Une semaine après le démarrage de la campagne pour les législatives du 7 octobre, la classe politique peine encore à trouver les mots d'ordre mobilisateurs des foules, à l'image du parti au pouvoir et de son leader et chef du gouvernement Abdelilah Benkirane. En effet, attendue avec impatience et beaucoup d'enthousiasme par les partisans du parti de la lampe, la sortie de leur leader dans la ville de Salé qu'il considère comme son fief, a été un fiasco retentissant eu égard au nombre de personnes venues voir Benkirane dans ses habits de chef du gouvernement. Une cinquantaine à peine de curieux, y compris les pjdistes, ont été voir la « marche », et les cameramen du parti ont dû recourir à la technique des images serrées de leur chef et de ses accompagnateurs pour donner sur YouTube un semblant d'ambiance de mobilisation et de fête. Dans plusieurs villes du royaume, les populations, selon des proches du PJD, reprochent au parti de la lampe de s'être détourné de leurs préoccupations et d'avoir clairement failli à ses promesses électorales de 2011. Si les candidats pjdistes clament à qui veut les entendre avoir rencontré des obstacles pour accomplir les réformes et vaincre le « tahakoum » (autoritarisme), le citoyen lambda, lui, juge l'action du gouvernement sortant par son incidence sur sa vie quotidienne, une vie qui durant le mandat Benkirane a connu des hausses exponentielles des prix des produits de base, un taux de chômage inquiétant, un endettement extérieur qui hypothèque l'avenir des générations futures, sans parvenir à améliorer le taux de croissance malgré des années agricoles favorables. En milieu de semaine, un des ténors du PJD, Driss El Azami El Idrissi, nouveau maire de la cité spirituelle et mandataire du parti à la circonscription électorale Fes-sud, a essuyé des jets de pierres de la part des habitants des quartiers « Louizat » et « Sebt El Ouard ». A El Hajeb, près de 140 personnes, canalisées par Aziz Rebbah, Khalid Boukrai et Houssa Azizi, 2ème sur la liste PJD à la circonscription d'El Hajeb), ont organisé une marche au niveau du boulevard Hassan II pour dénoncer le « tahakoum », ce à quoi des habitants ont répliqué « Benkirane dégage, El Hajeb ne t'appartient pas »! A Kenitra, fief présumé sûr d'Abdelaziz Rebbah, maire de la ville et ministre de l'équipement et des transports, les populations ne cachent pas leur aversion du parti de la justice et du développement et le verdict sera dur le 7 octobre à cause d'une gestion chaotiques des affaires de la cité et des multiples scandales qui l'ont émaillée. Aux mauvaises performances économiques et sociales du cabinet Benkirane, s'ajoutent les scandales d'ordre moral et financier qui ont éclaboussé le parti de la lampe et jeté le discrédit sur son chef. Sur ce registre, El Habib Choubani, l'ancien ministre et actuel président de la région Daraa-Tafilalet, concentre à lui seul les tares qui ont fait tomber le masque des islamistes marocains qui gouvernent. Sexe, gabegie, népotisme etc, Choubani a montré à la face des marocains le visage caché des islamistes, avant que ne lui emboîtent le pas le couple Moulay Omar Ba Hamad et Fatima Nejjar et d'autres pjdistes pris, un peu partout à travers le territoire national, en flagrant délit d'adultère, de trafic de drogue, d'ébriété avancée ou de détournement de deniers publics. Dans ce contexte, les adversaires du pjd, notamment le parti authenticité et modernité emmené par Ilyas El Omari et l'Istiqlal de Hamid Chabat, ne se font guère prier pour énumérer les contre-performances économiques et sociales et les scandales des islamistes. Mais, au lieu de défendre leur bilan, Benkirane et les siens attribuent leur échec, leurs malheurs et le rejet dont ils font l'objet de la part des populations au « tahakoum ». Un discours que les marocains ne veulent plus entendre. En effet, et c'est une règle universelle, le pouvoir use et la gestion de la chose publique est la première cause de l'érosion de la popularité. Avant les islamistes du pjd, les socialistes de l'usfp ont en fait les frais.