Ecrit par S. Es-Siari | 6.612 est le nombre de défaillances d'entreprises enregistrées en 2020 soit une baisse de 22% par rapport à 2019. La plus forte baisse enregistrée au cours des dernières années. Une baisse sujette à explications. Comme à l'accoutumée, Inforisk s'est attelé sur le poids et la nature des défaillances pendant une année exceptionnelle impactée par la pandémie. 2020 a été marquée par un ralentissement généralisé de la croissance mondiale. Pour le cas du Maroc, le taux de croissance a chuté brutalement pour se situer aux alentours de 7%. « Et pourtant bien que l'exercice soit empreint de contraintes et d'incertitudes, le taux de défaillances a accusé une baisse de 22% entre 2019 et 2020 », annonce Inforisk. Il s'agit du même niveau de défaillances de 2015. Il s'agit même de la plus forte baisse affichée depuis que Inforisk mesure cet indicateur. Défaillances des entreprises 2020 : une baisse en trompe-l'œil ? De prime abord, il est relevé dans l'enquête une explication technique à cette situation de baisse. « Un arrêt quasi continu de l'activité des tribunaux de commerce de mars à septembre 2020, entre le confinement généralisé et les vacances judiciaires. A partir de septembre, reprise plus ou moins normale de l'activité judiciaire, néanmoins perturbée par l'évolution sanitaire », apprend-on dans l'enquête. C'est pour dire que le stock de dossiers à rattraper par les tribunaux est important. Source : Inforisk Cette explication n'est pas unique. Les auteurs de l'enquête alertent sur les entreprises sous perfusion avec les aides de l'Etat pour faire face aux effets de la pandémie. A ce titre, il est utile de rappeler que les mesures exceptionnelles mises en place par l'Etat on permis aux entreprises de bénéficier du Fonds Covid (35 Mds de DH) constitué à l'occasion. Ces mesures ont pris la forme de prêts garantis par l'Etat avec Damane Oxygène puis Damane Relance et TPE (70 milliards distribués aux entreprises), reports de crédits, reports de paiements fiscaux, indemnités CNSS, chômage partiel... « Toutes ces mesures ont maintenu sous perfusion des milliers d'entreprises, dont certaines qui n'auraient pas survécu sans les aides de l'Etat », explique le spécialiste de l'information financière. Ajoutons à cela que des entreprises se sont adaptées à la crise. Des symptômes ont été ainsi perçus : arrêt temporaire d'activité, réduction du temps de travail, licenciement et réduction des effectifs... Mais est-ce suffisant ? Pas tellement. Inforisk estime que la chute sera plus brutale en 2021. Et pour cause : un arrêt des aides de l'Etat en 2021, notamment de Damane Relance/TPE – Il va falloir commencer à rembourser les dettes contractées en 2020 ou les reports d'échéances- ; Par ailleurs, les indicateurs d'activité ne se sont pas encore rétablis: baisse de 30% en moyenne de l'activité des entreprises en 2020, une reprise partielle attendue en 2021 (conditionnée par la rapidité de la campagne de vaccination), qui n'effacera pas néanmoins les pertes de 2020 ; Des délais de paiement qui se sont encore allongés pendant la crise de 2020 ; Des faits qui n'augurent rien de bon si l'on prend en considération la dernière étude du HCP annonçant que la moitié des entreprises marocaines ne disposent pas de matelas de trésorerie. Source : Inforisk Résultat des courses, le premier semestre risque d'être particulièrement difficile, avec un effet « rattrapage » rapide. Autres indicateurs importants mesurés par Inforisk : en 2020, 1 entreprise créée permettait de couvrir presque 7 entreprises défaillantes contre 5 en 2019. Ce taux de couverture positif leur permet de revenir aux chiffres de 2013, alors qu'il était en dégradation constante depuis 10 ans. Par répartition géographique, il ressort que l'axe Casablanca-Tanger est impliqué dans 47% des défaillances. Le top 5 des secteurs défaillants est : commerce, immobilier, BTP, transport et industries manufacturières. Lire également : AMINE DIOURI/INFORISK : LES DELAIS DE PAIEMENT EN HAUSSE DE 60 JOURS ET LES DEFAILLANCES DE 15% EN 2020