Deutsch Welle (DW) a publié, ce dimanche 5 août, un reportage sur le cas d'Oum Aid et sa fille. Diagnostiquées séropositives, les deux femmes confient leur expérience avec la maladie. Oum Aid est issue de la région de Houara à Agadir et a contracté la maladie de son mari infidèle lorsqu'elle était enceinte. Elle a donc transmis le VIH à sa fille. Elles ont assumé la maladie et se sont battues pour une vie digne et indépendante. Oum Aid confie à DW que la société renie les femmes atteintes de sida. Elle explique que les femmes qui sont contaminées par leurs maris sont accusées de prostitution et adultère lorsque ces derniers décèdent. Elle a donc fait face à sa famille et à la société en déclarant sa maladie et celle de sa fille avant même le décès de son mari en 2004. « Pour protéger « la réputation de la famille », les proches du mari accusent généralement la femme. J'ai donc raconté à tout le monde ce qui m'était arrivé, alors que mon mari était toujours en vie » explique-t-elle. Grâce à l'aide de l'Association de lutte contre le sida, elle obtient deux diplômes après le décès de son mari, l'un en coiffure et l'autre en couture. Ces diplômes lui permettent de vivre dignement aujourd'hui, avec deux projets qu'elle affirme vouloir étendre. « J'ai grandi dans une famille conservatrice qui refusait l'accès à la scolarité aux filles, encore moins celui du travail. Mais après le décès de mon mari en 2004, je me suis retrouvée face à la nécessité de quitter la maison pour trouver un gagne-pain, j'avais aussi besoin d'indépendance » déclare-t-elle. Soumia, sa fille, âgée de 18 ans , s'est fait révélée sa maladie lorsqu'elle était encore enfant. Elle affirme que sa mère l'a beaucoup aidé pour accepter sa maladie. « Les gens devraient arrêter de traiter les séropositives de femmes aux mœurs légères. Est ce que je me suis prostituée moi? Je suis née avec ce virus! » s'exclame-t-elle. Les deux femmes expliquent que leurs cas n'est pas le seul et que beaucoup de femmes n'ont pas eu la chance qu'elles ont eu. C'est le cas de Majda (faux nom), qui s'est confié à DW sur son expérience après que son mari l'est contaminée. Après la révélation de sa maladie, sa famille l'a reniée. « Je vis dans une peur constante et n'arrive pas à mener une vie normale » avoue-t-elle « ma famille et celle de mon mari me blâment et m'accusent de prostitution. Je n'ai personne à mes cotés. » Maintenant elle craint que ça se sache dans son entourage, tout comme elle redoute d'annoncer à son fils de 7 ans qu'il est atteint du VIH. Il est à noter que de nombreuses femmes sont contaminées par leur mari. Pour rappel, une étude réalisée par le ministère de la Santé a révélé que 39% des Marocains atteints du virus du Sida sont des femmes. Selon une étude réalisée par le ministère de la Santé, et dont les résultats ont été relayés par le quotidien Al Massae dans sa parution du lundi 12 mars 2018, 39% des Marocains atteints du virus du Sida sont des femmes et que 70% des femmes portant le virus ont été contaminées par leur conjoint.