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Crise alimentaire mondiale : Le Maroc est-il vraiment épargné ?
Publié dans Challenge le 14 - 06 - 2008

Même s'il ne figure pas parmi la liste de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) des pays les plus vulnérables, le Maroc est aussi concerné par la crise alimentaire mondiale. La flambée des cours des matières premières agricoles et énergétiques l'accule à repenser sa stratégie agricole (eau, irrigation…) et énergétique.
C'est à Rome, début juin, que s'est tenue une conférence sur la sécurité alimentaire mondiale dite de haut niveau. C'est dire l'urgence que revêt aujourd'hui la question, à laquelle l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, la FAO, et la Banque mondiale, ont consacré une réunion à plus haut niveau en y invitant les dirigeants de plusieurs pays et le secrétaire général de l'ONU autour du thème de la sécurité alimentaire. Dans ce sens, les participants ont évoqué le rôle des biocarburants, poussés sur le devant de la scène par certains comme une alternative au pétrole, dénoncés par d'autres comme responsables en partie de la flambée des prix des matières premières agricoles. Mais ce qui est réconfortant, c'est l'émergence d'une nouvelle génération de biocarburants qui n'est pas produite à base de produits alimentaires, s'est félicité Nicolas Sarkozy, président de la République française, au cours de son intervention à la conférence de Rome. Une nouvelle version qui pourrait faire oublier la première, considérée comme l'une des causes de l'aggravation de la situation de la crise alimentaire actuelle.
Les pays africains sont
les plus vulnérables
Dans leur rapport, la Banque mondiale et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) ont placé 22 pays sur la liste des pays les plus vulnérables à la crise alimentaire dans le monde, confrontés à la hausse des produits alimentaires.
Parmi ces pays, on trouve notamment l'Erythrée, le Burundi, les Comores, le Tajikistan, la Sierra Leone, le Liberia, le Zimbabwe, l'Ethiopie, Haïti, la Zambie, la République centrafricaine et le Mozambique. Selon la FAO, les prix élevés du pétrole, la demande croissante, les politiques commerciales défaillantes, l'achat de panique et la spéculation sont à l'origine de la flambée des prix des aliments à l'échelle mondiale. Sur la même liste figurent également la Tanzanie, la Guinée-Bissau, Madagascar, le Malawi, le Cambodge, la République populaire démocratique de Corée, le Rwanda, le Botswana, le Niger et le Kenya.
Selon le rapport de la FAO, la récente hausse des prix des aliments dans le monde s'est transformée en une crise alimentaire pour certains pays en développement. Officiellement, le Maroc ne figure pas parmi les pays les plus vulnérables, mais il n'en demeure pas moins qu'il est concerné par cette crise alimentaire mondiale. «Le Maroc compte parmi les pays les plus touchés par cette crise mondiale», assure Driss Benali, économiste et professeur universitaire. Selon lui, avec la hausse des prix des matières premières et agricoles, le Maroc n'a pas de ressources énergétiques pour amortir le choc. Cela se répercute sur le coût de la vie et le pouvoir d'achat du consommateur, du citoyen marocain. Le Maroc table sur les transferts des MRE et sur les investissements directs étrangers (IDE) pour tenir le coup. Mais cela ne suffit pas. Le Maroc doit revoir sa stratégie en matière d'eau et d'énergie», ajoute-t-il. La cherté des matières premières et agricoles que le Maroc importe a lourdement pesé sur les finances du pays. «Le Maroc, riche d'un système de compensation institutionnalisé depuis longtemps, a su juguler ces augmentations. Il est d'ailleurs l'un des rares pays dans le monde à avoir éviter la répercussion de ces hausses sur le marché intérieur, sachant qu'ailleurs, celles-ci ont été d'une moyenne de 40%», avait déclaré Nizar Baraka, ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Affaires économiques et générales. Ces déclarations ne reflètent guère la réalité d'une Caisse de compensation en détresse. La flambée des cours du pétrole, au cours de l'année 2008, a bouleversé toutes les supputations du prix du baril, très conservatrices, déclarées dans la loi de Finances 2008. Si le Maroc a tablé sur un prix moyen du baril à 75 dollars, le prix moyen réel, du moins celui supporté par la Caisse de compensation, dépasse les 100 dollars. Tout compte fait, les subventions du pétrole ont atteint à la deuxième moitié 2008, 3 milliards de DH par mois.
Les subventions revues
à la hausse
A fin 2008, la recette des subventions du pétrole avoisinera les 30 milliards de DH. Alors que cette caisse, dotée initialement de 20 milliards de DH, est censée subventionner les produits pétroliers et les autres matières premières et agricoles (sucre, huile, farine…). Cette lourde charge financière devrait pousser le Maroc à revoir sa stratégie en matière d'eau et d'énergie, affirme Driss Benali. L'économiste se demande pourquoi on ne parle plus dernièrement de l'énergie nucléaire qui s'avère une solution énergétique de choix pour le Maroc, dans la mesure où le pays jouit de ressources importantes de phosphates. En matière d'eau, l'économiste affirme que le Maroc aurait financé une étude qui devrait échafauder la stratégie dans ce domaine. Cette étude, dont a été chargé un bureau d'études américain, coûterait 20 millions de dollars. En attendant les résultats, il dénonce cependant le gaspillage énorme de cette rare denrée dans l'irrigation. Il cite la région d'Agadir-Massa-Draa, qui a permis à ses agriculteurs de s'enrichir mais tout en gaspillant beaucoup d'eau.
Le président du Groupe de la Banque mondiale, Robert B. Zoellick, a déclaré lors d'une conférence de presse tenue à Rome, qu'«il nous faut nous attaquer aux obstacles auxquels se heurtent les millions d'êtres qui se débattent chaque jour pour trouver de la nourriture, puis faire de la cherté des prix une source d'opportunités pour l'agriculture dans le monde en développement, et pour les agriculteurs dans les pays en développement (…), il faudra pour cela accroître la production et la productivité agricoles des pays en développement pour permettre à ces derniers de tirer profit de la demande croissante de produits alimentaires. Dans le contexte de cette stratégie à long terme, la réalisation d'investissements dans la petite agriculture, dans l'agro-industrie et dans la recherche agricole pourrait se traduire par un triplement des rendements».
Dans cette perspective, le Plan Maroc Vert a vu le jour. Il vise la mise sur pied de 1.000 à 1.500 projets par an avec des investissements de l'ordre de 10 milliards de DH, avec pour but de générer un maximum d'investissements privés autour de nouveaux modèles d'agrégation, portés par des investisseurs à forte capacité managériale, la reconversion des exploitants fragiles de la céréaliculture à des productions à plus forte valeur ajoutée, et la création de revenus complémentaires pour les exploitants vulnérables autour du développement accéléré des produits du terroir.
Pour Driss Benali, ce plan butera sur deux obstacles. Les moyens pour financer les projets onéreux de la politique d'irrigation de goutte-à-goutte et le problème de morcellement des propriétés agricoles. Sur ce dernier point, selon lui toujours, il faut créer des coopératives ou des domaines agricoles viables pour pouvoir concrétiser les programmes d'intervention et susciter l'intérêt des investisseurs privés. L'objectif, et il n'y en a qu'un seul, c'est de faire de l'agriculture un moteur de croissance pour l'économie dans dix ou quinze ans, et partant, de réduire au mieux sa dépendance agricole.


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