Les bonnes performances du secteur du micro-crédit ont fini par aiguiser l'appétit des assureurs qui, jusque-là, n'ont jamais commercialisé de produits de micro-assurance dédiés à la population ciblée par les associations de micro-crédit. Avec plus 1,2 million de bénéficiaires, le micro-crédit au Maroc se porte bien. Mieux encore, le nombre de clients potentiels est estimé à 3,5 millions. Ce qui n'est pas sans commencer à susciter l'intérêt de certaines compagnies d'assurance. En effet, la micro-assurance offre de nouvelles opportunités, qui présentent en outre l'avantage de sensibiliser les populations et de les familiariser au secteur de l'assurance. Axa est sur le point de se lancer sur le marché de la micro-assurance dans le Royaume, à travers une gamme de produits (garanties emprunteurs, dommages, pertes d'exploitation) à destination des populations à faibles revenus, essentiellement les clients des associations de micro-crédit. Le groupe français compte d'abord définir le produit avant de chercher à nouer des partenariats avec les associations. D'autres opérateurs ont déjà investi le créneau. Idem pour Zurich Assurances Maroc et RMA Wataniya… Cette dernière, à en croire Cécile Bredelet, directrice de communication de PlaNet Finance, spécialisée dans la micro-finance, a accepté de financer une étude sur la micro-assurance. Rappelons qu'une quinzaine d'associations de micro-crédit détiennent une licence et sont devenues des références pour la sous-région. Le Maroc compte aujourd'hui plus d'un tiers des bénéficiaires du micro-crédit dans le monde arabe avec des résultats performants. C'est pourquoi cet essor sans précédent impose le développement de la micro-assurance au Maroc. Pas de commercialisation encore En dépit du soudain intérêt affiché par certaines compagnies d'assurance pour ce nouveau marché, les assureurs ne commercialisent pas encore de produits d'assurance formels adressés à la population ciblée par les associations de micro-crédit. En effet, un produit de micro-assurance est destiné à une population marquée par un faible pouvoir d'achat. Par conséquent, ce produit doit être simple et très abordable financièrement. Cette spécificité, ajoutée à un effort important de proximité, a longtemps fait penser à nombre d'assureurs que le secteur de la micro-assurance n'était pas un business assez rentable. Mais au cours de ces dernières années, des modèles ont tendance à relativiser ces jugements. Depuis, les assureurs se sont rendus compte que la micro-assurance et les objectifs sociaux et commerciaux pouvaient faire bon ménage. Le modèle qui connaît le plus de succès semble être celui basé sur le partenariat entre assureurs et associations de micro-crédit. En effet, les compagnies d'assurance ont besoin de ces dernières, qui ont déjà gagné la confiance de la population cible. Cela n'est pas rien, tant cette population manifeste souvent une attitude sceptique ou négative à l'égard des assureurs et risque de percevoir une prime d'assurance comme une taxe. Selon Leila Akhmisse, directrice des études et du développement à la Fondation Zakoura, «c'est surtout l'amendement en décembre dernier de la loi sur le code des assurances et la loi n° 04-07 relatives au micro-crédit, et qui autorisent les associations du secteur à distribuer des produits de micro-assurance, qui expliquent tout cet engouement». Encore faudrait-il que les associations de micro-crédit demandent les agréments auprès du ministère des Finances. Depuis lors en tout cas, certains partenariats de taille sont en cours d'étude. C'est ainsi que plusieurs compagnies d'assurance se sont rapprochées des associations de micro-crédit en vue de nouer des partenariats. «Autant les assureurs se sont rapprochés de nous, autant nous sommes allés à leur rencontre. En effet, s'ils sont en train de définir des produits de micro-assurance, il ne faut pas non plus qu'on accepte n'importe quoi. Nous avons lancé des études pour voir les types de produits qui répondent le mieux aux besoins de notre population cible», précise Leila Akhmisse. Il faut dire également que les compagnies d'assurance ne sont pas bien outillées pour développer ces types de produits, en raison de leur méconnaissance de la micro-finance et plus globalement des populations à faibles revenus. Quoi qu'il en soit, les assureurs y trouveront leur compte, dans la mesure où cela leur permettra de se développer auprès d'une nouvelle masse.