Après plusieurs années d'attentisme, les indépendants auront enfin leur assurance maladie obligatoire (AMO). Quid de sa contribution au financement du secteur ? Le Conseil de gouvernement qui s'est tenu le jeudi 13 septembre a adopté le projet de décret n°2.18.622 portant application de la loi n°98.15 relative au régime de l'Assurance maladie obligatoire de base et de la loi n°99.15 visant la création d'un régime de retraite au profit des catégories des professionnels, des travailleurs indépendants et des non-salariés exerçant une activité libérale. Jusque-là exclus du système de couverture sanitaire, les travailleurs indépendants et les personnes non-salariées exerçant une activité libérale seront désormais couverts. Le Conseil d'administration de l'Agence nationale de l'assurance-maladie (ANAM) avait approuvé à l'unanimité la proposition de l'Agence relative au taux de cotisation à l'AMO des indépendants fixé à 6,37% aux catégories des professionnels, des travailleurs indépendants et des personnes non-salariées exerçant une activité libérale, conformément à l'article 23 de la loi 89-15. Un taux aligné à celui de l'AMO-secteur privé. La question qui se pose désormais : l'extension de l'AMO à cette catégorie socio-professionnelle permettra-t-elle d'augmenter la part de l'assurance maladie au financement de la Santé au Maroc ? A noter que selon les chiffres du ministère datant de 2013, l'assurance maladie n'a contribué au financement de la Santé qu'à hauteur de 22,4% avec une augmentation de 4 points en 3 ans. Contrairement aux attentes, les deux tiers (68,3%) des paiements des prestations de soins dans le cadre du tiers payant ont profité au secteur privé. Les hôpitaux publics ne bénéficient qu'à peine 10,3% de l'ensemble des paiements directs des organismes gestionnaires de l'AMO. En d'autres termes, les bénéficiaires de l'AMO préfèrent se faire soigner dans le privé plutôt que dans le public où la qualité des soins laisse à désirer. Conséquence, un niveau de financement de la santé faible et un coût des soins très chers. Si l'extension de la couverture médicale aux catégories des indépendants et des professions libérales permettra au Maroc de franchir une étape importante dans le processus de la couverture sanitaire universelle (CSU). Il en faut beaucoup plus pour rétablir la confiance entre les citoyens et leur système de santé. Cette crise de confiance n'est pas sans conséquence notamment sur les financements du secteur. Un manque à gagner énorme pour le secteur auquel le ministère de tutelle doit y remédier.