15 mois seulement après la mise en place du contrat-programme du secteur de l'Artisanat (Vision 2015), les professionnels déplorent le ralentissement de la mise en œuvre de ses grands axes et la baisse des exportations. Le point avec le responsable gouvernemental du secteur, Anis Birou Moins d'un an et demi, et les critiques fusent déjà ! Les professionnels du secteur révèlent une baisse du régime de croisière quant à la mise en branle de la feuille de route du contrat-programme du secteur de l'artisanat. Et pour étayer leurs propos, ils avancent que le bilan est plombé par l'effondrement des chiffres des exportations. Qu'en pense Anis Birou, secrétaire d'Etat chargé de l'Artisanat ? «Quand nous avons mis en place la vision 2015, les exportations étaient de 700 millions de DH, avec comme objectif d'atteindre 7 milliards de DH en 2015. Le constat qui peut être fait actuellement, c'est qu'on a réalisé moins de 700 millions de DH. Je crois qu'il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. La mise en œuvre de la vision requiert beaucoup d'efforts et d'implication de tous les acteurs. Il faut donner du temps aux actions engagées pour qu'elles puissent porter leurs fruits. On ne peut donc augmenter le chiffre d'affaires ou les exportations du jour au lendemain», claironne-t-il. «Ce sont les conséquences du passé» En tout état de cause, les chiffres sont têtus. Ils annoncent une baisse incompréhensible du niveau des exportations par rapport à l'année précédente. Bien argumentées, les explications de Anis Birou apportent des éléments comptables nouveaux. « Ce sont les conséquences du passé. Au niveau des chiffres des exportations, il faut savoir que les exportations de moins de 50.000 DH ne sont pas comptabilisées. Le chiffre de 700 millions de DH est, lui-même, sous-estimé par rapport à la réalité». Derrière ces chiffres, la partie cachée de l'iceberg est sans doute une faible représentation des professionnels dans les salons internationaux. « S'il y a une chose à éviter à l'avenir, c'est de se limiter aux seuls marchés traditionnels (Espagne, France, Allemagne, Angleterre, Italie) comme c'était le cas en 2007 », martèle Anis Birou. Sur le plan de la promotion, il existe d'autres marchés qu'il va falloir explorer. « C'est le cas du marché américain. Je citerai également le Brésil, un marché de 180 millions d'habitants, les pays du Golfe ou les pays de l'Est comme la Russie qui présentent des possibilités énormes. Mais cela n'empêche que nous sommes en train de faire des prospections pour connaître les tendances et les attentes des marchés traditionnels», souligne-t-il. La stratégie de promotion du produit marocain, d'après le secrétaire d'Etat chargé de l'Artisanat, suit une orientation qui consiste à donner la possibilité à toutes les entreprises et à tous les artisans, sans exception aucune, de bénéficier de l'appui de l'Etat pour participer aux salons internationaux. «Mais cela ne veut pas dire qu'on doit continuer à disperser nos efforts sur une vingtaine de salons avec une présence ridicule du produit marocain », tambourine Anis Birou. Et d'ajouter, sur un ton ferme : « Je n'accepterai jamais en tant que responsable de l'artisanat, que la présence marocaine aux salons internationaux soit ridicule. Il n'est pas question d'être présent à un salon juste pour occuper un stand ou deux ». Pour rompre avec ces vieilles habitudes, le responsable gouvernemental lance cette année un appel à manifestation à l'adresse de toutes les entreprises qui peuvent répondre au cahier de charges. «De la sorte, ce ne sont pas les mêmes entreprises qui représentent le Maroc», achève-t-il. Pour une présence efficace, les PME doivent être mieux structurées et compétitives. Concernant les deux grands défis auxquels le secteur fait face, à savoir le financement et le foncier, Anis Birou annonce que le système bancaire a montré sa prédisposition à accompagner les professionnels, notamment les mono-artisans, pour l'accès aux crédits nécessaires, qui ne disposent pas toujours de toutes les garanties exigées, et que son département est en contact avec une grande banque de la place pour essayer d'assouplir les procédures avec des taux préférentiels. Concernant le volet foncier, une étude a été lancée il y a deux mois dont les résultats serviront à arrêter un programme pour la création de zones dédiées à l'artisanat. Une fois l'étude réalisée, les discussions seront entamées avec les ministères des Finances et de l'Habitat (Al Omrane) pour l'identification des terrains.