La nouvelle exposition, «Persona», de Mounat Charrat est taillée dans l'incisif. A découvrir, jusqu'au 26 octobre, à Yakin & Boaz Gallery de Casablanca. L e gris sous toutes ses coutures. Le net, le déstructuré, le paisible, l'insolent, le charmeur, le répugnant... En somme, le gris. Une non-couleur choisie pour conter l'être et ses élucubrations. L'être confus et parsemé de doutes. Des visages surtout, dépouillés de tout délit de faciès. Ils sont gris, ne ressemblent à personne ou plutôt à un tout le monde que la nature n'a pas prévu. Pas d'yeux, pas de bouche, pas de traits. Des surfaces permettant toutes les lectures. Ces faces sont-elles pénétrables ? Non. Ce sont elles qui mènent la danse. Elles réfléchissent un néant chargé de décompositions. Le tout porté par des jeux de mains qui donnent un sens à cette rupture d'expression. Et quel sens ! En se projetant, Mounat Charrat triture -en utilisant la pierre, la résine et le bois-, les non-dits et les sous-faits. Avec cette notion de masque qui sous-entend la protection. De quoi, de qui ? Et c'est tout le projet de cette artiste qui met aux prises sincérité et hypocrisie. Un duel servant le propre de l'Homme. «Persona» figure un interrogatoire dont l'éternel élément nodal met en scène la contradiction. Pour la dissiper, s'imposent des pièges. Seulement, dans les œuvres de Mounat, l'être est joueur, moqueur, souvent détenteur de solides alibis. Il est, de toute évidence, fier et le fait valoir. Il est prêt à emprunter les voies les plus machiavéliques pour que ses fins soient assouvies. Il ne jure que par l'opaque. Et ce gris qui l'aide à enfoncer le clou ! Magistralement, sans jamais forcer le trait. Mounat Charrat sculpte ses expositions (peintures et installations) comme d'autres étalent des récits. A la différence que, chez elle, les mots sont remplacés par des maux.