ONEE-Masen, la relation entre les deux principaux acteurs des énergies renouvelables est-elle réellement électrique comme annoncé récemment par un média étranger ? Contacté par nos soins, le Directeur général de l'ONEE tire les choses au clair. Depuis l'entrée en vigueur de la loi 38-16 sur l'Office national de l'électricité en 2016, le secteur connaît une restructuration profonde qui s'inscrit dans le cadre de la réforme du secteur des énergies renouvelables au Maroc. La loi avait prévu le transfert de l'ONEE à MASEN de chaque moyen de production, existant ou en cours de construction ou de préparation, utilisant les ressources énergétiques renouvelables. Sont exclues les stations de transfert d'énergie par pompage, les installations de production d'électricité destinées à la pointe et à la stabilité du système électrique national et les installations de production d'électricité de sources d'énergies renouvelables régies par les dispositions de la loi n° 13-09 relative aux énergies renouvelables. L'objectif de cette réforme, rappelons-le, étant de garantir une large complémentarité pour une meilleure synergie et une grande efficience entre les différents acteurs. Sauf que, à en croire les informations qui circulent, les relations entre l'ONEE et Masen sont électriques. L'information des tensions entre les deux entités a été relayée, la semaine dernière, par Maghreb Confidentiel. La cause de la discorde serait le prix du transfert de l'électricité d'origine renouvelable sur lequel les deux opérateurs n'arrivent pas à se mettre d'accord. Le journal rapporte que chacun tire la couverture de son côté. D'une part l'Office, dont la situation financière est critique, cherche à assurer un prix qui lui permet de dégager un excédent. D'autre part Masen, qui cherche plutôt à assurer le prix le plus bas de l'énergie solaire afin de garantir la compétitivité de cette énergie. Le prix de transport gonflerait le prix final de l'électricité renouvelable la rendant moins attractive et ce contrairement aux prix de revente négociés dans le cadre de contrats d'achat d'électricité du PPA (Power Purchase Agreement). Pour en démêler davantage le vrai du faux de ces révélations, nous avons contacté le directeur général de l'Office. Etonné, Abderrahim El Hafidi nous a affirmé que ses informations sont infondées. « Bien au contraire, l'ONEE et Masen travaillent dans une symbiose professionnelle afin de relever tous les challenges. On se considère comme étant un seul corps. Entre la production des énergies renouvelables par Masen, et la production thermique par l'ONEE ainsi que le transport et la distribution, les deux entités se complètent », a précisé le DG de l'ONEE. Nonobstant, il affirme qu'il y a encore du travail de mise en œuvre du processus de transfert des unités de production renouvelable. Interrogé sur la question d'un prétendu blocage relatif au processus de transfert dû à la rivalité des deux opérateurs auquel le média fait référence, le DG de l'ONEE nie catégoriquement tout blocage. « Les projets de transfert avancent très bien. Nous avons déjà entamé les signatures conjointes des transferts et d'autres sont en cours de signature. Il s'agit des PPA de Boujdour et de Midelt déjà signés entre Masen, l'ONEE et Nareva. Aussi, le PPA de Taza vient-il d'être signé ce lundi 23 décembre entre l'ONEE, MASEN et EDF », tient à préciser le DG de l'ONEE. Quid du regroupement ? En plus de cette réforme, l'ONEE doit relever également un autre grand défi. Il s'agit du processus de regroupement des deux Offices (eau et électricité). Rappelons que ce chantier traîne depuis 2011 soit depuis la publication de la loi 40.09 relative à l'Office national de l'électricité et de l'eau potable « ONEE » dans le bulletin officiel de novembre 2011. La pilule du regroupement n'est pas passée notamment pour la branche eau qui conteste toujours cette fusion. La question est de savoir si avec le contrat-programme Etat-ONEE 2019-2023, en cours depuis 2017 et qui devait être finalisé fin 2019, l'Office arrivera-t-il à dépasser ces obstacles et entamer réellement sa transformation dans l'objectif d'atteindre le but fixé à savoir harmoniser les stratégies nationales dans les secteurs de l'eau et de l'électricité en vue d'assurer la continuité du service public de l'eau et de l'électricité et leur gestion rationnelle ? A suivre.