Des programmes de rénovation un peu partout, de nouveaux projets en voie de réalisation, le tourisme d'affaires à Casablanca est un chantier mouvementé. De grandes enseignes internationales ont tiré le marché vers le haut et ont poussé certains gestionnaires locaux à suivre. Sans un palais des congrès moderne, le tourisme d'affaires n'a pas de beaux jours devant lui. Et à Casablanca, là où se développe ce tourisme essentiellement, la Marina a son palais. Sur la carte encore, car les travaux de construction, dont le coût est onéreux, n'ont pas encore démarré et connaissent un léger retard. Mais rien de bien inquiétant. Un palais des congrès aura le mérite de conforter la métropole dans sa position de destination d'affaires... et de shopping. Car il faut savoir que Casablanca, en termes de recettes, occupe la première place. Grâce au tourisme d'affaires. Un créneau qui a le vent en poupe. Derrière cette dynamique inouïe, Casa City Center, du groupe Accor, a joué un grand rôle. Ses deux tours hôtels Ibis et Novotel ont grignoté des parts de marché à la concurrence. Et la réaction ne s'est pas faite attendre. Farah Tulip est encore en partie en chantier. Pas seulement. Des chantiers ouverts un peu partout dans la ville, et tous ceux qui prétendent appartenir à ce rang d'hôtels de luxe et de qualité de service hautement exigée, essayent de faire les choses dans les normes. Si Casa City Center a poussé certains gestionnaires d'hôtels à repenser leur gestion, d'autres (Royal Mansour et Hayat Regency) n'ont pas été inquiétés et n'ont pas vu leurs recettes baisser. Des ouvertures et plusieurs chantiers de rénovation Le 1er mars, Kenzy Tower, avec ses 33 étages et son restaurant au 28e étage, ouvre ses portes. Un hôtel de luxe qui donne l'exemple des hôtels d'affaires. Situé au coeur du shopping et des loisirs casablancais et implanté dans l'un des emblèmes de la ville blanche -le bâtiment B des Twin Towers-, cet hôtel, dont le promoteur est Lafico Maroc (Libyen), est géré par le groupe Kenzi Hôtel. Un hôtel qui attend son classement définitif (hôtel 5* de luxe) attribué par une commission présidée par le délégué régional du tourisme deux mois après l'ouverture. Chaque étage ne compte pas plus de 10 chambres spacieuses. En dehors des nouvelles ouvertures, la vague de rénovation a touché un hôtel de la chaîne Dawliz (4*) rachetée par Said Alj. Le Dawliz casablancais porte désormais le nom de «Villa Blanca». «Ibis» Sidi Maârouf bat son plein. Au quartier Lissasfa, le 4* étoiles de Abdellah Sefrioui , «Le Zénith» en l'occurrence, se situe à proximité de Azbane. Suivant cette vague, Actif Invest, le fonds d'investissement immobilier de BMCE Bank, avait racheté l'hôtel Rivoli, ex-Kandra, en août dernier pour 275 millions de DH dans le but de le transformer en hôtel d'affaires. L'adjudication de l'appel d'offres relatif au gérant de la partie rénovation sera fixée dans les jours qui viennent. C'est Mohamed Daha, ex-DG de Crown Plaza et ex-président de l'association des hôteliers de Casablanca, nommé directeur de l'hôtel, qui gardera son classement mais qui changera de nom. Ce sera celui de l'enseigne touristique internationale qui se chargera de la rénovation. Actif Invest est en train de négocier le départ d'une grande partie du personnel. Il s'est avéré que l'hôtel était surpeuplé en termes de rapport personnel- chambres. Le but étant de rajeunir l'équipe et de la former. Les travaux de rénovation démarreront l'été prochain. Des projets signés Samir, RAM... Quant au Crown Plaza, racheté par la compagnie d'assurance Saâda de Moulay Hafid Elalamy, sa rénovation sera terminée en 2010. Toujours pas loin du centre ville, l'hôtel Toubkal de Driss Bssit, ex-président de la fédération des hôteliers. Jouxtant la gare Casa Port, le 4* Anfa Port, partiellement ouvert, accuse des non-conformités qui ont poussé la délégation régionale du tourisme à lui accorder un délai pour se conformer aux normes de classement. Il est géré par un membre de la famille Bennouna, qui détient entre autres l'hôtel Magestic. Loin cette fois-ci, sur la corniche, l'hôtel subit depuis presque deux ans un programme de rénovation. Il appartient à Fechtali, président du WAC (club de football). Le duo de Casa City Center sera un trio à fin 2009 ou début 2010 avec l'ouverture d'un hôtel de luxe Sofitel. Le grand hôtel (Mogador) de Chaabi, en face de la Comanav, est un chantier en stand by. La Samir investit ce créneau en rénovant, 15 ans après sa fermeture, son hôtel Samir 4 étoiles. La réouverture et la rénovation de cet hôtel visent à ce que les dirigeants des grandes sociétés en voyage d'affaires et qui atterriront à l'aéroport de Ben Slimane, qui a récupéré l'activité de l'aéroport d'Anfa, passent leur séjour à Mohammedia sans avoir à subir les affres de la circulation de Casablanca. Sans oublier les hôtels de luxe qui entoureront les 2 golfs de Bouskoura (groupe Addoha). La Royal Air Maroc (RAM) a signé un mémorandum d'entente avec le Bureau des changes pour la création de deux établissements hôteliers d'affaires de 4 et 5 étoiles. L'intérêt de ces grands groupes privés pour le développement de ce créneau de tourisme d'affaires s'explique par le fait qu'il a de beaux jours devant lui. L'absence d'un palais des congrès, qui constitue la principale lacune de Casablanca, ne sera plus d'actualité à fin 2011, avec l'ouverture de la Marina qui englobe 2 hôtels d'affaires 4 et 5 étoiles (tour de 30 étages). Et si aujourd'hui, ce créneau se développe, c'est grâce aux enseignes internationales qui ont commencé à tirer vers le haut le produit marocain, souligne Mohamed Jebroun, délégué régional du Tourisme du Grand Casablanca. Ce professionnel du secteur met en avant le plan de développement régional du tourisme, qui a fixé comme objectif principal à l'horizon 2012 de renforcer le tourisme d'affaires casablancais en doublant la capacité d'accueil, passant de 2000 lits en 2006 à 20.000 lits en 2012. Pour atteindre cet objectif, toujours selon le même responsable, il faut remédier au problème du foncier. Le schéma directeur d'aménagement urbain, qui a été validé récemment, doit enfanter un plan d'aménagement sectoriel qui désignera des zones à vocation touristique et mettra fin aux procédures de dérogations. Pour que, à titre d'exemple, une zone front de mer soit une zone hôtelière. Le nouveau pôle urbain d'Anfa en a grandement besoin.