Dans le cadre de la sensibilisation sur les questions climatiques principalement sur la gestion des déchets, un groupe d'élèves du Lycée Jaafar El Fassi El Fehri à Casablanca, a réalisé un reportage sur le terrain. Il s'agit de Chaimaà Skakry ; Mohssine Khchichane ; Ahlam Traik et Hiba Ghessani Idrissi, membres de l'association Jeunes reporteurs pour l'environnement 2020, qui ont voulu mettre la lumière sur les soldats de l'ombre qui contribuent indirectement à la protection de l'environnement tout en opérant dans l'informel. Conscient de l'intérêt de ce type d'initiatives dans le changement des mentalités, des cultures mais aussi dans la sensibilisation sur l'enjeu du recyclage, EcoActu.ma partage avec ses lecteurs ce travail de jeunes qui se mobilisent pour l'environnement à l'heure où la mobilisation internationale en faveur du climat fléchit à vue d'œil. Reportage BOUARA, MIKHALA ou encore HABACHA, ces vrais soldats écologiques mais dans l'informel La gestion des déchets est l'une des principales problématiques qui se pose au Maroc. En effet, la quantité des déchets augmente de façon considérable, non seulement en raison de la croissance démographique, mais aussi de l'amélioration du pouvoir d'achat des citoyens et des conditions de vie. La production globale des déchets solides, au cours de ces dernières années, est d'environ 6,9 millions de tonnes par an. La quantité produite des déchets urbains est de 5,3 millions de tonnes par an, soit l'équivalent de 0,76 kg par jour par habitant. Ces chiffres émanent du troisième rapport sur l'état de l'environnement du Maroc (2015). Un véritable emblème de notre société de consommation, le plastique est omniprésent : voitures, maisons, vêtements, tuyaux. Il rend de multiples services mais il représente aussi une source de pollution. Produire du plastique, c'est produire des déchets En absence d'une bonne gestion, l'accumulation des déchets plastiques dans la nature pourrait devenir une source de nuisance pour l'environnement et pour l'Homme. Il a un effet néfaste aussi bien lors de sa production que lors de son utilisation, de son élimination en tant que déchet ou encore de son accumulation dans l'environnement. Selon Sebti Said, Président de l'Association Maroc sciences et développement durable et enseignant chercheur au sein de la faculté des sciences Ben M'sik « le plastique nécessite 100 à 1.000 ans pour se dégrader. Le problème du plastique est surtout lié aux produits chimiques contenus dans les plastiques susceptibles d'interagir avec d'autres matières ». Interview avec M. Sebti au sein de la faculté des sciences Ben M'sik Les citoyens et leurs ordures: quelle responsabilité? La mauvaise gestion des déchets plastiques trouve son origine non seulement dans l'absence des décharges publiques contrôlées, mais aussi dans les comportements irresponsables des citoyens, ainsi que les performances des communes dans ce domaine de gestion des déchets suite à l'insuffisance et l'inadaptation des équipements de collecte et la couverture limitée du territoire. « Le recyclage des déchets plastiques peut constituer une solution durable afin de réduire la quantité des déchets mais de réduire également l'utilisation des ressources naturelles qui se trouvent en quantité limitée », indique Sebti Said. Le recyclage par le secteur informel demeure aujourd'hui le mode dominant d'élimination des déchets L'accumulation des déchets dans la nature pourrait devenir une source de nuisance pour l'environnement, mais aussi une source de revenus pour les récupérateurs des déchets informels. Ces récupérateurs jouent un rôle primordial notamment en ce qui concerne l'évitement du rejet direct de grandes quantités de matériaux dans les décharges et dans les océans. Le recyclage à l'informel désigne une pratique généralement menée par une classe sociale défavorisée et dont le niveau d'éducation est faible. Ils appartiennent aux populations marginalisées des villes et de la société marocaine. Il existe deux catégories dans ce secteur de valorisation informelle des déchets: une catégorie inférieure composée principalement de chiffonniers qui ne génèrent que des revenus de subsistance et qui sont considérés comme le premier maillon de la chaine de valorisation ; et une autre catégorie supérieure composée de patrons de grandes galssas. Ils sont propriétaires d'un ou plusieurs camions et de broyeuses de plastique. Abderhamane, un chiffonnier de 42 ans, sillonne les rues du quartier Moulay Rachid pour récupérer avec des mains dégantées, divers matériaux recyclables, tels que les bouteilles en plastique. Interrogé par les jeunes reporters, cet homme marié et père d'un enfant explique qu'après le tri des déchets, il vend les bouteilles collectées à un intermédiaire qui les revend ensuite à des usines et des entreprises pour les recycler et les revaloriser. Le plastique collecté est vendu entre 1 et 1,5 DH le Kg. Abderhamane avoue que ce métier constitue son unique gagne-pain, un moyen de survie au quotidien. « Sans ce métier, je fais quoi ? Je deviens criminel ? Malgré les conditions difficiles dans lesquelles je travaille, la violence de la police et parfois même des habitants, je dois travailler pour nourrir ma famille « , a-t-il lancé. Les collecteurs travaillent dans des conditions dangereuses, ils sont exposés aux dangers des produits chimiques, aux risques de produits tranchants en plus des risques de contracter des maladies contagieuses. Abderrahmane, un récupérateur faisant sa tournée dans les rues de Moulay Rachid Pas loin de Moulay Rachid, à Lahraouiyine, Mustapha, patron de galssa depuis 30 ans et « Lamine » du souk où se fait le tri des déchets collectés explique « Nous achetons les déchets en plastique en vrac (sachets, bidons, sauts, bouteilles....) et après avoir enlevé les impuretés, nous les trions selon la couleur (bleu, rose, vert-jaune, blanc et marron). Enfin nous les broyons pour obtenir des granulés ». « Ce métier fait vivre des milliers de personnes et il est très importants pour le recyclage et l'environnement, sachant que chacun de nous broie une tonne de plastique par jour. Dans cette zone il y a environ 60 intermédiaires. Vous imaginez la quantité de plastiques transformée en matière première? », ajoute-t-il L'galssa où se fait le tri des déchets, Lahraouyine Les récupérateurs, agents de la propreté et de la prospérité Le secteur informel des déchets permet de préserver l'environnement et les ressources naturelles, tout en générant un nombre considérable d'emplois. Il permet de collecter et de recycler des quantités importantes de déchets, améliorant le taux de recyclage du pays pour un prix particulièrement modique. D'après ce reportage mené à Casablanca, une grande quantité des déchets en plastique provenant des ménages casablancais échappe ainsi à un simple enfouissement en décharge... L'objectif de ce reportage mettre en lumière le grand travail fait par ces soldats et militants écologiques pour un environnement sain sans plastique.