« La finance verte, un levier pour relancer la croissance économique ? » C'est à ce défi qu'ont essayé de répondre les participants au webinaire organisé par l'Institut CDG, le 6 octobre 2020. Sans aucun doute, la question de l'environnement naturel, en particulier du climat, représente le principal défi mondial du 21ème siècle. Comment concilier rendement et durabilité. Voilà la question centrale à laquelle essaie de répondre l'économie verte. Le secteur financier public ou privé n'est pas neutre. Il peut agir et contribuer à éviter le pire. La « finance verte » intègre les nouveaux coûts générés par les nouvelles normes protectrices de l'environnement. En effet, la nouvelle conception tend à mettre en place une « finance durable et responsable », souligne Hamid Tawfiki, CEO de CDG Capital. C'est une finance orientée vers la réduction carbone, encourageant le recours à des énergies renouvelables, non polluantes, une finance favorable à l'adaptation, à la résilience et à l'atténuation. En mettant l'économie au service du climat, il est possible d'entamer la « transition climatique », explique Benoît Laguet, ingénieur Cloud à Capgemini. Lire aussi | Maroc : le GPPEM donne un avant-goût de l'événementiel à l'ère du Covid-19 Pour Bertrand Badre, ancien directeur financier de la Banque mondiale, la finance, depuis plusieurs années, aurait déjà entamé une « révolution silencieuse », en intégrant les normes adoptées dans l'Accord de Paris. Plusieurs règles prudentielles ont été adoptées et étendues au secteur financier public et privé. Actuellement, le Covid-19 a accéléré cette orientation face à l'urgence climatique. En effet, la crise sanitaire mondiale a surtout contribué à une prise de conscience commune des menaces du réchauffement climatique. Au Maroc, immédiatement après la COP 22, Bank Al-Maghrib a adopté une feuille de route du « verdissement du secteur financier », impliquant aussi l'Autorité des marchés qui a élaboré un guide dans ce sens, avec, de plus en plus, une obligation de description des engagements et de l'intégration des obligations d'évaluation d'impact des projets et des activités sur l'environnement. En effet, outre les engagements volontaires, de nouvelles règles et pratiques sont mises en place et développées : fonds verts, obligations vertes... La régulation par les pouvoirs publics ou « patte de l'ours » est parfois nécessaire, pour impulser l'orientation des flux financiers vers une économie bas carbone. Ainsi, au Maroc, la hausse de la température a aussi un impact macro-économique, à travers notamment la baisse des ressources hydriques, ce qui constitue une grande menace sur un secteur économique stratégique qu'est l'agriculture. Lire aussi | De la souveraineté populaire Actuellement, l'intégration des principes de l'économie verte est encore à ses débuts. Néanmoins, il existe une réelle détermination de la puissance publique, avec des engagements fermes. L'économie verte suppose une nouvelle réglementation et donc une intervention de l'Etat. Par ailleurs, une « union sacrée » peut être favorisée entre le public et le privé. D'après M. Mezouaghi, directeur de l'Agence française de développement au Maroc, le Royaume a pu atteindre, à fin 2019, le taux de 60% dans les « financements pro-climat ». Cela se vérifie concrètement à travers les matériaux utilisés, les infrastructures, le développement de l'énergie solaire... Le secteur privé est appelé à prendre le relai pour mieux concrétiser les engagements du Royaume vers une « économie bas carbone ».