Ecrit par la Rédaction | A l'heure où la crise alimentaire frappe à nos portes réveillant les souvenirs douloureux du spectre de la famine en Afrique, le continent dispose de 60 % de terres arables non cultivées. Se pose alors la problématique d'atteindre des niveaux élevés de productivité tout en veillant à la durabilité sur un continent où l'agriculture représente près de 25% de PIB, tout en ne perdant pas de vue les effets du changement climatique sur ce secteur vital aussi bien pour l'Afrique que le reste du monde. Voilà un paradoxe qui refait surface à chaque fois que se profile une crise alimentaire : l'Afrique est le continent le plus vulnérable aux tensions sur les cours des matières alimentaires alors qu'il a tous les atouts d'être le grenier du monde. On apprend ainsi que l'Afrique sub-saharienne a importé environ 48,7 milliards de dollars de nourriture en 2020 et en a exporté environ 35 milliards de dollars. Un paradoxe alimenté par la vocation agricole de nombre de pays africains, puisque l'agriculture représentait 23 % du PIB du continent africain en 2019 et surtout que le continent compte 60% des terres arabes non cultivées, selon le rapport « Agriculture in Africa 2022 », produit par Oxford Business Group en partenariat avec le Groupe OCP. Bien évidemment ce travail n'occulte pas les grandes menaces que font peser sur le continent le changement climatique et les défis environnementaux. En résumé, ce rapport explore les possibilités d'atteindre les niveaux les plus élevés de productivité en la conciliant avec la durabilité. Comment dès lors l'agriculture en Afrique, continent qui enregistre des moyennes élevées de croissance par rapport au reste du monde, peut-elle faire face aux défis futurs et répondre aux besoins aussi bien de ses populations que le reste du monde sous le poids de l'évolution démographique ? Selon le FMI, le PIB total la production pour l'Afrique subsaharienne a été estimée à 2,1 milliards de dollars en 2022. D'ici 2026, ce chiffre devrait atteindre 2,9 milliards de dollars. Dans le même temps, la population de la région devrait plus que doubler au cours des 30 prochaines années, présentant un réel défi pour les pays africains. L'ONU Alimentation et l'Organisation de l'agriculture (FAO) estiment qu'en 2050, la production alimentaire mondiale devrait augmenter d'environ 50 % par rapport aux niveaux de 2012 pour répondre à la demande d'une population qui croît en nombre et en appétit. Selon le rapport d'OBG en partenariat avec OCP, les vastes ressources naturelles inexploitées de l'Afrique subsaharienne seront essentielles pour garantir que la production alimentaire rythme de la demande mondiale. L'agriculture contribuera également à stimuler l'industrialisation de nombreuses économies africaines. Cependant, la voie de l'industrialisation doit être tracée selon un équilibre prudent entre le développement économique et les efforts mondiaux d'atténuation des changements climatiques, dont le continent contribue à moins de 4% mais en est l'une des principales victimes. L'idée de la création d'une économie circulaire s'impose à la lecture du rapport mais en pratique, une agriculture verte et circulaire devrait être soutenue par les énergies renouvelables, les innovations technologiques comme les drones et les systèmes d'irrigation intelligents sans oublier la lutte également contre le gaspillage et la favorisation du recyclage. Pour Hanane Mourchid, directrice Sustainibility & Green Industrial Development, interviewée dans le cadre de ce rapport, il est clair que l'Afrique est une partie essentielle de la solution aux défis mondiaux liés à l'alimentation Sécurité... L'économie circulaire et des politiques axées sur la durabilité permettront de répondre à ces défis en améliorant les pratiques agricoles et aller vers plus méthodes d'agriculture régénératrices, qui restaureront la biodiversité et la qualité des sols, tout en facilitant des niveaux de production plus élevés. Pour elle, le continent est mieux doté en ressources naturelles notamment d'énergies renouvelables. « De cette façon, l'Afrique est en position de force pour créer des solutions en réalisant le potentiel de la durabilité et maximiser les énergies renouvelables et les ressources en eau. Cela contribuera à faciliter le développement durable et régénérateur des pratiques agricoles, qui sont impératives pour l'avenir du secteur agricole. Ces solutions permettront également d'augmenter les rendements des agriculteurs, en leur garantissant un revenu, tout en leur permettant de maximiser l'efficacité et l'efficience des terres non cultivées ». Ce qui implique l'adhésion aussi bien des gouvernements, des centres de recherche et développement ainsi que du secteur privé pur favoriser l'implémentation de nouvelles techniques certes plus coûteuses financièrement mais avec une importante valeur ajoutée en termes de productivité et durabilité. Un défi en soi. Dans une région qui fait déjà face à des urgences liées aux défis de l'insécurité alimentaire, les avantages à long terme d'un modèle économique circulaire vert peut être difficile à voir. Cependant, la région étant confrontée à des répercussions disproportionnées au changement climatique, il est dans l'intérêt des gouvernements de construire des économies circulaires. Concernant ce volet, Hanane Mourchid, détaille l'expérience de l'OCP en tant qu'acteur mondial majeur du phosphate, qui s'emploie à répondre à la demande de phosphate, tout en rééquilibrant son impact environnemental et le transformer en opportunités positives pour la communauté plus vaste. « Afin d'atteindre cet objectif, nous avons mis en place plusieurs feuilles de route pour respecter nos engagements environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), dans le but d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2040 tout en respectant 100% de nos besoins en électricité par des sources d'énergie propre. Ces principes ont été intégrés dans l'ensemble de notre chaîne de valeur ». Mais l'office ne s'arrête pas en si bon chemin dans ce sens où la recherche et l'innovation sont essentielles pour assurer l'avenir des entreprises et leur durabilité. D'où l'étroit partenariat entre l'OCP et l'UM6P qui a abouti au développement d'un large portefeuille de projets dédiés au développement responsable et générateur de nouvelles pratiques agricoles, en en plus d'un ensemble de nouvelles formules d'engrais personnalisées.