Il doit répondre d'un article publié sur le site de son parti insinuant que les autorités marocaines chercheraient à le liquider. Son bras de fer avec l'Etat prend une tournure particulièrement délicate. Au Maroc, on n'a pas encore fini de parler de Hamid Chabat. Cette fois-ci, il est visé par une enquête du ministère de l'Intérieur après la publication d'un article sur le site de son parti politique insinuant que les autorités marocaines voudraient sa mort. Jeudi 9 février, le ministère, dirigé par, Mohamed Hassad, a demandé au ministère de la Justice d'ouvrir une enquête contre le numéro 1 de l'Istiqlal. Selon le site arabophone Alyaoum24, celle-ci intervient à la suite d'un article publié mercredi 8 février sur le site web du parti et qui porte de graves accusations contre « l'Etat profond » qui veut « déstabiliser » Chabat et même « le faire disparaître comme ce fut le cas pour les victimes de l'Oued Cherrat ». C'est dans ce lieu situé pas loin de Bouznika, à 50 km au nord de Casablanca, que le militant socialiste, Ahmed Zaidi, et l'ancien bras droit de Abdelilah Benkirane, Mohamed Baha, avaient trouvé la mort à quelques semaines d'intervalle en 2014. Qui pour calmer Chabat ? » C'est une nouvelle terrible. Jamais notre parti n'a été autant traîné dans la boue « , souffle un ancien ministre de la formation nationaliste. Depuis sa bourde sur la Mauritanie, Hamid Chabat n'en finit pas d'attirer des problèmes à son parti. Jeudi 2 février, il a annoncé sa candidature à sa propre succession alors que les anciens dirigeants de l'Istiqlal, regroupés autour de M'hamed Boucetta, avaient demandé son départ dans « la dignité », l'accusant d'avoir souillé leur formation avec « son populisme et son insolence envers le pouvoir ». Celui qui a courbé l'échine devant ses collègues après sa bourde sur la Mauritanie, allant jusqu'à leur déléguer ses responsabilités administratives de secrétaire général, ne compte pas céder son fauteuil. « Je ne comprends plus rien. Ce monsieur a atteint le fond et il continue de creuser ! », renchérit, énervé, M'hamed El Khalifa, ancien ministre du parti. Un autre ténor de l'Istiqlal, Taoufiq Hejira qualifie l'intention de Chabat de garder son poste de « surréaliste ». Fin décembre, il a été traduit, lui et deux de ses collègues, en Conseil de discipline pour avoir défié le fauteur de troubles. « Depuis cette date, je ne le reconnais plus en tant que secrétaire général de l'Istiqlal. De ce fait, je ne me sens plus concerné par sa décision de me sanctionner », affirme-t-il dans un communiqué rendu public ce jeudi 9 février. Théorie du complot Face à ses détracteurs, Hamid Chabat, imperturbable, n'en finit pas de brandir la théorie du complot. Il s'estime visé par « l'Etat profond » qui cherche à le discréditer auprès des Istiqlaliens et à provoquer sa disgrâce par le sérail. « J'ai des informations selon lesquelles le conseiller royal, Taïeb Fassi Fihri, est derrière le communiqué du groupe des 38 qui m'a demandé de démissionner », a-t-il déclaré à France 24. Ancien ministre des Affaires étrangères, Taïeb Fassi Fihri fait partie d'une famille qui a longtemps régné sur le parti. Il est le beau frère de la députée istiqlalienne, Yasmina Baddou, visée, elle aussi, par une sanction disciplinaire déclenchée par Chabat. Le 31 janvier, il est sorti de son silence pour critiquer les propos « irresponsables » de l'imprévisible secrétaire général sur la Mauritanie et qui ont causé « de grands problèmes à la diplomatie marocaine ». L'origine de la fortune des Chabat Le feuilleton « chabatien » n'en finit pas, avec des révélations régulières. Dans son édition du 30 janvier, le quotidien arabophone Al Akhbar a publié une longue liste du patrimoine de la famille Chabat, accumulée entre 2008 et 2016. Des villas, des appartements, des terrains, des comptes à l'étranger… Le tout représentant la somme de 159 millions de dirhams (14,8 millions d'euros) selon le journal. Ce dernier signale en outre que le controversé secrétaire général aurait pris la précaution d'inscrire ces biens au nom de son épouse et de ses enfants, et qu'il posséderait la nationalité espagnole. « Ce sont des mensonges. Je n'ai aucun compte à l'étranger et je n'ai pas la nationalité espagnole », a rétorqué Hamid Chabat dans une vidéo postée sur le site de son parti. Il y assure qu'il ne possède qu'une seule maison, son domicile actuel, et un terrain de 2 hectares non immatriculé. Quand à sa femme et ses enfants, « les biens qui leur ont été attribués sont exagérés ».