80% des grandes entreprises étrangères installées au Maroc sont chapeautées par des directeurs généraux marocains. Ces hauts cadres sont dans la même fourchette de rémunération que leurs homologues Espagnols et Portugais. L es entreprises étrangères installées dans le Royaume, semblent prendre conscience de l'intérêt de favoriser le recrutement des hauts cadres marocains. « 80% de ces entreprises sont aujourd'hui dirigées par des marocains, et le pourcentage des cadres locaux dans leurs effectifs dépasse les 90%», confirme Essaid Bellal, directeur général du cabinet de conseil en ressources humaines Diorh. Il faut dire que cette tendance qui a pris de l'ampleur ces cinq dernières années, ne s'est pas limitée au marché national. Actuellement, «les multinationales commencent même à expatrier les hauts cadres marocains, notamment dans les pays de l'Afrique du Nord et l'Afrique Subsaharienne», développe notre expert en ressources humaines. Concrètement, il s'agit d'une nouvelle politique de gestion des ressources humaines qu'adoptent certaines entreprises étrangères ayant des implantations dans différents pays visant à développer des compétences partout dans le monde. «Le Maroc quant à lui, représente aujourd'hui l'un des bassins de développement de hauts cadres les plus réputés», déclare Bellal. Et d'ajouter, «le marché marocain de l'emploi offre des managers très talentueux, ayant effectué des études dans des universités internationales de grande renommée, et d'une expérience à l'international. Tout cela, à des packages de rémunération qui s'alignent généralement avec ceux demandés par les cadres espagnols et portugais». Pour rappel, les managers espagnols et portugais sont les plus sollicités sur le marché de l'emploi à l'international. Ils sont en effet, présents en force dans les filiales africaine et nord africaine des entreprises étrangères. Quel impact sur l'économie nationale ? «L'abondance des compétences sur le marché marocain ne peut que servir l'économie du pays», déclare d'emblée Hakim Abdelmoumen, président de l'Association Marocaine pour l'Industrie et le Commerce de l'Automobile (AMICA). Selon lui, le cas de l'industrie, et plus particulièrement celui de l'automobile, est très révélateur. Auparavant, le Maroc n'était qu'un centre de production pour la majorité des entreprises industrielles. Et pour cause, le pays n'avait pas de formations adaptées qui pouvaient répondre aux besoins de ces entreprises, tant pour les hauts cadres que pour les cadres opérationnels. C'est l'une des raisons qui a poussé l'AMICA à mener une bataille pour sensibiliser les industriels au potentiel des compétences marocaines, mais aussi pour trouver des solutions pour combler cette déficience en termes de ressources humaines. A cet effet, l'association a joué un rôle important dans la création de deux centres de formation dédiés aux métiers de l'automobile, à savoir celui de Tanger (déjà opérationnel) et celui de Casablanca qui ouvrira ses portes au cours de l'année. Pour rappel, «les premières retombées de ces actions menées par l'AMICA se sont traduites par une prise de conscience de la part des industriels. Ces derniers ont déjà commencé à faire confiance aux cadres marocains», confirme Hakim Abdelmoumen. L'AMICA veut aller plus loin. Elle a chargé les membres de la commission des ressources humaines et de la formation de lancer une étude portant sur ce sujet et qui sera publiée au mois de juin 2013. Car, pour le président de l'AMICA, «la promotion des compétences nationales est l'un des facteurs qui nous permettra d'améliorer le niveau de la valeur ajoutée de nos industries». En d'autres termes, c'est le moyen qui permettra au pays de passer d'une plateforme de production à un centre de décision.