L'amorce du retour du Maroc au sein de l'Union Africaine (UA) a agité le 27 ème sommet de l'institution panafricaine. Le Président ivoirien Alassane Ouattara fait partie des 28 chefs d'Etat qui ont demandé au Maroc de faire tout son possible pour rejoindre l'Union Africaine. Son ministre des Affaires Etrangères, Abdallah Albert Toikeusse Mabri, décrypte cette intention du Royaume de réintégrer l'UA. ropos recueillis Par Adama Sylla Challenge : L'un des grands sujets qui a agité le 27e sommet de l'Union Africaine à Kigali, a été l'annonce du souhait du Maroc de reprendre sa place au sein de l'institution. Comment réagissez-vous à la lettre envoyée par le Souverain marocain à l'UA ? Abdallah Albert T. Mabri: La démarche du Royaume du Maroc est d'un très grand intérêt pour l'Union Africaine. Elle prouve que, au-delà des vicissitudes de l'histoire, les enjeux actuels imposent que l'Afrique renforce son unité pour affronter les grands défis du monde actuel. Le ministre des Affaires Etrangères de la Côte d'Ivoire que je suis, salue cette démarche et la soutient naturellement. N'oublions pas que le Royaume du Maroc est un pays membre fondateur de l'Organisation de l'Unité Africaine qui est aujourd'hui l'Union Africaine. Il s'agit donc pour ce pays de reprendre sa place au sein la grande famille créée par les pères fondateurs et ce sera un juste retour des choses. Le Président Alassane Ouattara fait partie des 28 chefs d'Etat qui ont demandé au Royaume du Maroc de faire tout son possible pour rejoindre l'Union Africaine. Quelles sont les raisons qui ont motivé cette demande ? Il faut inscrire la démarche du Président Alassane Ouattara dans sa volonté de voir l'Afrique rassemblée, pour se consacrer aux défis futurs : le Développement et la Sécurité. L'absence du Maroc, qui est un des pays fondateurs de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) et qui œuvre au quotidien en faveur de la coopération sud-sud, constitue un manque à l'unité de notre continent. S'exprimant sur la crise qui est à l'origine du départ du Maroc de l'OUA, le Président Houphouët-Boigny disait qu'il fallait ménager l'avenir et refuser pour cela de se mettre dans un camp, mais d'œuvrer seulement pour la Paix : la Paix et l'Unité de l'Afrique. Je pense donc que c'est la motivation essentielle du Président Alassane Ouattara et des autres signataires de la motion sur le retour du Maroc dans l'Union Africaine. Soutenant le retour du Maroc à l'UA, ces 28 chefs d'Etat ont adressé une motion au Président en exercice de l'organisation panafricaine, demandant la suspension de la RASD. Pensez-vous que cette demande va aboutir ? Les auteurs de la motion pensent effectivement que la suspension de la RASD permettra à l'UA de «jouer un rôle constructif et de contribuer positivement aux efforts de l'ONU dans le dénouement définitif du différend régional sur le Sahara». Je pense que cette idée vient d'un souci de cohérence. Le statut de la RASD est la pomme de discorde entre l'UA et le Maroc. Les chefs d'Etats signataires de la motion ne peuvent pas solliciter le retour du Maroc sans rien dire sur cette question. Il s'agit de rappeler que les deux questions sont liées. Envisager le problème dans cette perspective, c'est ouvrir la voie à une solution globale dans le règlement du différend sur le Sahara. Il faut donc voir la proposition des Chefs d'Etat dans une perspective plus large pour la paix dans cette région du continent, qu'une position vis-à-vis de l'une ou l'autre des parties en présence.