Plus qu'une crise sanitaire ou économique, la Covid-19 a mis la santé mentale de milliers voire de millions d'individus à rude épreuve. Le manque d'informations, la crainte de mourir, de perdre son emploi ou de ne jamais retrouver sa vie d'avant... un sujet débattu lors de la session du 22 décembre des "AD Talks" de Policy Center for the New South (PCNS). « Le changement est un signe de la vie pour pousser chacun à réfléchir de manière innovatrice », c'est ainsi que Khouloud Wattar Kassem, sociologue politique, fondatrice et présidente du « Lebanese Women Towards Decision Making » a entamé son intervention lors de la session du 22 décembre des « AD Talks », édition spéciale en ligne de la conférence Atlantic Dialogues. En effet, selon Khouloud Wattar Kassem les répercussions de la pandémie ont été massives sur la santé mentale, celle-ci a mis le point sur « la nécessité d'investir dans la richesse mentale afin de soutenir la femme ». Les moult défis auxquels les femmes font face, ne peuvent être combattus que par : « La lutte contre les différents soucis mentaux, tels que la dépression et l'anxiété. Il faut que chacun apprenne à se traiter et à se soigner seul », précise-t-elle. Le débat, modéré par Aziz Boucetta, directeur de publication de Panorapost, a permis d'analyser les différents facteurs affectant la santé mentale en temps de crise, ainsi que son impact. Ainsi K. W. Kassem donne exemple des femmes qui ont réussi a surmonté plusieurs étapes difficiles, grâce à des petits changements, au niveau du mode de vie et de réflexion, mais surtout de leurs perceptions par rapport à la peur. Selon la fondatrice du « Lebanese Women Towards Decision Making », « Il faudrait transformer cette situation de crise en une opportunité, mais également adopter une nouvelle vision de la vie, ce qui permettra d'avoir un monde meilleur ». La réaction des gens face à la pandémie a fait l'objet d'une enquête que Parfait Akana, directeur exécutif, de « The Muntu Institute », enseignant chercheur à l'université de Yaoundé II-Soa, a mené en Mars 2020. Il révèle que face à la crise du covid-19, et à la peur qui s'en ai suivi il y'a une histoire, en partie l'histoire du continent africain, et celle de la socialisation violente, et d'une insécurité endémique dont les traites et la colonisation constitue le point nodal, cette insécurité liée au malaise face à l'autre, mais aussi de manière plus dramatique, face à soi-même est multiforme, et ces catégories traumatiques dans l'histoire du continent, qu'elle soit coloniale ou post coloniale sont bien connues, il s'agit entre autre de la guerre de la famine et des épidémies. De son point de vue « La covid-19 est cette nouvelle invitée de l'éthos africain de l'insécurité ». Pour sa part, Fatima Boutbibe, neuropsychologue et directrice du centre d'exploration et de rééducation cognitive et fonctionnelle, a survolé les différentes étapes de la pandémie, allant de l'arrivé du virus au Maroc jusqu'au déconfinement dans le but de présenter les conséquences et les troubles induits sur les personnes âgées. La neuropsychologue estime que les mesures prises pour protéger les personnes âgées, les ont conduits vers des grandes dépressions. Le confinement implicite des personnes âgées, malgré le déconfinement officiel du Maroc, a selon F. Boutbibe, impliqué « Un véritable Tsunami, en termes d'aggravation sur l'état psychologique, ou des antécédents médicaux de troubles du comportement », « Le nombre des patients a beaucoup augmenté, deux fois plus de patients souffrant d'Alzheimer. », à côté des troubles de mémoire, la neuropsychologue évoque également, les troubles de comportements, et les troubles psychiatriques, qui n'existaient pas avant la crise. L'impact est encore plus fort sur les détenus comme l'explique El Mostafa Rezrazi, senior fellow au Policy Center for The New South, et professeur de la gestion de crise et psychologie clinique, « Ils ont vécu cela comme un double confinement », souligne-t-il en ajoutant que leur santé mentale psychologique a beaucoup été impactée, du fait que : « Les prisonniers n'avaient pas d'informations sur ce qui se passait dehors ». M. Rezrazi précise par dans ce sillage que : « Le manque d'informations valables, sur les incertitudes autour du virus, et la nature du virus, a créé un dysfonctionnement sur la perception du virus par la population, sur la notion d'avenir, et l'avenir de manière générale, une espèce d'angoisse par rapport à l'avenir ». Il évoque également la corona bleue, étude élaborée en Corée qui soutient que tout le monde est impacté par le virus : « les professionnels en première ligne, et les décideurs politiques, y compris le directeur général de l'OMS ; nous sommes tous sous cette perturbation psychologique à cause du virus ». « Ce qui veut dire qu'en termes de diagnostic et en termes d'évaluation, nous devrons ainsi modifier nos critères et nos outils de catégorisation. », conclut-il.