La diplomatie marocaine semble dormir sur ses lauriers depuis le retour triomphal du Maroc à l'Union Africaine, et ce qui est grave encore, elle donne l'impression de s'être déconnectée de ce qui se passe et qui se dit sur le royaume qui, en l'espace de quelques jours, a été visé, peuple et gouvernement. Tout d'abord par le député néerlandais d'extrême droite et anti-islam Geert Wilders qui, en guise de lancement samedi de sa campagne pour les législatives du mois de mars, s'est engagé à s'attaquer à «la racaille marocaine» dont il a dit vouloir débarrasser le pays pour «le rendre au peuple néerlandais». Ensuite par Ahmed Ouyahia , dirigeant du RND, deuxième parti le plus important en Algérie, par ailleurs, directeur de cabinet à la présidence. En effet, dans une interview accordée mardi 21 février, au quotidien El Khabar, Ouyahya a accusé des milieux en France et au Maroc de soutenir les mouvements autonomistes en Kabylie et dans le M'zab. « Les preuves existent. Je n'accuse pas le Palais présidentiel en France ou le Palais royal au Maroc, mais il y a des milieux dans ces pays qui tirent profit de la provocation des perturbations chez nous. Ce que je regrette est que mes compatriotes ont répondu à l'appel à la grève à Béjaïa sans connaître d'où il venait, de Sidi Bel Abbès, de Berlin ou du Danemark », a déclaré Ouyahia. Ces accusations, estime le site algérien « TSA », seraient en soi déjà particulièrement graves si elles avaient seulement été prononcées par le leader du deuxième plus grand parti de n'importe quel pays, comme c'est le cas du RND en Algérie. Elles deviennent encore plus retentissantes lorsqu'on prend en considération le fait qu'Ahmed Ouyahia est le directeur de cabinet de la présidence de la République, l'un des postes les plus sensibles du pouvoir exécutif. Ce genre de déclarations, prononcées par celui qui occupe une des fonctions les plus rapprochées du président de la République, devrait être de nature au minimum à bouleverser fondamentalement les relations diplomatiques avec les pays visés, estime encore TSA selon lequel, une crise diplomatique devrait être immédiatement au rendez-vous. Surtout qu'il est virtuellement impossible qu'un tel complot puisse s'opérer sans que ne soient au courant les plus hauts sommets des Etats visés. Pourtant, constate TSA, du côté de la France et du Maroc, aucune réaction officielle n'a pour l'instant été entendue. Si la France n'a pas encore réagi où ne va probablement pas le faire, pour épargner les relations entre les deux pays qui évoluent en dents de scie eu égard à leur passé commun, l'attitude du Maroc jusqu'à présent est, elle, surprenante et suscite des interrogations surtout que l'Algérie ne rate aucune occasion pour s'en prendre au Royaume, et réagit même à des commentaires de son agence la MAP, le cas de l'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles sur l'affaire de l'Accord agricole entre le royaume et l'UE. Si du coté de nos voisins de l'est, c'est du tac au tac à l'égard du royaume, chez nos diplomates c'est plutôt un silence radio qui va à l'encontre d'une diplomatie agressive qu'on aime claironner.