Maroc Telecom a été surprenant une fois de plus. Il dégage un chiffre d'affaires de 27,5 milliards de DH et confirme, par un résultat net exceptionnel, son statut d'entreprise la plus rentable du Maroc et de contribuable de premier rang pour le Trésor. En février 2007, Maroc Telecom prévoyait une croissance de 10% de son chiffre d'affaires et de 12% du résultat opérationnel. Cela laissaient certains analystes dubitatifs, estimant que l'année 2007 allait être difficile du fait de l'intensification de la concurrence, notamment avec l'arrivée d'un nouvel opérateur. Une année plus tard, la croissance alors annoncée a été largement dépassée, aussi bien sur le plan commercial qu'en ce qui concerne les indicateurs de résultat. Maroc Telecom l'a annoncé, vendredi 22 février dernier, devant la presse nationale et internationale. 27,5 milliards de DH de chiffre d'affaires Le chiffre d'affaires du groupe Maroc Télécom a atteint 27,5 milliards de DH, enregistrant une croissance de 21,7% par rapport à l'année dernière et 10,5% sur une base comparable. En effet, l'année 2007 a été marquée par l'entrée dans le giron du groupe de deux filiales, Gabon Telecom et l'Onatel au Burkina Faso. «Cette évolution exceptionnelle s'explique par le contexte favorable aussi bien au Maroc qu'en Afrique», a rappelé Abdeslam Ahizoune, président du directoire de Maroc Telecom. Elle est également due à la réussite de la politique commerciale de Maroc Telecom, basée sur des offres innovantes en termes de produit et agressives en termes de prix. C'est le cas par exemple de l'offre «Heure Jawal», qui permet d'appeler des téléphones Maroc Telecom pendant une heure et qui a bénéficié de 26 millions de souscriptions. C'est aussi le cas de l'offre «Phony», qui représente désormais 64% du fixe résidentiel, et qui donne la possibilité d'appeler gratuitement des numéros de téléphone fixes. C'est d'ailleurs ce qui a permis au segment fixe de se redresser et d'enregistrer une croissance de 1,8% en nombre de lignes. Cependant, malgré la hausse d'un nombre d'abonnés fixes, le chiffre d'affaires fixe de Maroc Telecom SA a enregistré une baisse non négligeable. Il est passé de 10 milliards à 9,45 milliards de DH, soit un recul de 5,5%. Cependant, les ventes sur segment augmentent aussi bien pour Mauritel (+7,8%) que pour l'Onatel (+0,2%). Mais chez Gabon Telecom, le chiffre d'affaires du fixe a baissé de 25,7%. Toutefois, le mobile, bien que faisant l'objet d'une concurrence féroce, continue d'être le véritable moteur de croissance de Maroc Telecom et de ses filiales. Le chiffre d'affaires du mobile a ainsi progressé de 29,6% (+21,4 sur une base comparable), atteignant 19,3 milliards de DH. Le résultat opérationnel a progressé dans les mêmes proportions que le chiffre d'affaires, atteignant 12,2 milliards de DH. De toutes les filiales, c'est Mauritel qui assure la meilleure contribution au résultat opérationnel avec 397 millions de DH sur le mobile, soit une croissance de 28,5%. Une vraie machine à cash pour Vivendi ! Le mobile Onatel aussi enregistre une progression de son résultat opérationnel de 246 millions de DH, en hausse de 70% par rapport à 2006. En revanche, Mobisud en phase de lancement, n'a engrangé qu'un chiffre d'affaires de 64 millions de DH et une perte opérationnelle de 269 millions de DH. Toutefois, Maroc Telecom reste une vraie machine à cash pour le groupe Vivendi. Il dégage un résultat net de 8,1 milliards de DH, lequel sera entièrement redistribué, correspondant à un dividende de 9,2 DH par action, soit un rendement de 5%. C'est en tout cas la résolution qui sera présentée à l'assemblée générale. L'Etat non plus ne se plaint pas, dans la mesure où en 2007, il a engrangé 2,4 milliards de DH de dividende, 3,5 d'IS, 2,7 de TVA et 1 milliard de DH de taxes diverses, soit un total de 9,9 milliards de DH de contribution au budget de l'Etat. Malgré la croissance externe qui demeure un choix stratégique, Maroc Telecom continue d'augmenter ses investissements. En effet, en 2008, l'entreprise compte porter ses investissements à 5,2 milliards de DH. De même, elle est sur la course pour la privatisation de l'entreprise de téléphonie mobile du Mali et reste toujours intéressée par d'autres opportunités en Afrique subsaharienne. Repères Une croissance beaucoup moins forte Méditelecom a rendu public ses chiffres, pratiquement au même moment que Maroc Telecom, mais il semble y avoir un écart de plus en plus important entre les deux opérateurs. Cet écart trouverait plus son origine dans la consommation unitaire des clients que dans le nombre de clients de chaque opérateur. Alors que Maroc Telecom a pu réalisé un chiffre d'affaires de 27,5 milliards de DH, son premier concurrent Méditel, qui contrôle 34,5% du nombre d'abonnés mobile, n'a enregistré que 4,926 milliards de DH, soit une progression de 5% nettement moins importante que celle de Maroc Telecom. Pourquoi une telle différence ? La politique adoptée par le second opérateur, visant notamment à distribuer des cartes prépayées gratuites, a porté ses fruits. Puisque la base de clientèle du mobile s'est élargie de 28,9% pour atteindre 6,665 millions d'abonnés, avec 1,5 million de lignes supplémentaires. En revanche, une ligne Méditel ne consomme pas plus de 70 DH, enregistrant une baisse de 23% par rapport à 2006. Cela s'explique par l'importante expansion de la base clientèle, de la hausse de la proportion des clients générant un faible ARPU et de l'exacerbation de la concurrence, notamment suite à l'entrée du troisième opérateur. Pour sa part, le MOU (Minutes Of Use) s'effrite de 4,6%, s'élevant à 49 minutes à fin 2007. Il ne fait aucun doute que la concurrence se joue aujourd'hui entre Wana et Méditel et que si Méditel ne réagit pas, le troisième opérateur continuera à constituer une menace de plus en plus gênante pour la poursuite de sa croissance. Alors que Maroc Telecom risque de poursuivre tranquillement sa croissance.