Droit de préemption, taxe sur logements fermés, aménagement concerté… l'Etat a décidé de prendre le dossier de l'immobilier en main. Voilà enfin des mesures concrètes qui devraient servir à faire baisser la pression sur l'immobilier. Auparavant, public et privé étaient dans l'incapacité (ou bien, ne le souhaitaient-ils pas ?) de réagir à la montée fulgurante des prix de l'immobilier. Excédé par cette flambée, Ahmed Toufik Hejira, le ministre de l'Habitat, a décidé d'y aller frontalement. La semaine dernière, il n'a pas hésité à faire une sortie médiatique des plus surprenantes et déclarer que trop, c'était trop. Le temps est venu de réagir, et fermement. D'abord, l'Etat a décidé d'acheter, auprès du public comme du privé, à tour de bras, du foncier dans plusieurs villes pour ouvrir de nouvelles zones à l'urbanisation. Par exemple, 1.200 hectares ont été acquis à Tanger, des centaines d'autres à Casablanca. A Agadir, l'Etat procède aussi à la même démarche. Ce sont là des opérations ponctuelles qui, à elles seules, ne vont certainement pas résoudre le problème de l'immobilier. Il faudrait bien plus que cela pour résoudre le problème de cherté. Le département de l'Habitat a donc décidé de se pencher sur de vieilles mesures. Certaines existent déjà mais ne sont pas appliquées. D'autres ont fait leur preuve sous d'autres cieux. Ainsi, quatre mesures phares sont en phase d'étude. Si elles aboutissent, elles devront contribuer à faire baisser les prix de l'immobilier. Le ministre de l'Habitat pense sérieusement à réactiver la loi de préemption qui devra contrecarrer la pratique du noir. Cette loi donne la possibilité à l'Etat de se porter acquéreur de biens immobiliers avant tout autre acquéreur privé. En d'autres termes, cela voudrait dire que lors d'une vente, lorsque le propriétaire a trouvé un acheteur potentiel, l'Etat peut s'y substituer. La deuxième mesure qui est à l'étude est la taxe sur terrain non bâti. Elle existe déjà, mais elle n'était pas activée. Le gouvernement veut devenir plus sévère Le gouvernement compte, à cet effet, devenir plus sévère pour faire payer ceux qui spéculent. La troisième action viserait le parc de logements vides. Nul n'ignore que beaucoup de ces unités sont éparpillées sur l'ensemble du territoire sans qu'ils ne soient exploités. Certains évoquent un chiffre de 600.000. Pour ouvrir leurs portes, le gouvernement voudrait, pourquoi pas, instaurer l'équivalent de la taxe sur terrains non bâtis sur ces logements vides. Ce serait une sorte de taxe sur logement fermé. Cette mesure ne devrait cependant pas s'appliquer aux maisons secondaires. La dernière mesure porte quant à elle sur l'aménagement concerté. Il s'agit de faciliter la concertation entre l'Etat et les promoteurs privés qui faisaient une réticence à l'égard de zones à urbaniser en priorité. Cette concertation viserait à concéder des biens à la fois au public qu'au privé. Ce sont autant de mesures qui ne vont certainement pas être approuvées sans la levée de boucliers des promoteurs privés. Ils feront sûrement du lobbying pour assurer au mieux leurs intérêts. Le département de l'Habitat voudrait rester ferme. D'ailleurs, il compte introduire des mesures audacieuses dans le cadre de la loi de Finances 2009. C'est inévitable. Cela ne voudra pas dire qu'entre temps, rien ne sera fait. Des circulaires ou des lois pourront voir le jour, comme le tant attendu code de l'Urbanisme, sensé lutter contre la spéculation.