Sans surprise, le tourisme est le secteur qui subit et subira de plein fouet les conséquences de cette crise sanitaire. De millions d'emplois sont menacés à travers le monde. Un constat confirmé lors de la réunion virtuelle de haut niveau tenue le 19 mars par l'Organisation mondiale du Tourisme (OMT). Et comme prévu lors de cette réunion, l'OMT a publié ce mardi 31 mars un document regroupant un ensemble de recommandations pour le redressement d'un secteur qui aura du mal à rependre à sa vitesse de croisière. Le but de ce document étant d'aider les pouvoirs publics, le secteur privé et la communauté internationale à traverser, en gardant le cap, cette crise sociale et économique sans précédent de la COVID-19. Toutefois, il faut s'attendre à ce que la capacité de relance soit considérablement variable d'un pays à un autre. Plusieurs facteurs interviendront pour ne citer que les infrastructures, les ressources humaines, la capacité économique ou encore les facteurs politiques. D'après l'OMT, ces recommandations vont au moins contribuer à atténuer l'impact de la crise, assurer le redressement du tourisme et permettre au secteur de tenir un rôle moteur dans le relèvement général des sociétés. Ainsi les recommandations ont été scindées en 3 catégories : gestion de la crise et atténuation de l'impact ; mesures de relance et accélération du redressement et la préparation de l'avenir. Gestion de la crise et atténuation de l'impact Pour ce premier axe, l'OMS préconise de : * fournir des incitations au maintien des emplois, soutenir l'activité des travailleurs indépendants et protéger les groupes les plus vulnérables ; * Soutenir la trésorerie des entreprises ; * Réexaminer les taxes, redevances et droits et la réglementation ayant une incidence sur les transports et le tourisme ; * Assurer la protection des consommateurs et la confiance ; * Promouvoir l'acquisition de compétences, surtout de compétences numériques ; * Inclure le tourisme dans les dispositifs économiques d'urgence aux niveaux national, régional et mondial ; * Créer des mécanismes et des stratégies de gestion des crises. Ces mesures sont jugées urgentes dans la mesure où des millions d'emplois directs ou indirects dépendent des voyages et du tourisme. « Elles doivent être mises en œuvre immédiatement, surtout celles consistant à venir en aide en temps opportun, de manière ciblée et à titre temporaire aux populations et aux entreprises les plus touchées le temps que durera la crise », lit-on dans le rapport. L'OMT appelle les gouvernements à appuyer les entreprises sur le plan économique et fiscal. Mesures de relance & accélération du redressement L'OMS précise que la chute brutale et sans précédent de la demande du secteur des voyages et du tourisme provoquée par la pandémie de COVID-19 va nécessiter des impulsions financières à l'appui du redressement. Les niveaux de relance nécessaires pourront varier d'un bout à l'autre de la chaîne de valeur du tourisme. Cette crise devrait replacer le secteur du tourisme au cœur des politiques nationales de développement et de faire de la durabilité une composante intrinsèque du secteur, à mesure qu'il se relève et retrouve le chemin de la croissance. Ainsi l'OMS préconise pour cet axe de : * Fournir des incitations financières à l'investissement et à l'exploitation touristiques ; * Réexaminer les taxes et redevances et la réglementation ayant une incidence sur les voyages et le tourisme ; * Faire progresser la facilitation des voyages ; * Promouvoir les nouveaux emplois et l'acquisition de compétences, en particulier numériques ; * Prendre en compte la durabilité environnementale dans les dispositifs de relance et de redressement Connaître le marché et agir rapidement pour rétablir la confiance et stimuler la demande ; * Donner une impulsion au marketing et aux événements et réunions ; * Investir dans les partenariats ; * Faire une place au tourisme dans les programmes de redressement nationaux, régionaux et internationaux et dans l'aide au développement. Préparer demain Bien que la situation soit alarmante, le tableau n'est pas aussi noir. L'OMS rappelle la capacité du potentiel de se redresser et de retrouver sa place essentielle au sein des économies nationales et du cadre plus large des priorités du développement durable. La pandémie peut aussi offrir une occasion inédite de reconfigurer le secteur pour en assurer non seulement la croissance, mais une croissance meilleure ayant comme priorités l'inclusivité, la durabilité et la responsabilité. En outre, pour construire l'avenir, il faudrait prêter une attention particulière au renforcement de la résilience et à la promotion de la durabilité à tous les niveaux. Pour y parvenir il faut : * Diversifier les marchés, les produits et les services ; * Investir dans les systèmes d'analyse des marchés et la transformation numérique ; * Renforcer la gouvernance du tourisme à tous les niveaux ; * Se préparer aux crises, améliorer la résilience et veiller à inclure le tourisme dans le mécanisme et les systèmes d'urgence nationaux ; * Investir dans le capital humain et la mise en valeur des talents ; * Inscrire solidement le tourisme durable parmi les priorités nationales ; * Passer à l'économie circulaire et s'approprier les ODD.