Le tribunal de première instance de Berrechid (sud de Casablanca) a rendu, en jugement initial, sa décision dans l'une des affaires les plus poignantes qu'ait connues récemment le Maroc : celle de la petite Ghita, gravement atteinte à la suite d'un accident de roulage survenu sur la plage de Sidi Rahal. Lors de l'audience consacrée à la lecture du verdict, la formation correctionnelle a écarté l'accusation de modification des traces de l'accident, tout en retenant la culpabilité de l'accusé pour les autres infractions qui lui étaient reprochées. Elle l'a condamné à dix mois d'emprisonnement ferme et à une amende de 500 dirhams, après constatation qu'il avait engagé son véhicule dans les dunes littorales. Sur le plan civil, la juridiction a ordonné au condamné de verser à la victime une indemnité de 400 000 dirhams, tout en écartant la société d'assurances du dossier. Un délai de dix jours a été fixé pour l'éventuel dépôt d'un recours. Un rapport médical accablant L'instruction a connu un tournant décisif lorsque le tribunal a pris connaissance du rapport d'expertise médicale établi par le médecin expert assermenté, le docteur Noureddine Hilal, à la requête de la famille de l'enfant. Ce document atteste que la fillette, blessée le 15 juin, présentait une fracture de la partie antérieure droite de la voûte crânienne, provoquant une compression du lobe frontal et un hématome situé entre l'os et la dure-mère. Cette atteinte a nécessité une intervention chirurgicale d'urgence visant à restaurer la structure osseuse et à réduire la pression intracrânienne. Le rapport mentionne également de multiples lésions : plaie profonde du cuir chevelu, écorchures au visage et à la main, déchirure de la paupière droite ayant exigé une suture minutieuse, ainsi qu'une perte de conscience lors de son admission en clinique. L'expertise conclut à une incapacité totale temporaire de 120 jours et à une incapacité partielle permanente évaluée à 80 %, imposant à l'enfant une assistance constante dans sa vie quotidienne. Elle relève, en outre, l'apparition de troubles comportementaux, de crises de larmes imprévisibles, d'énurésie et de difficultés d'endormissement, rendant indispensable un suivi médical et psychologique prolongé, assorti de séances de rééducation motrice et cognitive.