La première édition du Mpay Forum a réuni près de 150 participants dont des banquiers, des opérateurs télécoms, des développeurs d'applications et des fournisseurs de solutions de paiement intégrées autour du thème « 2017, l'année de l'émergence du Mpaiement ». Au cours des débats, la dualité entre cash et paiement mobile a servi de trait d'union à l'ensemble des échanges qui ont animé ce Forum. Représentant à peine 10% des transactions au Maroc, le paiement électronique peine à s'imposer face au cash fortement ancré dans les habitudes marocaines. Pour Saloua Karkri-Belkziz, présidente de la Fédération Marocaine des Technologies de l'Information, des Télécommunications et de l'Offshoring (APEBI), le Kenya en particulier est en avance en matière de paiement mobile. « 60 % des Kényans utilisent aujourd'hui le système et réalise 67% du volume des transactions. Le succès initial de la plateforme est lié aux transferts et au faible taux de bancarisation, mais a évolué rapidement ». Par contre, au Maroc, malgré un taux de bancarisation de 64% et un taux de pénétration du mobile de 130%, la majorité des transactions sont réalisées en espèces et les paiements par chèques, cartes, virements ou prélèvements bancaires restent à des niveaux faibles avec 4 à 5 transactions annuelles par habitant. « D'où la nécessité d'aborder les enjeux du paiement mobile en faisant le point sur la valeur ajoutée de ce mode de paiement ainsi que les leviers à activer pour en assurer un développement vertueux », insiste la présidente de l'APEBI. Pour Mohamadou Diallo, directeur de la publication de Cio Mag, initiateur de ce Forum en partenariat avec l'APEBI, le choix de ce thème coïncide avec « l'ambitieuse initiative des autorités marocaines de faire paiement mobile un secteur dynamique, un accélérateur du business pour des milliers d'acteurs et un moyen pour soulager des millions d'usagers ». Pour renverser cette situation dominée par la culture du cash, une plateforme nationale de paiement mobile sera lancé par Bank Al-Maghrib et l'ANRT. Un choix qui ne fait pas l'unanimité des intervenants du premier panel portant sur les enjeux. Si le choix de la mise en place de la plateforme remporte l'adhésion d'Ahmed Rahhou, PDG du CIH Bank et de Samira Khamlichi, directrice générale de Wafacach, pour en partie maîtriser le coût élevé du cash estimé à 2 milliards de DH par an. Se montrant plus réservé sur l'efficacité d'une quelconque intervention de l'Etat pour réguler le secteur, Mehdi Bouzoubaa, directeur de la Division PAAS à S2M, se dit plus orienté vers une libéralisation des innovations. Intervenant au cours du panel sur « Les enjeux du paiement mobile pour le Maroc dès 2017 : apports, défis et opportunités », Ahmed Rahhou a fait remarquer que le cash en apparence est gratuit alors qu'il comporte un coût caché non négligeable. « Ce coût est accepté, supporté par le système. Aujourd'hui, s'il y a un critère ou un élément qui devrait justifier qu'un système de paiement différent de celui du cash se développe, c'est bien de le mettre en face de ce coût caché, qui est supporté bien souvent par les établissements financiers », a-t-il révélé. « Dans un pays où le paiement mobile n'est pas encore mâture, tout le monde a peut-être intérêt à se mettre autour de la table et justement à favoriser le développement d'un service qui sera bénéficiaire à tout le monde », a recommandé, pour sa part, Rambert Nany, vice-président de Sofrecom lors du panel intitulé « Vers quel modèle d'interopérabilité : quelle sont les contraintes techniques et réglementaires à lever ? » Deux autres sous-thèmes (« Quels leviers pour promouvoir et inciter l'usage du Mpaiement au Maroc ? » et « Mpaiement et confiance numérique ») ont également été proposés aux participants au cours de ce Mpay Forum, y compris des workshops et des retours d'expériences. La question de la confiance a été longuement évoquée. Pour certains spécialistes, si le paiement mobile s'est vite imposé comme une alternative au cash, la question de la sécurité représente un élément important pour la circulation des fonds. Au Maroc, cette problématique sécuritaire est moins perceptible garantissant une circulation plus fluide des fonds.