur coopération. Et pour cause, les deux pays ont établi des relations diplomatiques au lendemain de l'indépendance du Maroc, mais les relations économiques et commerciales étaient plutôt timides. Le dossier du Sahara a jeté de l'ombre sur les relations entre les deux pays. Cette « 5ème puissance mondiale en 2018 selon le British center of economic and business research », a fini par écouter la voix de la raison. L'Inde dont la croissance du PIB a accélèré de 7,7% en variation sur un an au premier trimestre 2018, l'un des plus forts taux de croissance, dispose, comme le Maroc, d'une population avec une moyenne d'âge de 26 ans et compte un marché de 1,3 milliard d'habitants. Pourtant, les échanges commerciaux entre les deux pays se stabilisent à 1,4 milliard d'euros (balance commerciale excédentaire pour le Maroc). Un marché vers lequel le Maroc exporte essentiellement les phosphates et dérivés, minerais, produits semi-finis et les produits chimiques. En sens opposé, le Maroc importe les fibres synthétiques, les produits pharmaceutiques, les épices, les équipements agricoles, les produits chimiques et manufacturés. Le Royaume accueille également de plus en plus d'entreprises indiennes notamment dans le secteur automobile, l'ingénierie, le secteur pharmaceutique, le secteur des énergies renouvelables et les NTIC. Faut-il rappeler que la convention fiscale entre le Maroc et l'Inde a été signée à Rabat le 30 Octobre 1998 et est entrée en vigueur le 20 Février 2000. Mais les relations entre les deux pays sont appelées à se développer davantage. Comme le démontre le nombre de visas octroyés par l'Inde. En effet, l'ambassadrice a révélé un chiffre très parlant : en 2015, l'ambassade de l'Inde au Maroc avait délivré 1.000 visas dont 400 pour les membres de la délégation marocaine qui avait accompagné le Roi. Aujourd'hui, l'ambassade d'Inde a délivré plus de 2.000 visas dont un tiers sont des visas d'affaires. Elle a d'ailleurs annoncé qu'avec un régime spécial de visas pour les ressortissants marocains ce chiffre est appelé à croître rapidement. On note d'ailleurs une hausse notable des visites de hauts dignitaires dans les deux sens. Une importante délégation indienne se rendra au Maroc en septembre ou octobre prochain dans le cadre des échanges réguliers entre les responsables des deux pays. Aussi, Rabat a-t-elle accueilli le 31 mai 2016 la création de la Chambre de commerce et d'industrie maroco-indienne. Evoquant la coopération dans le secteur du tourisme, la diplomate a insisté sur l'importance du bureau au News Delhi de l'Office national marocain du tourisme pour capter une partie des touristes indiens, ajoutant que les gouvernements des deux pays sont en train d'étudier les possibilités d'établir des liaisons aériennes directes. Cela rentre justement dans le cadre des efforts de renforcer les échanges et saisir les opportunités d'affaires qui s'offrent. OCP, chef de file du partenariat Tripartie Maroc-Chine-Afrique « Pour consolider notre leadership, nous avons lancé un important programme destiné à développer nos capacités industrielles. Parallèlement, l'importance même de notre production d'engrais nous rend très conscients de nos responsabilités vis-à-vis de la sécurité alimentaire de l'humanité. Une conscience qui nous amène à élargir notre ouverture sur le monde et à partager notre expertise et notre savoir-faire, notamment avec les agriculteurs de pays tiers dans des coopérations Sud-Sud. Un premier grand projet a été lancé en Inde en 2010. D'autres suivent. En Afrique, notamment, continent au fort potentiel agricole et auquel le Groupe accorde une attention particulière », rappelait Mostafa Terrab, PDG d'OCP, dans un de ses discours. En effet, les relations entre l'OCP et l'Inde remontent à plusieurs années déjà, notamment à travers la Paradeep Phosphates LTD (PPL). Basée à Orissa en Inde, PPL est détenue par le gouvernement indien, Zuari Industries Ltd, et OCP depuis 2002. PPL produit des engrais phosphatés (principalement DAP et NPK) et commercialise en Inde différents types d'engrais incluant sa production d'engrais. La capacité de production de PPL s'élève à 1.250 000 tonnes/an de DAP/NPK, 726.000 tonnes/an d'acide sulfurique et 290 000 tonnes/an d'acide phosphorique. Au-delà de la coopération économique, OCP aide à l'amélioration des rendements agricoles en Inde. Cette coopération Sud-Sud est d'ailleurs au cœur de la stratégie du Groupe. Son initiative sur la sécurité alimentaire, Global Food Security initiative (GFSI), en est la parfaite illustration. D'ailleurs la première réunion régionale relative à cette initiative a été organisée à Mumbai en Inde, le 19 février 2013 avec pour objectif « les meilleures pratiques agricoles indiennes » qui ont contribué à la réussite de la Révolution Verte dans ce pays. En juin 2014, le projet de développement agricole de la Fondation OCP dans l'Etat du Rajasthan en Inde a été inauguré, en présence de 53 représentants officiels du Ministère de l'Agriculture du Rajasthan et 900 agriculteurs concernés par ce projet. Plusieurs officiels du Ministère de l'Agriculture du Rajasthan sont intervenus lors de cette inauguration. Cela révèle l'importance de cette collaboration bilatérale entre le Maroc et l'Inde pour améliorer les rendements des petits agriculteurs dans leurs pays respectifs et ont exprimé leur reconnaissance pour le soutien continu de la Fondation OCP, en particulier concernant le développement de l'agriculture familiale au Rajasthan, en faveur de 9.600 petits agriculteurs. Le lancement de ce projet a également été marqué par l'inauguration du centre d'appels de la Fondation OCP pour le conseil agricole, logé dans les locaux de l'Université d'Agriculture d'Anta à Kota, au Rajasthan. En octobre 2016, le Groupe OCP et Kribhco ont le plaisir d'annoncer la création d'une joint-venture à 50/50 dédiée à la construction d'une unité de production d'engrais NPK à Krishnapatnam, en Inde. Cette nouvelle unité nécessitera un investissement initial d'environ US$230 millions et aura une capacité de production annuelle de 1,2 million de tonnes d'engrais NPK. Ce projet prévoit également le développement d'infrastructures logistiques dans la région de Krishnapatnam. L'unité devrait ouvrir ses portes courant 2018. La joint-venture OCP-Kribhco devrait être la première étape d'une coopération stratégique plus large entre les deux groupes, qui inclurait l'investissement de Kribhco dans une unité d'acide phosphorique au Maroc.