Lors de sa dernière réunion trimestrielle, le 21 décembre, le Conseil de Bank Al-Maghrib a analysé l'évolution de la conjoncture nationale et internationale ainsi que les projections macroéconomiques de la Banque à moyen terme et a décidé de maintenir inchangé le taux directeur à 1,5%. A la veille de la nouvelle année, Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al Maghrib a présenté, lors d'un point de presse, l'analyse du Conseil relative à la situation internationale et nationale. Concernant les projections macro-économiques, après une contraction de 6,3% en 2020, l'économie nationale devrait connaitre un rebond de 6,7% en 2021, soutenue par les progrès en matière de vaccination, le maintien des stimulus budgétaire et monétaire et la très bonne campagne agricole. La VA agricole augmenterait de 18,8% et celle des activités non agricoles de 5,3%. La croissance devrait se consolider à 2,9% en 2022 avec des perspectives de 3,4% en 2023. Lire aussi | Xavier Reille: «L'investissement privé peut être le moteur d'une croissance forte et inclusive au Maroc» Les données disponibles sur les prix à la consommation font ressortir des hausses sensibles ces derniers mois pour certains produits alimentaires et pour les carburants et lubrifiants. Le résultat est une accélération du taux d'inflation de 0,7% en 2020 à 1,3% sur les 11 premiers mois de 2021, tirée notamment par sa composante sous-jacente qui est passée de 0,5% à 1,5%. Cette dernière, portée par la hausse sensible des prix de certains produits alimentaires, en lien avec l'évolution de leurs cours internationaux, ressortirait à 1,7% en 2021 et à 2,7% en 2022 avant de revenir à 1,8% en 2023. Au niveau des échanges extérieurs, après le recul en 2020, les exportations ressortiraient en expansion de 21,7% en 2021, tirées par la hausse des cours du phosphate et dérivés et des ventes du secteur automobile. Cette dynamique devrait se poursuivre en 2022 avec une progression de 9,2% avant de s'estomper en 2023, avec le repli des cours des engrais phosphatés. Les importations devraient croître de 22,9% en 2021, sous l'effet, essentiellement, de l'alourdissement de la facture énergétique de 48,5%, à 74,2 MMDH. Le rythme de progression devrait accuser une décélération à 8,3%, en 2022, et à 3,1%, en 2023. Lire aussi | L'accord tripartite Maroc-USA-Israël : un an après la victoire diplomatique Pâtissant des restrictions sanitaires, les recettes voyages connaitraient une nouvelle baisse de 9,2%, à 33,1 MMDH, en 2021, après 36,5 milliards, en 2020. Elles rebondiraient ensuite de 31%, à 43,4 milliards, en 2022, et de 63,5%, à 70,9 milliards, en 2023. Les transferts des MRE devraient marquer une forte augmentation de 38,9% pour atteindre un montant record de 94,7 MMDH cette année, et reviendraient progressivement à des niveaux en ligne avec leur rythme tendanciel d'avant crise, enregistrant une contraction de 23,2%, à 72,8 milliards, en 2022, et de 19%, en 2023, à 71,4 milliards. Dans ces conditions, le déficit du compte courant se creuserait de 1,5% du PIB, en 2020, à 2,5% du PIB, en 2021, à 5,3%, en 2022, et à 4,9%, en 2023. Les recettes d'IDE devraient s'établir autour de l'équivalent de 2,5% du PIB en 2021 et se renforceraient à 3% du PIB en 2022 et à 3,5% du PIB en 2023. Tenant compte, en particulier, des projections des flux de financements extérieurs du Trésor, les avoirs officiels de BAM se situeraient à 330,4 MMDH à fin 2021, à 341,6 milliards en 2022, et à 345,7 milliards en 2023, soit l'équivalent de plus de 6 mois et 20 jours d'importations de biens et services. Le taux de change effectif réel devrait terminer l'année 2021 avec une légère appréciation de 0,6% reflétant le renforcement du Dirham en termes nominaux, face notamment à l'euro. Lire aussi | AgenZ lève 5 millions de DH auprès d'Azur Innovation Fund Le crédit bancaire maintient une croissance modérée après l'achèvement de la phase d'octroi des programmes de prêts garantis par l'Etat, mis en place en 2020. Tenant compte des perspectives de l'activité économique et des anticipations du système bancaire, son encours ressortirait en hausse de 3,7% cette année, un rythme qui se consoliderait à 3,4% en 2022, avant de s'accélérer à 4,4% en 2023. Au niveau du budget général de l'Etat, les données de la Loi de Finances et les prévisions de la croissance économique de Bank Al Maghrib, tablent sur un déficit budgétaire, hors produits de cessions des participations de l'Etat, qui atteindrait 6,9% du PIB, en 2021, avant de s'atténuer à 6,3%, en 2022, puis à 5,8%, en 2023. Dans ces conditions, l'endettement du Trésor devrait s'établir à 76,4% du PIB en 2021, et s'alourdir à 78,6%, en 2022, avant de s'atténuer à 75,3% en 2023. A partir de l'analyse de ces données macro-économiques, le conseil de BAM a estimé que « l'orientation de la politique monétaire reste largement accommodante, assurant des conditions de financement adéquates. Il a jugé en particulier que le niveau actuel du taux directeur demeure approprié et a décidé ainsi de le maintenir inchangé à 1,50% ».