Ecrit par Soubha Es-Siari | La BERD lance au Maroc avec le soutien de l'UE et du Fonds vert pour le climat, sa ligne de financement vert « GEFF » déjà opérationnelle dans 28 pays à travers plus de 170 institutions financières partenaires. Un package doté d'une large gamme d'investissements verts dédié, entre autres, à l'énergie renouvelable, à la gestion de l'eau et au traitement des déchets. Le lancement de la nouvelle ligne de financement vert GEFF ( Green Economy Financing Facility ) par la BERD a été un moment opportun pour revenir en détail sur les réalisations et engagements du Maroc en matière de gestion des risques climatiques mais également de rappeler le bilan des lignes de financement de l'énergie durable lancées auparavant par la BERD au Maroc à savoir Morseff et Green Value Chain. A rappeler que la BERD a comme engagement d'atteindre 50% de ses investissements dans le vert d'ici 2025, un objectif qui selon la BERD est devancé au Maroc dans la mesure où l'année dernière, plus de 50% des investissements de la BERD sont concentrés dans le climat. Morseff était la première ligne de financement verte de la BERD au Maroc financée par l'UE, la BEI, l'AFD, KFW... Cette ligne a financé des projets dans le domaine l'énergie durable. Aujourd'hui, clôturée, elle a financé plus de 250 projets verts par l'intermédiaire des institutions financières partenaires. A noter que Morseff a réalisé des économies d'énergie de 204.000 MW heures /an et évité des émissions de CO2 de 97.000 ppm/an. Ce qui équivaut à planter 4 millions d'arbres ou retirer 23.000 voitures de la circulation. La ligne de financement des chaines de valeur vertes (GFC) est une ligne de crédit de 90 millions d'euros. Lancée en 2019 au Maroc avec l'appui de l'UE, cette ligne de financement est dédiée aux PME intégrées dans les chaînes de valeur. A ce jour, la GFC a réalisé un portefeuille impressionnant. Aujourd'hui, la BERD lance au Maroc avec le soutien de l'UE et du Fonds vert pour le climat , sa ligne de financement vert GEFF déjà opérationnelle dans 28 pays à travers plus de 170 institutions financières partenaires. Au Maroc, GEEF va financer des projets des entreprises marocaines dans le développement des énergies renouvelables, de l'efficacité énergétique, de l'eau, de la réduction des déchets, des bâtiments verts et de l'économie circulaire par l'intermédiaire des institutions financières et leurs filiales leasing. Il s'agit notamment de Bank Of Africa, BMCI, Crédit du Maroc, CIH Bank et Société Générale Maroc. Au-delà du financement vert, GEFF fournit également de l'assistance technique aux institutions financières partenaires et aux entreprises bénéficiaires tout en accordant des subventions pouvant atteindre 15% du financement éligible. SNDD : le Maroc entame la 2éme phase Cette ligne de financement, selon Mohammed Benyahia secrétaire général du ministère de la transition énergétique, vient à point nommé eu égard à la dynamique que connait le Maroc en matière de développement durable mais aussi à la nécessité de la relance verte, inclusive après la crise sanitaire. La volonté du Maroc se décline, rappelle-t-il à l'occasion du lancement de la nouvelle ligne de financement vert GEFF, dans les différentes politiques et programmes gouvernementaux. La Stratégie nationale de développement durable SNDD a permis d'intégrer la durabilité dans les politiques sectorielles. Le Maroc passe aujourd'hui à la phase 2 de la SNDD qui vise une transition vers une économie verte et inclusive à l'horizon 2030. En matière de climat, le Maroc à l'instar des autres pays a préparé sa stratégie NDC en la matière, laquelle a été révisée en juin dernier pour revoir à la hausse ses ambitions. La réduction des gaz à effet de serre va atteindre plus de 45% à l'horizon 2030. La NDC comporte un portefeuille de 60 projets couvrant tous les secteurs clés de l'économie. Le coût total de ce portefeuille de projets est évalué à 39 Mds de dollars pour la partie atténuation et à plus de 40 Mds de dollars pour la partie adaptation. Sur le long terme, le Maroc a mis en place une stratégie bas carbone alignée sur les objectifs du NMD et articulée autour de 7 axes stratégiques qui visent la transformation économique et sociale en un développement faible en carbone. Lesdits axes stratégiques sont notamment la généralisation de l'efficacité énergétique dans l'ensemble des systèmes productifs, le développement de l'hydrogène vert, la mise en place de nouvelles chaines de valeur vertes, la stimulation de l'économie circulaire et la promotion de la mobilité durable. « La réussite de cette stratégie passe certes par la mobilisation de toutes les parties prenantes mais également par la mise en place de solutions innovantes. « La GEFF ne peut en être qu'une », annonce M. Benyahia. Gestion des risques climatiques : les attentes de BAM En mars 2021, Bank Al-Maghrib a édicté une Directive définissant ses attentes vis-à-vis des banques en matière de gestion des risques financiers liés à la fois au changement climatique et à l'environnement. L'objectif de cette Directive vise à amener les acteurs bancaires à intégrer les considérations climatiques et environnementales dans leurs dispositifs existants, à mettre au point une offre de produits financiers verts, à renforcer leur capacité dans ce domaine et à sensibiliser leur clientèle à verdir leur activité. « Plus concrètement, ce qui est attendu des banques aujourd'hui c'est d'intégrer les enjeux climatiques et environnementaux dans les dispositifs, de se doter des outils et moyens techniques nécessaires » : explique Najwa Mouhaouri, responsable service finance verte au sein de BAM à cette même occasion. La Banque Centrale attend également à ce que les banques commencent à publier régulièrement leurs pratiques de gestion des risques climatiques et environnementaux en convergence avec les standards internationaux en attente d'avoir un référentiel local. « La BERD pourrait apporter une valeur ajoutée si elle accompagne le secteur bancaire à déployer les dispositions de cette directive à travers des actions de formation qui permettraient aux banques de renforcer leur compréhension des risques, des outils analytiques développés à l'international et de réussir l'intégration des risques climatiques dans l'ensemble de leurs dispositifs', enchaîne N. Mouhaouri. Ce qui permettra par la suite, selon elle, à BAM d'articuler les actions réglementaires appropriées dans ce domaine.