Comment expliquer la réussite du GIEFM (Groupement d'Impulsion Economique Franco-Marocain), que le Français Jean-René Fourtou, président du Conseil de surveillance de Vivendi, co-préside avec Mustapha Bakkoury, directeur général de la CDG ? Interview. Challenge Hebdo : comment expliquez-vous cet engouement pour le Royaume du Maroc ? Jean-René Fourtou : A l'origine de cet attrait puissant pour le Royaume, il y a d'abord la décision du Maroc de s'ouvrir, de se développer, en opérant des choix clairs et en élaborant une vraie vision d'avenir, comme le Plan Émergence... Ce qui est nouveau, avec quelques années de décalage, c'est la prise de conscience et la confiance des industriels français. C. H. : la réussite de la promotion du Maroc par le Groupement est une réussite incontestable. A quoi est due cette réussite? J.-R. F. : disons d'abord que nous avons eu la chance de recevoir la bonne mission au bon moment! En fait, lorsque cette mission nous a été confiée en 2005, presque toutes les grandes entreprises du CAC 40 français étaient déjà présentes au Maroc. Il s'agissait donc de provoquer un nouvel élan, complémentaire, auprès des PME. Le GIEFM y a contribué. Mais, il faut aussi souligner le formidable travail de Fathallah Sijilmassi, l'ambassadeur de SM Mohammed VI en France. Avec son tour de France baptisé «Maroc-Hexagone», il va au contact des PME dans les régions et contribue efficacement à la promotion du Royaume. C. H. : quelques exemples de sociétés françaises que le GIEFM a contribué à attirer au Maroc ? J.-R. F. : l'opérateur touristique Pierre & Vacances est un premier exemple. Plusieurs projets de création de villages de vacances et de résidence pour jeunes seniors dans le Royaume sont en cours, en partenariat avec des Marocains. Un autre exemple est celui du Groupe Safran, qui a créé cinq entreprises en quatre ans au Maroc, en partenariat avec la RAM, et a drainé une trentaine de PME françaises dans sa foulée. Citons aussi l'installation du Groupe Cap Gemini, l'un des chefs de file mondiaux de l'industrie du conseil et des services informatiques, suivi lui aussi par plusieurs sociétés SSII... C. H. : lors d'une récente rencontre entre la CGEM et le patronat français à Paris, on a entendu la présidente Laurence Parisot évoquer le «couple franco-marocain» avec un lyrisme certain… J.-R. F. : je partage son point de vue : les affaires, ce sont d'abord des relations humaines ! Les chiffres seuls ne suffisent jamais à créer quoi que ce soit... Le potentiel humain est d'ailleurs la première ressource du Maroc. Je n'évoque pas seulement les connaissances, mais aussi les aptitudes relationnelles d'une population ouverte, entreprenante, qui manifeste une forte volonté d'apprendre et de réussir. C. H. : maintenant que l'équipement du Royaume en infrastructures avance à grands pas, vous dites volontiers que le nouvel effort déterminant doit porter sur la formation... J.-R. F. : oui, et c'est d'ailleurs un engagement fort de l'État marocain, qui entend y consacrer des moyens très importants. Les entreprises françaises participent bien sûr à cet effort de formation professionnalisante, c'est-à-dire apte à déboucher sur un emploi. C'est le cas d'Accor pour le tourisme, de Safran pour l'aéronautique, de la CCI française de Casablanca, etc. C. H. : que vous inspire le projet du président Sarkozy de promouvoir une «Union Méditerranéenne» J.-R. F. : tout ce qui peut contribuer à créer ou à renforcer un espace commun d'échanges économiques et humains va dans le bon sens, tout comme la mise en place d'institutions politiques favorisant le dialogue. Cela dit, un projet d'ensemble sans stratégie locale ne mènera pas très loin... Pour ma part, je suggérerais de créer des écoles communes pour les jeunes des deux rives de la Méditerranée. Que nos jeunes se connaissent davantage et apprennent les uns des autres durant leurs années de formation. De notre correspondant à Paris,