Ecrit par la Rédaction | En vue de remédier au stress hydrique, des mesures doivent, selon le CMC, être prises pour circonscrire cette problématique en s'attaquant aux causes aggravantes, en traitant les déperditions, en rationalisant l'utilisation anarchique des eaux, et surtout en repensant le modèle agricole dans sa frange agricole. De l'avis unanime des analystes et experts, l'eau au Maroc est le garant incontournable de la sécurité alimentaire, au vu du fait que l'économie est fortement tributaire des précipitations qui conditionnent, incontestablement, les rythmes des bonnes années agricoles. Mieux encore, les bonnes années agricoles sont synonyme de génération de revenus, surtout pour la population rurale qui, revivifie, à ces occasions, leur participation à l'animation du marché de biens et services, par leur consommation, en contribuant ainsi à la dynamisation de l'économie nationale. Les experts en environnement et développement durable n'ont cessé de rappeler que le Maroc connaît des carences sous l'effet des changements climatiques et des vagues répétitives de sécheresse, qui ont pris une tournure structurelle. Cela a poussé, rappellent-ils, le Royaume à entreprendre une politique de renforcement des infrastructures, de mobilisation et de stockage de l'eau, au niveau de l'ensemble du territoire, multipliant ainsi les grands barrages, les barrages collinaires, les canaux de distribution et autres stations d'épuration... Cet empressement à développer l'offre, a toutefois négligé de réglementer, de manière parallèle, la gestion de la demande. Ce qui a conduit à l'apparition de comportements irrationnels dans l'utilisation de l'eau. Ce qui traduit l'urgence d'une restructuration de la vision de l'Etat et d'une application factuelle du Plan national de l'eau (PNE) 2020–2050, qui se veut être une feuille de route pour relever les défis de l'eau au cours des 30 prochaines années. Dans ses différentes composantes, le PNE a pour objectif d'améliorer l'offre en eau, par une série de programmes comprenant des constructions de barrages, des connexions de bassins hydrauliques, des constructions de stations de dessalement d'eau de mer, une intégration de l'ensemble des centres ruraux dans des systèmes structurés d'approvisionnement en eau potable, une allocation de ressources en eau propre au développement d'une agriculture durable et, pour finir, des mesures de préservation des écosystèmes et de lutte contre la pollution. Le Ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, déclare que les mesures déployées par le Maroc, pays placé dans la zone géographique la plus impactée par le changement climatique, a mis en œuvre deux catégories de mesures combinées : celles dédiées à la situation conjoncturelle actuelle et celle à caractère structurel, objet de la stratégie à plus long terme. Le bilan d'exécution du Programme national d'économie de l'eau d'irrigation fait valoir, aujourd'hui, une opportunité d'économiser l'équivalent de 2 milliards de mètres cubes d'eau d'irrigation par an. Ce, grâce à l'équipement de près de 750 000 ha en irrigation localisée et au prolongement de l'irrigation, à l'aval des barrages, dans un partenariat public-privé. Comment parfaire les résultats obtenus ? Cependant, il n'en demeure pas moins qu'il reste à parfaire les résultats obtenus par les investissements publics financés dans le cadre du PMV, en matière d'irrigation goutte-à-goutte, d'optimisation du rendement de ressources en eau, de la diversification des cultures, en donnant une plus large place aux cultures à haute valeur ajoutée et en promouvant le choix de pratiques agricoles favorisant l'adaptation au climat. Cela peut se traduire par une reconversion des cultures fortement dépendantes de l'eau par d'autres, de moindre exigence (Olivier, Palmier, Arganier, Amandier, Figuier, Caroubier, Câprier...). Il est possible, à cet égard, de développer des variétés végétales génétiquement améliorées, à l'exemple des céréales et des légumineuses, dans une valorisation de la recherche agronomique et un encouragement à une plus grande acclimatation au déficit hydrique par la régularisation des techniques du semis direct et de l'irrigation d'appoint... le Fonds de développement agricole pourrait jouer un rôle stimulateur pour encourager et activer la cooptation des méthodes technologiques davantage ajustées aux aléas climatiques. Lire également : Stress hydrique : enjeux et limites des eaux non conventionnelles