Les 2 153 milliardaires du globe détiennent désormais plus d'argent que 60 % de la population mondiale, dénonce lundi l'ONG Oxfam, soulignant une concentration des richesses au détriment notamment des femmes, « en première ligne » des inégalités. « Le fossé entre riches et pauvres ne peut être résolu sans des politiques délibérées de lutte contre les inégalités. Les gouvernements doivent s'assurer que les entreprises et les riches paient leur juste part d'impôts » affirme Amitabh Behar, responsable d'Oxfam en Inde, et qui représentera l'ONG cette année au Forum de Davos, cité dans un communiqué. Le rapport annuel d'Oxfam sur les inégalités mondiales est traditionnellement publié juste avant l'ouverture, mardi, du 50e World Economic Forum (WEF) à Davos, en Suisse, rendez-vous traditionnel de l'élite économique et politique du globe, et après une année 2019 marquée par de grands mouvements de contestation sociale du Chili au Moyen-Orient, en passant par la France. « Les inégalités indécentes sont au cœur de fractures et de conflits sociaux partout dans le monde [...] Elles ne sont pas une fatalité (mais) le résultat de politiques [...] qui réduisent la participation des plus riches à l'effort de solidarité par l'impôt, et fragilisent le financement des services publics », insiste de son côté Pauline Leclère, porte-parole d'Oxfam France, également cité dans un communiqué. Selon les chiffres de l'ONG, dont la méthodologie s'appuie sur les données publiées par la revue Forbes et la banque Crédit suisse mais reste contestée par certains économistes, 2 153 personnes disposent désormais de plus d'argent que les 4,6 milliards les plus pauvres de la planète. Inégalités hommes-femmes Par ailleurs, la fortune des 1 % les plus riches du monde « correspond à plus du double des richesses cumulées » des 6,9 milliards les moins riches, soit 92 % de la population du globe, une concentration qui « dépasse l'entendement », détaille le rapport. « Les femmes sont en première ligne des inégalités à cause d'un système économique qui les discrimine et les cantonne dans les métiers les plus précaires et les moins rémunérés, à commencer par le secteur du soin », insiste Pauline Leclère. Selon les calculs d'Oxfam, 42 % des femmes dans le monde ne peuvent avoir un travail rémunéré « en raison d'une charge trop importante du travail de soin qu'on leur fait porter dans le cadre privé/familial », contre seulement 6 % des hommes. Or, entre ménage, cuisine et collecte de bois et d'eau dans les pays du Sud, « la valeur monétaire du travail de soin non rémunéré assuré par les femmes âgées de 15 ans ou plus représente au moins 10 800 milliards de dollars chaque année, soit trois fois la valeur du secteur du numérique à l'échelle mondiale », estime l'ONG. En France, 7 milliardaires possèdent plus que les 30 % les plus pauvres, et les 10 % les plus riches des Français concentrent la moitié des richesses du pays, relève par ailleurs Oxfam. (Avec OuestFrance)