La gestion forestière entame un nouveau virage avec la nouvelle stratégie « Forêts du Maroc 2020-2030 », lancée par le Souverain le 13 février. Elle était au cœur d'une importante réunion organisée par le ministère de tutelle, pour son lancement opérationnel. Le ministre de l'Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts, Aziz Akhannouch, a présidé le mercredi 26 février 2020 à Skhirat, une grande réunion avec les responsables centraux, régionaux et provinciaux du département des Eaux et Forêts afin de partager autour des prochaines étapes de mise en œuvre de la nouvelle stratégie « Forêt du Maroc 2020-2030 » Le ministre a rappelé à cette occasion que l'objectif de ce nouveau plan, lancé par le Roi Mohammed VI ce 13 février, est de rendre le secteur forestier plus compétitif et durable, à travers un modèle de gestion inclusif et créateur de richesses qui place les populations usagères au cœur de la gestion des forêts. Le ministre a par ailleurs insisté sur l'importance de cette stratégie pour relever les défis auxquels se trouve confronté le patrimoine forestier marocain et la nécessité de conjuguer, de façon adaptée, les impératifs sociaux, économiques et environnementaux. Il a également mis en exergue les principes du nouveau mode de gouvernance, qui met l'accent sur le dialogue et la déclinaison des grandes orientations politiques de la nouvelle stratégie forestière dans le cadre de contrats programmes régionaux impliquant l'ensemble des partenaires institutionnels, le secteur privé, les organisations interprofessionnelles, les établissements de formation et de recherche et la société civile. Une mise en œuvre qui nécessite la mobilisation de l'ensemble du personnel forestier, a soutenu A. Akhannouch. Mise en place d'un comité de pilotage et d'un comité de suivi Pour accompagner la mise en œuvre de cette nouvelle stratégie, deux instances sont créées à savoir un comité de pilotage présidé par le ministre et un comité de suivi présidé par le Secrétaire général du département. Rappelons que la nouvelle stratégie forestière s'appuie sur cinq orientations pour faire de la forêt un espace de développement qui consiste à changer le regard des usagers sur la forêt ; un espace durable pour faire respecter la ligne rouge des capacités forestières pour ne plus détruire le capital forestier, préserver et développer toutes les ressources naturelles ; un espace participatif à travers l'engagement des usagers dans une gestion partagée pour atteindre les objectifs ; un espace productif en mobilisant tout le potentiel offert grâce au partenariat privé pour soulager la pression d'une exploitation informelle des forêts ; et enfin, un espace biodivers en sauvegardant le patrimoine naturel à travers un réseau d'espaces emblématiques. Pour y parvenir, le nouveau plan s'articule autour de quatre axes majeurs. Le premier axe porte sur la création d'un nouveau modèle basé sur une approche participative, avec la population comme premier partenaire dans sa gestion. Cela passe à travers la création de plus de 200 organismes locaux de développement forestier, La contractualisation avec les usagers de la protection participative des 50.000 hectares d'arbres prévus d'être plantés annuellement, la création d'un nouveau corps de plus de 500 animateurs territoriaux pour jouer un rôle de médiation auprès de la population locale, en plus de la promotion d'amodiations de chasse auprès des associations et sociétés suivant le cahier de charges. Le deuxième axe concerne la gestion et le développement des espaces forestiers selon leur vocation en encourageant l'investissement privé sur une superficie de 120.000 hectares d'eucalyptus et de pin, avec une identification stricte des obligations sociales des acteurs privés, ainsi que l'aménagement et la valorisation du réseau des dix parcs nationaux pour amorcer l'essor d'une filière écotouristique prospère. Le troisième axe porte sur le développement et la modernisation des professions forestières en créant des pépinières forestières modernes avec des spécifications modernes en partenariat avec le secteur privé. Cela tout en veillant à préserver la caractéristique génétique des forêts nationales. La numérisation des moyens de gestion du secteur, la modernisation et le développement des parcours techniques forestiers comptent aussi parmi les leviers retenus. Le quatrième axe porte sur la réforme institutionnelle du secteur à travers la création de l'Agence des Eaux et Forêts, qui sera en charge de la gestion régalienne du domaine forestier privé de l'Etat en dehors des parcs nationaux, et l'Agence de la conservation de la nature qui sera en charge de la gestion des différentes zones des parcs nationaux. Il portera également sur l'adéquation du cadre juridique et la qualification des ressources humaines selon les spécificités des métiers et la création d'un pôle formation et recherche.