Cinq pays africains s'apprêtent à accueillir les premiers jalons d'un vaste chantier technologique porté par Cassava Technologies et le géant américain Nvidia, pour un investissement pouvant atteindre 7,2 milliards de dollars. L'opération prévoit la création de plusieurs centres de calcul à haute performance dévolus à l'intelligence artificielle, dont l'un sera établi au Maroc. Née de la volonté affirmée de Cassava — entreprise fondée par l'entrepreneur zimbabwéen Strive Masiyiwa — de doter le continent de capacités numériques souveraines, cette coopération s'articule autour du déploiement de 12 000 processeurs graphiques (GPU) issus des ateliers de Nvidia, d'ici trois à quatre ans. Le premier lot, comprenant 3 000 unités, sera installé dès le mois de juin en Afrique du Sud. Les autres pays concernés — l'Egypte, le Nigeria et le Kenya — suivront progressivement, chacun appelé à héberger une part d'un réseau en étoile destiné à irriguer de puissance de calcul les universités, les laboratoires, les jeunes sociétés innovantes, mais aussi les secteurs de la santé, de la finance ou encore les administrations publiques. « Il ne saurait être question de dépendre indéfiniment des initiatives venues d'ailleurs. Nous devons engager nos propres ressources, aussi limitées soient-elles, si nous voulons que l'Afrique ne soit pas reléguée au second plan de la révolution numérique », a déclaré Hardy Pemhiwa, président-directeur général de Cassava Technologies. Le choix de Nvidia s'est imposé de lui-même, ajoute-t-il, en raison de la prééminence du groupe sur le marché mondial — sa part y avoisine 93 % — mais également en vertu de la possibilité d'intégrer ses installations au maillage global de clients de l'entreprise, en revendant les capacités de calcul non utilisées à d'autres utilisateurs de la plateforme cloud. Au-delà de l'édification de simples centres de données, ce que Cassava et Nvidia aspirent à bâtir s'apparente à une véritable fabrique de l'intelligence artificielle sur le continent : un environnement cohérent, capable de générer de la recherche, de former les talents et de soutenir la conception d'outils algorithmiques à finalité locale. Cette orientation contraste avec le recentrage opéré récemment par Microsoft, qui a suspendu plusieurs projets internationaux dans le domaine des infrastructures numériques.