Après deux décennies à la tête de la diplomatie djiboutienne, Mahmoud Ali Youssouf accède au poste de président de la Commission de l'Union africaine à l'issue d'un scrutin tenu samedi 15 février dans la capitale éthiopienne. Le haut responsable a obtenu l'adhésion requise des deux tiers des dirigeants du continent, s'imposant face à son principal adversaire, le Kényan Raila Odinga. Peu pressenti pour l'emporter, le diplomate de 59 ans a su imposer, avec discrétion et méthode, sa candidature face à des figures politiques plus en vue. Son élection marque la fin du mandat du Tchadien Moussa Faki Mahamat, qui occupait cette fonction depuis 2017. Ministre des Affaires étrangères depuis 2005, Mahmoud Ali Youssouf s'est illustré par une approche pragmatique des relations internationales, orchestrant la politique étrangère de Djibouti avec une constance rare sur la scène africaine. Artisan de l'influence grandissante de son pays dans la Corne de l'Afrique, il a cultivé des liens étroits avec les grandes puissances tout en œuvrant à la stabilité régionale. Son accession à la tête de la Commission de l'Union africaine intervient dans un contexte marqué par des tensions sécuritaires persistantes et des défis économiques croissants. Il lui reviendra de piloter l'action de l'organisation continentale, notamment sur les dossiers sensibles du Sahel, de la transition au Soudan et des tensions dans la région des Grands Lacs. L'élection de Mahmoud Ali Youssouf, saluée par ses pairs, consacre un diplomate de l'ombre dont la trajectoire témoigne de l'influence croissante des Etats de moindre envergure au sein des instances africaines.