La Terre pourrait d'ici 2100 se réchauffer 15% de plus que la pire prédiction des experts de l'ONU, selon une étude publiée mercredi, qui souligne la nécessité de réduire encore plus les émissions de gaz à effet de serre pour espérer rester sous les 2°C. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), l'organe scientifique de référence sur le réchauffement, a publié en 2014 un éventail de scénarios prédisant le réchauffement climatique à la fin du XXIe siècle en fonction du volume d'émissions de gaz à effet de serre. Patrick Brown et Ken Caldeira, climatologues à l'Institut Carnegie de l'université de Stanford en Californie, estiment dans cette étude publiée dans la revue Nature, que « le réchauffement climatique sera probablement plus important » que les pires modèles du Giec. Pointant du doigt le degré d'incertitude des scénarios climatiques, ils notent que les modèles les plus pessimistes, qui supposent une augmentation des émissions de gaz à effet de serre tout au long du siècle, prévoient une augmentation des températures entre 3,2 et 5,9 degrés d'ici 2100 par rapport à la période pré-industrielle. Dans l'objectif de rétrécir cette large fourchette, l'étude introduit dans les modèles des données liées à l'observation par satellite de l'énergie solaire absorbée ou renvoyée par la Terre. Et elle « élimine la partie basse de cette fourchette », concluant que « le réchauffement le plus probable est d'environ 0,5°C plus important que ce que suggère le modèle brut » du Giec concerné, résume le communiqué de Carnegie. A ce stade, le monde a gagné près de 1°C, selon les scientifiques. Moins d'un degré qui a suffi à provoquer plus de précipitations, rétrécissement de la banquise, acidification des océans et augmentation de leur niveau moyen. « Nos résultats indiquent que parvenir à n'importe quel objectif de stabilisation de la température mondiale nécessitera des réductions plus importantes des émissions de gaz à effet de serre que celles précédemment calculées », écrivent les auteurs de l'étude. L'Accord de Paris de 2015 prévoit de limiter en deçà de +2°C la hausse moyenne de la température mondiale par rapport aux niveaux d'avant la Révolution industrielle, voire 1,5°C.